Son grand père vénéré comme un héros dans sa famille et dans son pays était un criminel nazi qui a assassiné 14 000 Juifs.
« Quand j’ai découvert la vérité, j’ai failli m’évanouir. » Son enquête personnelle, sa lutte pour rétablir la vérité sur son grand-père et le message aux Israéliens : regardez l’interview
Depuis sa naissance, Sylvia Poti savait que son grand-père était un héros, un héros en Lituanie.
Jonas Nuricka était un officier de l’armée, son nom a été donné à des musées, à des places et à des rues. Sur son lit de mort, sa mère lui a fait une dernière demande – écrire un livre sur son grand-père.
«Dès l’enfance, j’ai vu ma mère rassembler des documents, des coupures de journaux à son sujet», explique Sylvia Potty dans une interview à Chicago. « Quand elle a dit que je devrais écrire le livre, j’ai compris ce qu’elle voulait dire. »
Lorsque sa mère est décédée, Sylvia est partie avec son frère pour enterrer leur mère dans son pays natal et a également commencé sa mission pour perpétuer le souvenir de ce grand-père vénéré.
« Nous avons été invités à visiter l’école de notre grand-père », se souvient Sylvia
« Nous avons été accueilli par les enfants avec des fleurs. Puis le directeur m’a emmené, avec mon frère, dans son bureau et a dit: ‘Vous savez, j’ai reçu beaucoup de critiques concernant votre grand-père à cause de ce que les Juifs ont dit sur lui ‘ J’ai demandé ‘que pouvaient dire les Juifs à propos de mon grand-père?’ Et il m’a répondu qu’il était accusé d’avoir tué des Juifs. «
« J’ai vu sa haine des Juifs »
« Quand il m’a dit ces derniers mots j’avais failli m’évanouir » se souvient-elle aujourd’hui.
«J’ai essayé d’ignorer la vérité, honnêtement j’ai essayé, je voulais tout nier et j’ai pensé que je pourrais nettoyer son nom prouver que cette rumeur était fausse. Car dans toute l’Europe, c’est terrible,mais je n’en ai jamais entendu parler, c’était donc forcément un mensonge »
Elle a plongé dans l’histoire familiale, les archives, les recherches approfondies et de plus en plus de preuves inquiétantes commençaient à s’accumuler.
« Un des premiers témoignages est un journal qu’il a écrit à l’âge de 22 ans, intitulé ‘Lituanien, lève la tête’ c’était une pamphlet contre les Juifs », explique-t-elle. « C’était mon premier indice. Il n’a rien écrit sur le meurtre de Juifs, mais j’ai vu sa haine.«
Sylvia est retournée en Lituanie avec un guide juif pour les voyages sur l’Holocauste, et lui a expliqué: « Je ne viens pas en tant que descendant des victimes mais probablement en tant que descendant des meurtriers. »
« Je remarque des hommages en l’honneur de mon grand-père et de l’école qui porte le nom de mon grand-père, et je remarque également cette effroyable ignorance, à savoir, que des Juifs ont été enterrés à cause de lui. Nous pensons que mon grand-père a également joué un rôle dans le meurtre de ses proches« , dit-elle
« Il est temps que l’État reconnaisse son crime »
Interrogée sur l’ampleur des meurtres dont son grand-père était responsable, elle a répondu: « Je ne connais pas le nombre exact, mais je suppose environ 14 000 Juifs. Je me sens mal à ce sujet, c’est une profonde honte. Et il est temps que ce soit reconnu coupable. »
Du fait qu’elle a publié beaucoup de choses en Lituanie, tout comme des membres de sa famille, elle est considérée comme une traître mais elle n’a pas peur. Elle demande au tribunal lituanien de déclarer officiellement que le « célèbre héros » n’est rien de plus qu’un criminel nazi et agit pour enlever toute trace de sa commémoration.
« Je ne me considère pas, moi-même, comme un héroïne. Pour moi, les héros sont ceux qui sont morts en Lituanie, qui n’ont rien fait d’autre que d’être nés juifs« , conclut-elle. Lorsqu’on lui a demandé quel était son message aux Israéliens, elle a malheureusement répondu: « Je suis désolée. Je ne sais pas quoi dire d’autre ».
