A l’occasion de la mise en circulation prochaine d’une nouvelle génération de trains à grande vitesse, la Deutsche Bahn, la société ferroviaire allemande, a choisi de nommer les modèles d’après des personnalités historiques ayant marqué l’histoire allemande. Après un appel au public, 25 noms ont été retenus: parmi eux celui d’Anne Frank, ce qui déclenche une polémique, en raison du souvenir de la déportation.
Le projet de la compagnie ferroviaire allemande de donner le nom d’Anne Frank à un train « est douloureux » pour les victimes des camps de concentration, a déploré lundi la Fondation portant le nom de l’adolescente juive. « La combinaison d’Anne Frank et d’un train éveille des associations avec la persécution des juifs et les déportations durant la Deuxième Guerre mondiale », a réagi la Fondation Anne Frank après l’annonce de la Deutsche Bahn de nommer ainsi l’un de ses nouveaux trains à grande vitesse.
Un souvenir douloureux
Cette appellation « cause à nouveau de la peine à ceux qui vivent avec les conséquences de cette époque », a-t-elle ajouté dans un communiqué. Réfugiée avec sa famille à Amsterdam, Anne Frank est décédée à 15 ans en 1945 au camp de Bergen-Belsen, quelques mois avant la fin de la Seconde Guerre. Publié deux ans plus tard, son journal s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires.
La Deutche Bahn a lancé un appel au public pour donner des noms à ses trains à grande vitesse de nouvelle génération (ICE4), qui doivent être mis en circulation en décembre. Sur les 19.000 propositions reçues, un jury composé notamment de deux historiens a sélectionné 25 noms de personnalités ayant marqué l’histoire allemande. Sur cette liste figurent notamment l’ancien chancelier Konrad Adenauer, deux résistants au nazisme Hans et Sophie Scholl ou encore l’écrivain Erich Kästner.
La Deutsche Bahn présente ses excuses
Une députée allemande membre de la famille conservatrice de la chancelière Angela Merkel, Iris Eberl, a dénoncé l’initiative sur Twitter: « Nommer un train ‘Anne Frank’ est très irrespectueux ». La Deutsche Bahn a assuré lundi dans un communiqué n’avoir eu « aucune intention de blesser la mémoire d’Anne Frank », mais avoir plutôt voulu la « célébrer ». « Si, ce faisant, elle a blessé quelqu’un, elle est en est profondément désolée ». Elle s’est engagée à « prendre au sérieux les réserves » émises et à suivre les conseils d’organisations juives.
« La force symbolique d’Anne Frank est grande », a souligné la fondation. « Ce qui a conduit ces derniers temps à une multitude de manifestations, comme donner son nom à des rues, écoles, parcs… mais aussi à des costumes d’Halloween et des expressions antisémites dans le football« . Des distributeurs américains d’articles sur internet ont ainsi récemment retiré de la vente une panoplie de costume d’Halloween représentant les vêtements d’Anne Frank, tandis que des supporteurs ultra d’un club de foot de Rome ont détourné sa photo de manière offensante.