Allemagne : l’organisation BDS classée antisémite

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BDS (boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël) a été qualifiée d’antisémite par le Bureau d’Etat pour la protection de la Constitution allemand (Bundesamt für Verfassungsschutz).

Dans son rapport annuel pour 2017 (1), publié la semaine dernière, le bureau – qui surveille les activités antidémocratiques dans tout le paysage politique à Berlin – décrit les campagnes de propagande de BDS comme un mouvement dont certains segments « remettent en question le droit d’Israël à exister, et accusent Israël dans sa totalité de racisme ».

Le rapport « se rapporte à la ligne rouge » qui existe entre « la critique légitime de la politique israélienne et « l’antisémitisme antisioniste », et fonde ses conclusions de l’antisémitisme de BDS sur la définition proposée par le Groupe d’experts indépendants sur l’antisémitisme du Bundestag allemand, et adoptée en avril dernier.

Pourquoi est-ce important

Les antisémites ont pensé avoir trouvé par Israël interposé la faille pour vidanger publiquement leur haine des Juifs sans risquer la honte.

Ils se cachent derrière un argument terriblement hypocrite, qui est de revendiquer « le droit de critiquer Israël ». Ce serait audible si les nombreux pays du monde coupables de crimes reprochés à l’Etat juif faisaient l’objet de leurs flèches empoisonnées.

  Par exemple, le Comité spécial de l’ONU sur la décolonisation (2) liste 4 pays encore coloniaux : la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France et la Nouvelle-Zélande (3). Ils ne sont pas dénoncés par BDS. Seul Israël (qui n’est pas, remarquez-le, sur la liste de l’ONU parce qu’il n’est pas un pays colonisateur) a ce privilège. C’est la définition de l’antisémitisme antisioniste.

Le fallacieux argument, donc, ne tient que parce qu’il n’est jamais contesté par certains juges et journalistes, du fait que le mouvement BDS est comme eux ancré à bâbord toute. La complaisance des médias, qui je dois dire font un remarquable travail pour faire passer le boycott d’Israël – et d’Israël seulement – pour un droit élémentaire à la liberté d’expression, aide les militants de BDS à échapper au déshonneur.

Un auteur, Pascal Boniface, leur a même apporté les clefs avec un ouvrage intitulé « Est-il permis de critiquer Israël ? » Le titre qui convient mieux devrait-être : « est-il permis de cracher sur Israël ».

Et la France morale dans tout ça ?

Si Berlin classe BDS parmi les organisations antisémites, alors qu’en France, autorité définitivement morale parmi les Nations, des maires autorisent officiellement le mouvement à étaler son antisémitisme sur la voie publique de leurs villes, nous ne pouvons hélas pas faire l’économie de poser des questions dont les réponses sont douloureuses.

© Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

(1) verfassungsschutz.de
(2) un.org/decolonization
(3) un.org/decolonization/nonselfgovterritories

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