La censure sur Arte : c’était il y a un mois
En juin 2017, Arte a refusé de diffuser le documentaire « Élus et exclus – la haine des Juifs en Europe » que la chaîne avait pourtant co-produit. Devant le tollé, le journal allemand Bild décida de le diffuser, ce qui força Arte à le proposer à l’antenne – mais pas avant d’avoir pris les mesures inédites de :
- couper certains passages;
- diffuser des démentis en surimpression;
- accompagner le tout d’un site internet dédié de « fact-checking » remettant en cause le documentaire, en particulier les accusations portées contre des ONG anti-israéliennes financées par l’Europe ;
- et faire suivre l’émission d’un débat introduit par un responsable de la chaîne allemande WDR qui justifiait l’opposition des chaînes de télévision au reportage sans que les réalisateurs ne soient invités à répondre, avant que l’historien Michael Wolffsohn ne défende l’émission face à un panel hostile.
InfoEquitable a établi qu’il s’agissait pourtant d’une émission de grande qualité qui dénonçait, disions-nous, « les complicités actives des sociétés européennes jusqu’au plus haut niveau dans la montée de l’antisémitisme. Et si le tort de ce documentaire n’était pas, tout simplement, de renvoyer en miroir leur image à ses commanditaires ? »
Des activistes aux commandes
Le reportage diffusé sans autre par Arte un mois plus tard semble aller dans ce sens. Israël y est accusé de tous les maux : guerre (sans mention des attaques du Hamas sur les civils israéliens), coupures d’électricité (sans mention de la lutte entre le Fatah et le Hamas qui les provoque), blocus (sans mention de l’Egypte qui y prend part)… Les mensonges par omission sont nombreux mais le reportage est passé comme une lettre à la poste devant le comité éditorial d’Arte.
Avant de vous en proposer une critique détaillée, voici quelques mots sur l’auteur.
Don’t miss our media activism workshop tomorrow with @annepaq & Ala Qandil @TNSmediastudies @SJP_NewSchool https://t.co/ftj22DT6Ab
— Engage Media Lab (@EngageMediaLab) April 13, 2017
Anne Paq, l’auteur du reportage, participe à ActiveStills, un collectif de photographes qui appuie fidèlement les revendications de la « cause palestinienne » incompatibles avec l’existence d’Israël, en appelant à la fin de « l’occupation illégale et de la colonisation du territoire palestinien et syrien », à la suppression du « mur de séparation », à la fin de la « discrimination institutionnalisée contre les citoyens non juifs d’Israël », au « droit au retour », etc.
Comment attendre de l’information venant de quelqu’un qui voit son métier comme un outil au service d’une cause ?
Plus explicite encore, Anne Paq a régulièrement contribué pendant plusieurs années au site ElectronicIntifada, dont le nom est tout un programme ! Les articles à charges contre Israël qu’elle y a rédigés faisaient-ils vraiment d’elle une journaliste fiable aux yeux de la chaine franco-allemande si tatillonne sur le choix du casting du documentaire sur l’antisémitisme ?
Anne Paq collabore aussi avec « F.O.R.-Palestine », dont le nom est tout aussi dénué d’ambigüité : « For One State and Return in Palestine ». Des activistes se vantent par exemple sur ce site d’avoir bloqué une « Tel-Aviv Beach Party » devant l’ambassade d’Israël à Berlin. Anne Paq était sur place pour immortaliser les manifestants pro-palestiniens brandissant une banderole accusant Israël de génocide (ce qui n’empêchera pas le reportage de déplorer le « surpeuplement » de Gaza, en affirmant que 2 millions d’habitants s’y entassent : allez comprendre).