Ou l’art de la tartufferie
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Vincent Peillon (notre photo) était l’invité d’Akadem1 pour présenter la réédition du livre de Pierre Leroux2 : D’une démocratie nationale ou du culte, précédé d’une dédicace « Une démocratie religieuse », de l’ancien ministre de l’Éducation Nationale.
Le journaliste Ruben Honigmann l’interviewait.
L’émission se déroulait en quatre parties :
- Pierre Leroux, prophète oublié
- Pour une religion nationale
- Les inquisiteurs de la laïcité
- Le mosaïsme est un socialisme
On est surpris, au premier abord, de cet engouement pour le religieux, quand on sait que l’ex-ministre de l’Éducation nationale, sous le quinquennat de François Hollande, n’avait pas ménagé sa peine pour affirmer que :
« l’école n’a de valeurs que socialistes et républicaines. »
C’est pourquoi, du temps où il était ministre, il parlait de « refondation de l’école »3, allant jusqu’à prétendre que la Révolution française n’était pas terminée ! Toutefois, s’il trouvait que les élèves « doivent être émancipés de la tutelle des parents », il n’en appelait pas encore à une République religieuse. Cette foi nouvelle semble vouloir réinterpréter la loi de 1905, qui ne posait aucun problème, jusqu’à sa remise en cause, il faut le dire, par l’arrivée d’une nouvelle religion en France : l’islam pour ne pas la nommer !
Soudain, alors que l’islam se montre chaque jour plus visible, plus exigeant, notamment en matière de revendication de la loi islamique, sous toutes ses formes, Vincent Peillon se convertit (et veut convertir le pays) à la nécessité du religieux, balayant au passage, le problème du burkini comme étant « anecdotique ». Mais soyons rassurés, il ne s’agit aucunement d’un retour au christianisme, fondement religieux et spirituel de la civilisation française et honni de la gauche en général, au nom d’une laïcité rigoureuse afin d’arracher les jeunes élèves à l’emprise de l’Église et des congrégations.
Vincent Peillon, en nouveau converti, déclare :
« une société ne peut se passer de religion, le croire est une absurde chimère. »
Puis de constater que nous vivons dans une société égoïste, individualiste où l’argent est roi et le consumérisme triomphant. Un scoop ! Pour lui, la religion est avant tout fraternité. C’est cette fraternité qui doit faire lien. Et il ajoute cet étrange propos :
« Il ne faut pas se faire avoir par la séparation entre le spirituel et le temporel. »
Voilà une autre pierre dans le jardin du christianisme qui sépare la loi des hommes de celle de D’. « Rendez à César ce qui est à César, et à D’ ce qui est à D’ »4.
À qui profite ce rejet du christianisme ?
Je vous le donne en mille : à l’islam bien sûr !
En faisant référence à la fraternité comme élément essentiel du religieux, Vincent Peillon nous appelle à la tolérance à l’égard des musulmans qui, présents sur notre sol, nous en donnent, eux, un exemple indiscutable… Le religieux est important, il doit faire lien et l’État ne saurait être neutre, car il doit « enseigner et éduquer ». Nous retrouvons là aussi, la défiance socialiste à l’égard des parents qui seraient incapables d’éduquer leurs enfants car, par égoïsme de classe, ils cherchent le meilleur pour eux en matière d’éducation.5 Et de citer Ferdinand Buisson :
« l’école laïque c’est l’école où D’ est partout. »
La laïcité revisitée
Selon V. Peillon, « la laïcité n’est pas anti-religieuse », ce qui est vrai, mais la religion de chacun doit se cantonner à la sphère privée. Or nous constatons que l’islam affiche depuis des décennies une volonté de s’affirmer dans la sphère publique, de façon de plus en plus ostentatoire, par le voile pour les femmes et le qamis pour les hommes. À l’école, les enseignants constatent que de plus en plus d’élèves musulmans enfreignent la neutralité vestimentaire qui était de mise avant l’arrivée massive de populations musulmanes6.
Or, nous dit V. Peillon,
« on nous a vendu une laïcité laïcarde », (donc intolérante).
Et de nous rappeler qu’il avait écrit, en tant que ministre de l’Éducation, une charte de la laïcité en veillant à ce que celle-ci respectât tout le monde. Entendez, qu’elle respecte les musulmans !
Il critique le précédent Ministre, Jean-Michel Blanquer qui, selon lui, a outrepassé ses prérogatives, car il a confondu laïcité et anti religion, et a organisé un colloque contre « l’islamo gauchisme », ce qui, selon lui ne relève pas de la neutralité que doit s’imposer un ministre. (Rappelons par ailleurs que l’islamo-gauchisme a construit son fonds de commerce sur le soutien à l’islam – qui serait persécuté – et qui ferait des Palestiniens un peuple spolié de sa terre par les méchants sionistes !)
Et l’on n’ignore pas que Vincent Peillon est la « neutralité » incarnée, lui qui écrivait :
« Et donc l’école a un rôle fondamental puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qu’opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi.7»
En somme les parents doivent se dépouiller de leurs prérogatives naturelles et livrer leurs enfants à la Sainte Église républicaine. On sait où mène ce discours : il s’agit non pas de transmettre des connaissances, mais de confisquer ce qui revient aux parents, pour faire des élèves les sujets d’une idéologie totalitaire dont on a vu l’apothéose sous la Chine de Mao !
« Il faut organiser religieusement la société laïque »
Par un tour de passe-passe audacieux, Vincent Peillon, converti à « Une religion pour la République », nous en montre la nécessité et les bienfaits en rappelant Robespierre, inventeur du «culte suprême ». Culte qui mourut, du reste, en même temps que lui sur l’échafaud !
Parlant du vide spirituel en France (ce qu’on ne saurait contester !), Vincent Peillon nous redit que la laïcité n’est pas antireligieuse et c’est pourquoi il faut garantir aux musulmans la liberté de culte ! Pour les Juifs et les Chrétiens cela semble tellement acquis qu’il est inutile d’en parler. Que Juifs et Chrétiens soient la cible des « malades mentaux » de l’islam ne semble pas le préoccuper, même s’il met ces assassinats sur le compte de « l’islam politique radical ».
Retour aux sources du judaïsme : le mosaïsme est un socialisme
Ruben Honigmann rappelle à Vincent Peillon qu’il est Juif, originaire d’une longue lignée de Juifs alsaciens.
Or, pour le philosophe, la loi mosaïque est à la base de la modernité politique : elle est imprégnée de justice sociale ; le cosmopolitisme est un rapport d’ouverture à l’étranger, et la modernité politique, soit trois points importants de la démocratie qui se trouvent dans la Bible hébraïque.
De plus, il nous rappelle que la création de l’État d’Israël a été l’œuvre de socialistes.
Cette vision nous donne à croire que le socialisme fait partie intégrante de la Bible hébraïque. C’est aller un peu vite en besogne ! En effet, il faut lire à ce sujet : « La Rédemption sociale » Éléments de philosophie sociale de la Bible hébraïque de Vladimir Zeev Jabotinsky (traduit et présenté par Pierre Lurçat8).
Selon Jabotinsky, c’est à l’homme de compléter l’inachevé de la création :
« D’ a certes créé le monde tel qu’il est, mais que l’homme se garde bien de se satisfaire que le monde reste toujours ‘’tel qu’il est’’ – car il est tenu de s’efforcer à tout moment de le perfectionner… car si D’ y a laissé de si nombreuses lacunes – c’est précisément pour que l’homme lutte et aspire à la ‘’réparation du monde’’ ».
Et Pierre Lurçat de commenter :
« Le Tikkoun Olam vu par Jabotinski trouve son application dans l’impératif de combattre la pauvreté, qui est à ses yeux non pas tant un mal inévitable qu’un mal inutile, qu’il incombe de faire disparaître en ‘’réparant » le monde’’. »
Vladimir Zeev Jabotinsky n’était pas socialiste (et c’est sans doute pourquoi il n’est pas cité par Vincent Peillon !) mais il avait une conscience aiguë de la nécessité de réparer les imperfections de la création, afin que l’homme fût partie prenante dans l’amélioration de la condition humaine. Il en va de sa responsabilité morale.
Résumant la pensée de Jabotinsky, Pierre Lurçat écrit :
« Jabotinsky a en effet posé les fondements, trouvés dans la Bible, d’une ‘’troisième’’ voie économique qui allierait liberté individuelle et protection sociale, interventionnisme étatique pour assurer les besoins fondamentaux de l’individu et retrait de l’État pour préserver l’initiative et la liberté d’entreprise. »
On le voit, rien de socialiste ! Mais Vincent Peillon ne conçoit le monde que socialiste. Il ne cite que des écrivains de la même famille de pensée, rappelle le premier sioniste qu’était Moses Hess en omettant de préciser qu’il était un fervent marxiste. Le monde ne peut être que socialiste et D’ doit l’être aussi ! L’impasse faite sur d’autres familles de pensée est sidérante et donne un aperçu de son respect de la pluralité des idées !
Vladimir Zeev Jabotinsky explique ainsi son détachement du socialisme :
« J’ai conservé la croyance en la justesse du régime socialiste, qu’ils ont semée dans mon cœur, comme quelque chose allant de soi, jusqu’à ce qu’elle soit détruite de fond en comble par l’expérience rouge en Russie. »
Pour lui, l’épreuve de la réalité compte avant tout. On ne peut en dire autant de Vincent Peillon qui fait partie de ces apparatchiks qui se rangent dans le camp du Bien, puisque pour eux le monde est définitivement clivé : les bons et les méchants, les libérateurs et les oppresseurs !
En conclusion, on peut dire que pour Vincent Peillon, la seule religion qui soit est celle de la gauche : celle des droits de l’homme, notamment. Or, comme l’écrit avec justesse Michel Geoffroy dans son livre « Le crépuscule des Lumières 9» :
« … l’inflation des droits caractérise la modernité occidentale. Mais cette avalanche n’est pas neutre : elle détruit les libertés réelles. »
Et c’est bien ce que nous observons, depuis des décennies. La laïcité ayant fait son temps, l’État, au nom des droits de l’homme, est amené à répondre toujours davantage, entre autres, aux exigences « religieuses » des musulmans, car leur nombre croissant joue en leur faveur. Nous l’observons du reste avec la construction ininterrompue de mosquées, avec les signes ostentatoires religieux toujours plus prégnants dans l’espace public et au sein de l’école, avec les attentats meurtriers contre les Juifs, les Chrétiens et les « kouffars » (hérétiques). Mais cela ne semble pas affoler Vincent Peillon outre mesure ! Il feint d’ignorer que l’islam ne tolère ni le christianisme, ni le judaïsme, ni les mécréants… Le Coran en atteste pourtant ! Comme le disait le criminel Salah Abdeslam dès l’ouverture de son procès pour les attentats du 13 novembre 2015 :
« Je tiens d’abord à témoigner qu’il n’y a pas de divinité autre qu’Allah, et Mohammed est son messager. »
Tout est dit !
Évelyne Tschirhart, MABATIM.INFO
2 Pierre Leroux 1797-1871 : « D’une religion Nationale ou du culte » éditions le Bord de l’eau. Préface de Vincent Peillon.
3 Voir Évelyne Tschirhart : « L’école du désastre » Éditions de Paris Max Chaleil 2018
4 « Rendez à César ce qui est à César, et à D’ ce qui est à D’ ». Cette phrase se trouve dans les trois Évangiles synoptiques : Marc 12,17, Matthieu 22,21 et Luc 20,25.
5 Voir le chapitre de mon livre : « Cause du retard de la France : les parents ! » page 18.
6 Port des tenues religieuses à l’école : quelle est la réalité ? Sabine de Villeroché, 23 juin 2022, Boulevard Voltaire.
7 Voir « L’école du désastre » Évelyne Tschirhart – éditions de Paris Max Chaleil.
8 Bibliothèque sioniste
9 Michel Geoffroy : Le crépuscule des Lumières Via Romana 2021