L’édition commentée de Mein Kampf d’Adolf Hitler, ouvrage publié en Allemagne en janvier 2016 pour la première fois depuis 1945, s’est imposée comme un succès en librairie avec 85.000 exemplaires écoulés, a indiqué mardi son éditeur.
L’Institut d’histoire contemporaine (IfZ) de Munich, qui avait tiré tout d’abord 4.000 exemplaires, en est à sa sixième édition en un an.
Le texte original d’Hitler a été assorti de 3.500 notes historiques explicatives afin d’éviter son utilisation à des fins de propagande nazie, mais des critiques s’inquiétaient néanmoins de la sortie de ce livre en deux tomes totalisant quelque 2.000 pages.
« Il s’avère que la peur que cette publication permette la promotion de l’idéologie d’Hitler s’est avérée infondée », s’est félicité dans un communiqué le directeur de l’IfZ, Andreas Wirsching.
Selon les données collectées par l’Institut, les acheteurs de cette réédition sont principalement « des consommateurs intéressés par l’Histoire et la politique ainsi que des professionnels de l’enseignement ».
« Le débat sur la vision du monde d’Hitler et son approche de la propagande a permis de traiter des causes et conséquences des idéologies totalitaires à une époque où l’autoritarisme et les idées d’extrême droite gagnent du terrain », a-t-il ajouté.
Tobias Schwarz (AFP)
L’Allemagne, en raison de l’afflux de plus d’un million de migrants depuis 2015 et d’attentats islamistes, connaît un essor sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale d’un parti populiste de droite, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD).
Les droits du seul livre jamais écrit par le dictateur nazi, en 1924 et 1925 alors qu’il croupissait en prison après un putsch manqué, sont tombés le 1er janvier 2016 dans le domaine public après avoir été détenus depuis 1945 par l’Etat régional de Bavière.
C’est en prévision de cette expiration que l’édition commentée a été lancée.
Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, la Bavière s’opposait à la réédition de « Mein Kampf » même si le livre n’est pas interdit en tant que tel. Des éditions originales peuvent ainsi se trouver chez certains antiquaires ou sur internet.
Les autorités allemandes veulent toutefois toujours poursuivre en justice ceux qui chercheraient à éditer le brûlot sans commentaires.
L’ouvrage détaille largement la haine des Juifs de son auteur qui mena à la Shoah, et milite pour l’élargissement de « l’espace vital » des Allemands (Lebensraum) par la conquête.