Apporter un sacrifice à cause de la « Jaguar » de son copain…

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Autour de la table de Chabbath, n°430 Tsav

Cette semaine le fil de la paracha nous plongera dans un monde inconnu pour une bonne partie des lecteurs : il s’agit des Korbanoth/les sacrifices.

En effet, à la fin du 2ème Livre, le Mishkan (Temple) dans le désert est devenu opérationnel. Comme vous l’avez appris, le Mishkan est la Maison de Hachem et aussi l’endroit d’expiation des fautes. Certainement que ces deux phénomènes vont de paire : il ne peut y avoir résidence Divine sur terre lorsque la communauté est fautive. Donc, si par inadvertance un homme un peu éméché avant Pourim aurait préparé un œuf au plat le Chabbat dernier, alors il devait apporter un sacrifice (‘Hatath) au Mishkan pour obtenir le pardon de Hachem (si cela s’est fait par inadvertance). Seulement toutes les fautes n’ont pas la même gravité. Parfois on aura besoin d’un sacrifice ‘Hatath, d’un ‘Ola ou d’un Acham.

Notre section traite du cas d’un homme qui jure, par exemple, de ne pas fumer dans les trente jours à venir. Mais toujours à Pourim, il a eu un petit oubli et il prend une petite clop. Il a enfreint sa promesse. Dans ce cas, dès la sortie de Pourim il doit se rendre à Jérusalem avec une pièce de petit bétail (un mouton femelle) et l’offrir en guise de ‘Hatath (attention pour mes fins lecteurs, le ‘Hatath’ dont il s’agit n’est pas le volumineux siddour utilisé par nos amis les Loubavitch qui s’appelle aussi ‘Hatath – enfin, ‘Hitat, mais c’est le nom d’un sacrifice). Or, si notre fauteur est pauvre, le verset ordonne d’apporter deux tourterelles à la place du mouton (Vayikra 5/ 1-6). L’un prendra le statut de ‘Hatath et le second de ‘Ola (Ndlr : chaque sacrifice a son cérémonial distinct. Pour le ‘Hatath après la Melika, sorte de Che’hita opérée avec l’ongle du Cohen, le Cohen aspergera l’autel du sang de l’oiseau tandis que le ‘Ola est entièrement consumé sur l’autel sans faire d’aspersions, juste un Mitsouy, qui consiste à faire sortir un peu de sang du cou de l’oiseau.)

Le Ibn Ezra (sur place) demande pourquoi dans le cas où l’homme est pauvre il devait apporter deux sacrifices (le ‘Ola et le ‘Hatath) tandis que le riche n’apporte qu’un seul holocauste (le mouton/’Hatath) ? Il rapporte que le rav Yits’hak répond que le ‘Ola vient expier la faute qu’il a faite au niveau de sa pensée en apportant son sacrifice. Le rav Elimélekh Biderman Chlita explique que le pauvre en apportant les deux oiseaux se dira : Pourquoi Hachem a fait que je n’ai pas la possibilité financière d’apporter un mouton comme tous mes autres amis ? Pourquoi Hachem ne m’a pas fait riche comme tous ces autres pèlerins qui viennent avec leur mouton ? C’est à cause de telles pensées que la Tora l’obligera d’amener un 2ème sacrifice « ‘Ola » qui est entièrement consumé et qui vient expier les fautes du domaine de sa pensée.

Sur ce, rajoute le Rav Biderman d’une manière générale, Hachem ne punit que lorsque l’on passe aux (mauvais) actes. La pensée même fautive n’est pas punissable. Seulement il existe une exception ; c’est le cas de la ‘Avoda Zara, culte idolâtre. Si par exemple un homme a une irrésistible envie de se rendre dimanche à la cathédrale de Chartres pour se confesser (Hachem Yichmor) ou de se rendre à Katmandou pour servir de tout son cœur (et surtout de son porte-monnaie) le dernier grand gourou des Indes, alors viendra le jour béni où cette âme perdue comprendra l’absurdité de son action (peut-être qu’il faudra auparavant lui envoyer votre bulletin préféré « Autour de la magnifique Table du Chabbath » sur son smartphone s’il est toujours en fonction…) et lorsque le Temple de Jérusalem sera reconstruit il apportera un sacrifice ‘Ola (pour toutes les mauvaises pensées des dernières années). Dans le même registre, explique le rav, si un homme qui se lamente de son sort en maudissant le jour où il est né, dit : pourquoi Hachem m’a fait si pauvre alors que j’ai un ancien très bon copain qui roule en Jaguar ? C’est vraiment injuste ! Ce manque de Emouna / foi (à savoir ce qui nous arrive c’est pour notre plus grand bien), c’est une manière de dire à Hachem qu’Il s’est trompé dans la création du monde. Il aurait dû me faire naître sous le signe d’une autre étoile. A cause de cela, il devra amener un sacrifice « Ola ».

Et finalement conclue le rav, toutes ces mauvaises pensées proviennent aussi d’un manque de jugeote. A savoir que les Sages de mémoire bénie enseignent : « Tout ce que fait Hachem c’est pour le bien » (voir Ch. Arouh 222.2). Mieux encore : le manque c’est aussi pour notre bien. Seulement l’homme a une vision très réduite et ne voit pas le grand tableau (triptyque) dans son ensemble. Ce n’est que Hachem qui connait parfaitement notre bien ultime. C’est aussi ce qu’écrit le Roch dans Or’hot Tsadikim (Ot 69) : « Accepte et apprécie ce que désire ton Créateur« .

Vaste programme !

Des sucettes qui valent chères…

Dans le même esprit je vous rapporte ce magnifique sippour (ces histoires véridiques sont glanées, grâce aux mérites de mes lecteurs, et sont diffusées dans différents bulletins en Erets… »Hikou Mamtakim ou Kol haalonim). Cette fois c’est toujours le rav Biderman qui rajoute cette véritable histoire (je vous conseille vivement de vous procurer les cours audio ou vidéo du rav Elimélekh Biderman chlita qui sont diffusés sur le net).

Notre sippour remonte à près d’un siècle dans la grande métropole de New York. Le rav Chraga Feivel Mendelovitch zatsal (le nom est assez folklorique pour la majorité de mes lecteurs sefarades, mais ce n’est pas grave, c’était un grand Tsadik) était à l’époque le fondateur des institutions de Tora en Amérique « Tora vedaat ». A ses débuts, le rav réunissait des jeunes élèves pour leur enseigner les rudiments de la Tora et les faire avancer jusqu’au Talmud Tora. A côté de l’habitation du rav, se trouvait une famille juive qui faisait partie des communautés pratiquantes d’Europe Centrale dans un lointain passé. Mais, en arrivant au pays où l’or coule dans la rue, cette famille avait abandonné (Hachem Yichmor) la pratique. Parmi leur descendance il y avait un jeune garçon qui jouait avec les copains religieux du quartier. Le rav Chraga se rendit compte de la situation, et profita de ces rencontres pour discuter avec le jeune Moché et lui dire que cela valait le coût de venir apprendre dans l’école juive de son quartier plutôt que d’aller sur les bancs de l’école laïque américaine. Là-bas il serait heureux de retrouver ses copains de jeux dans la même classe et son avenir serait prometteur (et j’espère que parmi mon public il n’y ait pas de voix en sourdine ou non disant : « Tiens, les religieux agissent comme les sectes et autres groupes qui influencent les jeunes âmes ». A vous de comprendre la grande différence entre le monde de la Tora et (lehavdil) le reste des groupuscules. En final le jeune accepta. En rentrant à la maison il annonça à ses parents que dorénavant il étudiera la Tora à Tora vedaat. Les parents le verront d’un très mauvais œil (peut-être faisaient-ils parti des premiers pionniers de la gauche israélienne à New York ou des courants réformés). Ils feront tout pour l’en dissuader. Seulement le fils restera sur sa décision, et les parents se plièrent à sa volonté malgré eux.

Le rav Chraga, directeur du Talmud Tora, avait l’habitude d’interroger les enfants une fois par mois pour connaître leur niveau d’apprentissage. Pour cela, il donnait à chaque enfant en contrepartie une sucrerie (à l’époque la vie à New York était très difficile, et les friandises étaient une denrée rare). Lors de l’interrogation mensuelle chaque élève de la classe avait droit à sa friandise. Une fois, le rav Chraga interrogea les élèves de la classe et chacun eut droit à sa friandise, sauf le jeune Moché, car le rav n’avait plus de friandise à lui offrir. Il s’excusa et lui demanda de venir le lendemain à son bureau pour recevoir son dû. Seulement Moché était honteux d’aller le voir tandis que le rav oublia entièrement l’épisode.

Après quelques temps Moché raconta à ses parents qu’il n’avait pas reçu la sucrerie promise. Les parents, toujours un peu gauchiste, lui dirent : « Tu vois on t’avait dit de ne pas aller dans cette école »… Seulement le jeune résista, et continua son ascension dans la Tora et la pratique. Finalement, il fondera une belle famille investie dans la communauté.

Âgé de 52 ans, notre ancien élève de Tora vedaat sera frappé par un terrible infarctus et sera envoyé illico dans les services d’urgence d’un hôpital de la ville. Les médecins l’ausculteront et informeront sa famille de la situation désespérée : leur père ne pourra pas survivre à ce terrible infarctus, il n’a que quelques heures à vivre… La famille se prépara au pire et se réunit auprès du père. Mais, l’inexplicable arriva après quelques heures : le père ouvrit les yeux et se leva tout seul de son lit comme si de rien n’était, il était en pleine forme ! Il dit : « Je viens de voir dans mon lit de malade la vision de mon ancien maître le rav Chraga Mendelovitch zatsal. Il m’a dit : J‘ai reçu la permission du Beth Din d’en haut de venir te dédommager pour la sucrerie que tu n’as pas reçue il y a 40 ans auparavant ! (Seulement que représente une sucette pour un homme de 52 ans ?). Donc il a été décidé de t’octroyer 15 années supplémentaires en compensation de ce que tu n’as pas reçu ».

Fin de l’histoire véritable.

Le rav Fichel Chlita de New York (qui a rapporté cette histoire) apprend de là une grande leçon de Emouna. Que toutes les pertes et manquement dans la vie ne sont pas de vraies pertes. De plus, on aura compris combien c’était rétroactivement très positif que notre petit garçon n’ait pas reçue la sucette. Grace à cela il a eu droit, 40 années plus tard, à un surplus de vie. Cela vaut bien plus qu’une sucrerie à 2 dollars, n’est-ce pas ?… A cogiter

Chabbath Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.   

David Gold tél : 00972 55 677 84 47 e-mail dbgo36@gmail.com

Une bénédiction à Arielle bath Rachel de bonne santé et de renforcement dans la pratique de la Tora

Zivoug Hagoun pour Rivka bath Ariéla  (famille Marek-Elad)

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