Livre : « Archéologie du judaïsme en France »
Quand nous parlons des archéologues, nous imaginons le plus souvent de jeunes personnes faisant des trous à la recherche d’objets remontant à l’Antiquité. Cet ouvrage rappelle que leur discipline est ouverte à la recherche de toutes les traces matérielles, indépendamment de leur datation et de leur nature.
De fait, les sources auxquelles a eu recours Paul Salmona sont très variées : textes, inventaires et manuscrits, épigraphie, topographie, toponymie (par exemple rue aux Juifs), bâtiments, etc. Et il déplore, dans un chapitre III curieusement placé, que l’histoire du judaïsme en France ait été négligée, jusque dans la célèbre collection de manuels historiques français de la première moitié du xxe siècle Malet et Isaac, dont l’un des directeurs – l’historien Jules Isaac – était de confession juive.
En France, les Juifs laissent peu de traces pour l’Antiquité. Leur histoire commence vraiment à partir du bas Moyen Âge, époque pour laquelle on découvre des cimetières, des synagogues et de nombreux toponymes. Pour parcourir les xvie-xviiie siècles plusieurs villes (Avignon, Bayonne et Lyon) et diverses régions (Aquitaine, Alsace et Lorraine) sont étudiées. Opprimée dans les siècles précédents, la population juive connaît une vraie émancipation à partir de 1791. Si l’affaire Dreyfus n’a pas beaucoup retenu l’attention de l’auteur, ce dernier donne davantage de détails sur la période de la Shoah, où il peut opposer l’attitude des habitants du Chambon-sur-Lignon à celle d’autres personnes qui ont permis les internements de Drancy et du Struthof. Avant de décrire le nouveau bouleversement que connaissent les Français juifs à l’arrivée de coreligionnaires du Maghreb.