Un an après l’agression d’un enseignant juif à Marseille, la communauté n’est pas «rassurée»

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INTERVIEW – Pour Michel Cohen-Tenouji, président du consistoire israélite de Marseille, les juifs de Marseille se sentent toujours menacés par le djihadisme. Le lycéen radicalisé qui a tenté d’assassiner un professeur est jugé mercredi et jeudi.

Un lycéen radicalisé est jugé mercredi et jeudi à Paris pour avoir tenté d’assassiner un enseignant juif en janvier 2016 à Marseille. Cette attaque à la machette avait suscité l’inquiétude, mais aussi une polémique après un appel à ne pas porter la kippa dans la rue. Michel Cohen-Tenouji, président du consistoire israélite de Marseille, fait le point, un an après.

LE FIGARO.- Comment a évolué le climat dans la communauté juive de Marseille, depuis la tentative de meurtre, l’an dernier, d’un professeur pour la seule raison qu’il était juif?

Michel COHEN-TENOUJI.– Le climat semble s’être un peu apaisé mais c’est une accalmie de façade car les problèmes ne sont pas résolus. Le djihadisme est toujours présent et nous menace toujours.

Au niveau des incivilités, des actes non meurtriers, il semble qu’il y ait une accalmie mais ce n’est pas probant car nous subissons la double peine, attaqués en tant que français et en tant que juifs. Nous ne sommes pas rassurés. Personne ne peut l’être. Quand on écoute les membres de la communauté, on se rend compte qu’elle subit toujours au quotidien des insultes, des crachats, des actes antisémites. L’antisémitisme est toujours vivace. La bête immonde est toujours vivante.

Votre prédécesseur avait recommandé à la communauté de ne plus porter la kippa. Cela avait été diversement reçu. Qu’en pensez-vous, avec le recul?

À l’époque, le président du consistoire de Marseille avait fait cette recommandation car il s’agissait de sauver nos vies. C’était une réaction à une situation émotionnelle. Pour nous, se couvrir la tête est un acte important dans notre religion. Il est sans doute préférable pour les enfants de porter plutôt une casquette dans un contexte dangereux. Mais pour les adultes, il n’est pas souhaitable de reculer. Il y aura d’autres critères retenus. Ce n’est pas la solution au problème. D’ailleurs, à Marseille, la communauté observante n’a pas changé ses habitudes. C’est bien comme cela. Le problème est la situation exceptionnelle que nous vivons depuis dix ans, cette radicalisation qui amène à des meurtres et pour laquelle on ne voit pas de solution.

Comment ont évolué les relations entre les communautés juive et musulmane à Marseille?

Les relations sont bonnes car il y a une structure, Marseille Espérance, où les dignitaires de toutes les religions se rencontrent régulièrement. Il y a un brassage des civilisations à Marseille. L’anachronisme vient du fait que les relations entre musulmans et juifs sont excellentes quand elles sont individuelles mais le climat qui s’est installé a instauré une méfiance, sans qu’on arrive à une haine entre les communautés.

Les deux communautés avaient une proximité importante. Mais ces actes criminels ont mis une distance qui fait que les relations sont moins généreuses et moins chaleureuses que dans d’autres temps.

Source http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/03/01/01016-20170301ARTFIG00037-un-an-apres-l-agression-d-un-enseignant-juif-a-marseille-la-communaute-n-est-pas-rassuree.php

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