C’est la plus grosse attaque contre Israël depuis 4 ans. Plus de 200 roquettes et obus lancés par le Hamas et le Jihad islamique palestinien sur la population tout au long de la journée et de la nuit. Certains médias ont mis en avant les représailles israéliennes plutôt que les attaques qui les ont provoquées.
Ce n’était pas une journée ordinaire. L’attaque a commencé aux petites heures du matin. L’un des obus a atterri au milieu d’un jardin d’enfants, heureusement vide.
On ne parle pas d’un tir isolé, mais d’une pluie de projectiles : en tout, 216 roquettes et obus lancés tous azimuts vers les localités israéliennes, dont 77 atteignirent Israël (selon les chiffres fournis par l’armée israélienne et repris par l’ONU) :
Provoquant, bien sûr, une vigoureuse riposte israélienne contre des objectifs militaires dans la bande de Gaza (tel ce tunnel trans-frontalier à double fonction de contrebande avec l’Egypte et d’attaque contre Israël) :
Reuters respecte la chronologie
L’agence Reuters a été très claire sur les responsabilités :
À LA FRONTIÈRE GAZA-ISRAEL (Reuters) – Plusieurs dizaines d’obus de mortier et de roquettes ont été tirés en plusieurs salves mardi de la bande de Gaza en direction du sud d’Israël, la plus violente attaque de ce type depuis la guerre de 2014, a annoncé l’armée israélienne.
Elle a aussi précisé que trois soldats israéliens avaient été blessés par des éclats (à quoi il aurait fallu ajouter au moins un civil blessé à l’épaule par un éclat d’obus).
Titres AFP : impossible de savoir qui a attaqué
Si Reuters a montré que l’on pouvait restituer factuellement les événements, d’autres médias n’ont pas fait preuve de la même clarté.
A commencer par l’Agence France-Presse. Alors que Reuters ouvrait sa dépêche en parlant de « la plus violente attaque depuis 2014 », menée depuis la bande de Gaza, l’AFP préférait évoquer une « confrontation » : un terme neutre qui ne permet pas de savoir si l’un des protagonistes est responsable du conflit.
Le titre choisi par l’AFP, accompagné d’une photo de Gaza bombardée, brouille les pistes avec maestria.
La chronologie du titre, faussée, insinue qu’Israël a attaqué le premier. LA nouvelle de la journée était pourtant l’ouverture d’un front par les groupes palestiniens qui ont arrosé Israël de projectiles.
Mais la pratique est bien rodée : elle consiste à attendre la riposte israélienne pour en faire l’information principale et jeter ainsi l’opprobre sur Israël même quand il se défend. D’ailleurs, l’AFP a émis deux versions de sa dépêche : dans la première (« La bande de Gaza connaît sa confrontation la plus sévère depuis 2014 »), alors qu’Israël subissait déjà des tirs de roquettes, seul Gaza apparaissait comme théâtre des combats. Dès lors qu’Israël avait riposté, tout changea : les « raids israéliens » se retrouvèrent en tête du titre.
Une photo de Gaza bombardée renforçait l’impression que les violences avaient lieu à Gaza uniquement, comme si Israël n’avait pas reçu plus des dizaines de projectiles potentiellement mortels sur la tête, parfois à plus de 25 kilomètres à l’intérieur de son territoire (à ce sujet, Piotr Smolar, dans Le Monde, cite un responsable du Jihad islamique sans relever l’absurdité de ses propos : « Les tirs de mortier ne sont pas intelligents, on ne peut pas précisément savoir où ils tomberont. On n’a pas visé d’école. C’était une réaction défensive contre les snipers. » : ils ne sont vraiment pas intelligents, les tirs et ceux qui les initient, pour chercher des snipers à 25 kilomètres de la frontière).
On observera aussi l’imprécision qui conduit à désigner les attaques palestiniennes comme de simple « tirs », en opposition aux « raids » israéliens, pouvant laisser croire qu’Israël sort ses avions contre de modestes fusils, alors que les roquettes que les islamistes de Gaza envoient sur les habitants d’Israël, dont certaines ont certainement été fournies par l’Iran, sont des engins sophistiqués de plusieurs mètres de long. La lutte contre l’approvisionnement de ces engins est d’ailleurs l’une des raisons du blocus de Gaza tant décrié par les critiques d’Israël.
C’est ainsi que, même lorsqu’une offensive terroriste d’envergure est menée contre Israël par les islamistes de Gaza, qui n’ont jamais caché leur volonté de détruire l’Etat juif, on conditionne le public à penser que Gaza vit sous les bombes israéliennes. Avec tous les risques que cela implique en termes de fausses représentations du conflit en France.
Le Figaro gomme le contexte
La palme en la matière est revenue au Figaro et à l’article de Cyrille Louis, avec son titre qui exposait la conséquence sans la cause :
En apportant les explications nécessaires dans l’article, le correspondant du Figaro se livrait à d’étranges contorsions : « Ces raids ont été présentés comme une riposte au tir, peu après sept heures du matin, de vingt-huit obus de mortiers et de roquettes depuis l’enclave palestinienne. »
« …ont été présentés ». Comme si le doute existait quant au fait qu’Israël ait été attaqué.
La communauté internationale avec Israël
Toutes ces circonvolutions autour de la responsabilité de l’attaque masquent mal le fait que la communauté internationale (ONU, UE, Canada, France…) a bien désigné les Palestiniens comme responsables de l’attaque.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, souvent en phase avec les Palestiniens, a par exemple été très clair : « Israël a tout à fait le droit de se défendre contre ces attaques déplorables perpétrées par les groupes terroristes Hamas et Djihad islamique ».
Même le journaliste Charles Enderlin, peu sujet aux excès de complaisance envers Israël, a attribué sans équivoque la responsabilité aux groupes palestiniens.
Il était donc bien difficile de nier que le Hamas et le Jihad islamique avaient attaqué Israël. Restait donc une autre option, à laquelle une partie de la presse a également recouru : donner une faible exposition à ces événements. Le contraste était frappant avec la couverture hypertrophiée des « manifestations » à Gaza les semaines précédentes. Même si cela pourrait aussi s’expliquer par le reste de l’actualité, comme l’attentat de Liège ou la crise politique en Italie qui mobilisaient déjà l’attention.
Il faut ajouter que, grâce à l’efficacité du « Dôme de fer » israélien qui abat les roquettes en vol lorsqu’elles sont tirées en direction de zones peuplées (une action terroriste par excellence…), ainsi qu’à la précision des frappes israéliennes calculées pour ne pas causer de dommages mortels à Gaza, on n’a déploré aucun décès. Les dégâts matériels et les traumatismes subis par les enfants n’étaient donc peut-être tout simplement pas assez spectaculaires.
Source infoequitable.org