- Les prisons de Rhénanie-du-Nord-Westphalie qui ont compté jusqu’à 114 aumôniers musulmans, n’en dénombrent plus que 25 aujourd’hui. Cette réduction drastique est la conséquence d’un contrôle de sécurité qui a fait découvrir aux autorités allemandes que 97 aumôniers musulmans étaient des fonctionnaires turcs payés par le gouvernement turc. La Turquie a refusé que ses imams répondent aux questions des fonctionnaires allemands.
- Un article du Berliner Morgenpost intitulé « L’allemand est une langue étrangère dans de nombreuses prisons » explique que le nombre croissant des conflits entre gardiens et détenus étrangers est dû à des problèmes de communication.
- Les autorités allemandes ont enregistré une hausse des violences contre le personnel pénitentiaire. En Rhénanie du Nord-Westphalie, depuis 2016, les agressions de détenus contre les gardiens ont plus que doublé.
L’augmentation du nombre de détenus étrangers en Allemagne a entraîné une surpopulation carcérale et une pénurie de personnel. Les prisons de Bade-Wurtemberg et de Rhénanie du Nord-Westphalie ont fait le plein de leurs capacités d’accueil. Photo: Prison de Remscheid à Remscheid, Rhénanie du Nord-Westphalie, Allemagne. (Source de l’image: Coltdragoon / Wikimédia Commons) |
La proportion de détenus nés à l’étranger a atteint un niveau record dans les prisons allemandes indique une récente enquête menée sur le système pénitentiaire des 16 États fédéraux allemands. Àinsi, à Berlin et Hambourg, plus de 50% des détenus sont désormais étrangers. Le rapport évoque également un pic dans le nombre d’islamistes détenus en Allemagne.
Les données rendues publiques par le Rheinische Post, indiquent une forte hausse du nombre de détenus nés à l’étranger depuis 2015, date à laquelle la chancelière Angela Merkel a ouvert les frontières de l’Allemagne à plus d’un million de migrants en provenance d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient.
Selon ce même journal, tous les États fédéraux allemands signalent depuis trois à cinq ans, une « très forte augmentation » du nombre de prisonniers étrangers et apatrides. Mais faute d’un appareil statistique homogène, une photographie du problème au niveau national demeure difficile à obtenir.
Depuis 2016, dans les États d’Allemagne de l’ouest, la proportion de détenus étrangers est passée de 55% à 61% à Hambourg ; de 43% à 51% à Berlin ; de 44% à 48% dans le Bade-Wurtemberg ; de 35% à 41% à Brême; de 33% à 36% en Rhénanie du Nord-Westphalie ; de 28% à 34% dans le Schleswig-Holstein ; de 29% à 33% en Basse-Saxe ; de 26% à 30% en Rhénanie-Palatinat ; de 24% à 27% en Sarre. On peut parler de relative stabilité en Hesse(44,6% aujourd’hui contre 44,1% il y a trois ans). En Bavière, le nombre de détenus étrangers qui était de 31% en 2012 atteint aujourd’hui 45%.
Le même phénomène se remarque dans les États d’Allemagne de l’Est. Le nombre de détenus étrangers a ainsi plus que doublé en Saxe depuis 2016. La plupart des détenus étrangers sont originaires de Pologne, de Tunisie, de Libye, de République tchèque et de Géorgie. Le Mecklembourg-Poméranie occidentale compte maintenant 160 détenus étrangers originaires de 66 pays différents.
Les autorités allemandes signalent également une augmentation significative du nombre de détenus musulmans. Ils représentent aujourd’hui 20% des 65 000 détenus du système pénitentiaire allemand alors que la population musulmane en Allemagne est de six millions de personnes, soit 7% d’une population totale de 82 millions d’habitants.
Les détenus musulmans représentent 29% du total des détenus à Brême ; 28% à Hambourg ; 27% à Hesse (dans certaines prisons, 40% des détenus assistent aux prières du vendredi); 26% dans le Bade-Wurtemberg ; 21% en Rhénanie du Nord-Westphalie ; 20% à Berlin ; et 18% en Bavière.
Selon les données des ministères de la justice régionaux, pas moins de 300 islamistes radicalisés purgent une peine dans le système pénitentiaire allemand. Un autre contingent de 350 islamistes est actuellement sous mandat de dépôt. La plupart des détenus islamistes se trouvent à Hesse, en Bavière, en Rhénanie du Nord-Westphalie et à Berlin. La plupart sont incarcérés dans des établissements distincts, mais la crainte existe de voir les détenus qui n’ont pu être séparés des autres, radicaliser les autres détenus.
Depuis 2013, le nombre d’islamistes détenus en Hesse a plus que doublé alors que ceux de Bade-Wurtemberg ont vu leur nombre multiplié par trois depuis 2016. « Le nombre de prisonniers que leurs sentiments islamistes distinguent des autres a fortement augmenté ces deux dernières années », a déclaré Guido Wolf, ministre de la Justice du Bade-Wurtemberg. « Cela représente de nouveaux défis pour nos responsables pénitentiaires déjà en butte à d’importantes difficultés. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour détecter au plus tôt les signes de radicalisation islamiste afin de pouvoir résolument nous y opposer. »
Dix à quinze pour cent des détenus musulmans sont à risque de radicalisation, affirme Husamuddin Meyer, un Allemand converti à l’islam soufi et devenu haut fonctionnaire au sein de l’administration pénitentiaire de Rhénanie du Nord-Westphalie (RN-W). Husamuddin Meyer réclame plus d’aumôniers pour lutter contre la radicalisation.
Les prisons de Rhénanie-du-Nord-Westphalie qui comptaient autrefois 114 aumôniers musulmans, n’en dénombrent plus que 25 aujourd’hui. Cette réduction drastique est la conséquence d’un contrôle de sécurité. Les autorités allemandes ont ainsi découvert que 97 aumôniers musulmans étaient des fonctionnaires turcs payés par le gouvernement turc. La Turquie a refusé que les imams répondent aux questions des fonctionnaires allemands. « Soumettre ces employés à un nouveau contrôle de sécurité est inappropriée et erronée », a déclaré le consulat de Turquie. Le ministre de la Justice de RN-W, Peter Biesenbach, a répondu que son « objectif à moyen terme était d’organiser des activités religieuses et pastorales indépendantes de l’Etat turc. »
Entre-temps, à Hesse, le ministère de la Justice a suspendu un aumônier en raison de ses liens avec les Frères musulmans.
L’augmentation du nombre de détenus étrangers a entraîné une surpopulation carcérale et une pénurie de personnel. Les prisons de Bade-Wurtemberg et de Rhénanie du Nord-Westphalie fonctionnent à plein régime. Une « amnistie de Noël » a été opportunément décrétée en RN-W pour libérer 500 prisonniers et alléger les tensions dues au surpeuplement. Les prisons de Bavière, Berlin, Brême, Hambourg et Rhénanie-Palatinat sont pleines à 90%.
Le personnel pénitentiaire de RN-W a réclamé le paiement de plus de 500 000 heures supplémentaires en 2018, indique un rapport judiciaire interne divulgué par le Rheinische Post. Et les pénuries de personnel nécessiteraient l’embauche d’au moins 500 nouveaux gardiens de prison. Mais les contraintes physiques et émotionnelles liées à ce type d’emploi font que, en dépit d’un salaire correct et de nombreux avantages sociaux, les candidats ne se bousculent pas.
Outre le manque de personnel, nombre de sites pénitentiaires sont délabrés. A Münster, plus de 500 détenus ont dû être évacués et transférés en raison d’un risque d’effondrement du bâtiment. À Cologne, les dangers liés à l’amiante ont amené la fermeture de 100 centres de détention. Rien qu’en RN-W, trois milliards d’euros au moins seraient nécessaires pour rénover les établissements pénitentiaires.
Dans un article intitulé, « L’allemand est devenu une langue étrangère dans de nombreuses prisons, » le Berliner Morgenpost a rapporté que les conflits allaient croissant entre le personnel pénitentiaire et les détenus étrangers, souvent en raison de problèmes de communication. « Les besoins de cours de langue et le recours à des interprètes augmentent, sans parler du nécessaire apprentissage des us et coutumes d’autres cultures », a déclaré Dieter Lauinger, ministre de la Justice de Thuringe.
Le syndicat des prisonniers GG / BO (Gefangenen-Gewerkschaft/ Bundesweite Organisation) a appelé les directeurs de prison à engager des interprètes capables de donner des ordres et de délivrer des instructions dans la langue maternelle des détenus étrangers. Certains Lander utilisent des interprètes, mais le coût est généralement prohibitif.
Les autorités allemandes signalent également une augmentation des agressions de gardiens par les détenus. Le Syndicat du personnel pénitentiaire (Bund der Strafvollzugsbediensteten Deutschlands, BSBD) a dénombré 550 « événements spéciaux » en 2017. Depuis 2016, en Rhénanie du Nord-Westphalie, le nombre d’agressions contre le personnel pénitentiaire a plus que doublé .
« Les statistiques sont le reflet de notre société », a déclaré Peter Brock, président du syndicat BSBD. « Les insultes, les menaces et les agressions sont désormais notre lot quotidien. »
Soeren Kern est Senior Fellow du Gatestone Institute de New York .