Allemagne : une étude en trompe l’œil sur l’antisémitisme

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By Marc – Jforum

Toute étude réaliste sur l’antisémitisme en Allemagne devrait logiquement conclure que les migrants des pays musulmans adoptent plus facilement des attitudes antisémites, de façon disproportionnée par rapport à leur importance dans la population et qu’ils commettent plus d’actes antisémites que les Allemands natifs (“de souche”). Cela correspond à la situation globale dans le monde, où l’incitation extrémiste antisémite est de loin plus violente – dont une partie est directement à caractère génocidaire – et qui découle de régions entières du monde musulman.

Le très réputé Institut Allenbach a publié une étude dont on ne peut lire les résultats que sur le site à contenu payant de l’important quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). Il contient des données intéressantes, mais ne répond pas au problème central signalé au-dessus et elle reste par conséquent trompeuse.

L’un des graphiques de l’étude montre que parmi les partisans du parti d’extrême-droite AfD, 55% sont d’avis que les Juifs ont “trop d’influence dans le monde”. Concernant les cinq autres partis représentés au Parlement allemand, cette courbe varie entre 16 et 20%.

Cependant, les préjugés antisémites de l’extrême-droite n’explique pas le fait que certains enfants juifs en âge scolaire se fassent harceler par des collégiens musulmans. Les menaces d’un élève de classe musulman contre une petite fille juive de cours élémentaire dans une classe à Berlin est, si l’on put dire, un “cas d’école” : il lui a asséné qu’on devrait la tuer, uniquement parce qu’elle ne croit pas en Allah.

L’incendie à la bombe incendiaire d’une synagogue de Wuppertal, en 2014, a été perpétré par trois Palestiniens. Le tribunal a déclaré que ce n’était pas motivé par l’antisémitisme, mais que c’était un “acte de protestation contre Israël. Il a condamné  les pyromanes à une simple amende et a suspendu les condamnations.

Il existe des stéréotypes répandus parmi les Allemands d’origine, autant à l’encontre des Musulmans que des Juifs. Les Juifs sont perçus par 66% des interviewés comme des gens qui “réussissent”, par 22% comme “portés sur l’argent”, par 20% comme des ”gens radicaux sur le plan politique” et par 14% comme “avides de pouvoir”. Pour les Musulmans la tendance est de 18% comme “réussissant dans les affaires”, 12% comme “portés sur l’argent”, 46% comme “radicaux en politique” et 25% comme “avides de pouvoir”.

Plus importants que les simples stéréotypes, les déclarations de type criminel et les actes qui leur font suite sont bien plus graves. Si toutes les institutions juives requièrent d’être surveillées par des gardes armés, c’est essentiellement dû aux menaces provenant de certaines parties notoires de la communauté immigrée musulmane.

Le Président de l’organisation coordinatrice des associations juives, le Conseil Central des Juifs d’Allemagne, Joseph Schuster, conseille aux Juifs de ne pas porter de kippoth en public dans les principales villes. La principale raison apportée à son avis est que la haine que les Musulmans vouent aux Juifs a parfois pour conséquence des actes extrêmement violents. Un cas récent concerne un Arabe israélien, Adam Armush qui ne croyait pas cela et qui a, intentionnellement porté une kippa en public à Berlin, dans le quartier de Prenzauer Berg.

Son compagnon et lui-même ont été attaqué par trois jeunes, dont l’un au moins parlait arabe. Armush a filmé cette attaqué pour la transmettre à la police et pour que le peuple allemand et même le monde autour “perçoive à quel point c’est terrible, ces temps-ci, en tant que Juif de traverser les rues de Berlin ».

Le pourcentage d’Allemands qui veulent mettre un terme au rôle important, joué par la période nazie dans le discours public, a décliné de 66% en 1986 à 45% en 2018. Le pourcentage de ceux qui pensent que cela ne devrait pas être le cas (qu’on mette un bémol sur la période nazie) a augmenté de 24 à 32%, au cours de la même période.

Le FAZ écrit que l’antisémitisme a décliné en Allemagne. Ce pourrait bien être le cas en ce qui concerne les attitudes et stéréotypes. Mais il est de loin, plus pertinent de tenir compte du nombre d’actes antisémites, qui, l’an dernier, ont atteint la moyenne approximative de quatre par jour. Le gouvernement n’aurait pas désigné un commissaire à l’antisémitisme, à cause des attitudes au sein de la population allemande, mais c’est bien, plutôt, à cause du vaste nombre d’actes qu’il a dû s’y résoudre.

L’étude a aussi demandé “si l’antisémitisme et l’hostilité envers les Juifs, aujourd’hui, représente un gros problème? Ou ne sommes-nous qu’à devoir traiter, selon vous, à de simples incidents” ? Se focaliser sur cette question est radicalement erroné. Cette question devrait être dirigée à l’intention de la population juive et non pas demandée à des Allemands non-juifs qui reçoivent l’information uniquement des médias.

33%  des sondés ont répondu que l’antisémitisme est un gros problème. 58%  ont considéré que l’antisémitisme n’est qu’une affaire d’incidents occasionnels. Quand on a posé la même question à propos de l’agression bien caractéristique d’Armush et de son ami, les statistiques ont radicalement changé. Il n’y a eu que 27% à décrire l’acte comme un incident et 44% ont déclaré que l’attaque était un signe d’antisémitisme répandu parmi les Arabes vivant en Allemagne.

En ce qui concerne l’attitude envers les Juifs assassinés au cours de la Shoah : 54% des sondés considèrent que les Pierres d’Achoppement [Stolpersteine ​​(pierre d’achoppement) : projet de l’artiste Gunter Demnig. Le projet commémore les personnes qui ont été persécutées par les nazis entre 1933 et 1945] est une façon appropriée de commémorer les victimes juives de l’ère nazie, alors que 15% s’y opposent.

Une autre question demandait si l’Allemagne détient une responsabilité particulière envers Israël. 31% s’accordent sur ce point, alors que 41% le démentent. Plus jeune est l’interviewé, moins il soutient cette perspective d’une responsabilité quelconque envers Israël. Dans la tranche d’âge entre 16 et 29 ans, ce n’est plus que 22%.

En observant cela, on doit mentionner que la diabolisation des Juifs en Allemagne sous le régime nazi a, partiellement, été remplacée par la diabolisation d’Israël. Une étude de l’Université de Bielefeld, en 2014, a découvert que 40% des Allemands pensent qu’Israël mène une guerre d’extermination contre les Palestiniens. Une étude de 2015 de la fondation Bertelsmann a démontré que 41% d’Allemands pensent “qu’Israël agit envers les Palestiniens comme les Nazis agissaient envers les Juifs ».

La focalisation en partie fallacieuse du sondage d’Allensbach aide particulièrement ceux qui prétendent que l’islamophobie est un problème infiniment plus important en Allemagne que ne peut l’être  l’antisémitisme. La façon dont l’étude est structurée occulte un problème fondamental : les Allemands de la génération de nos grands-parents ont assassiné 6 millions de Juifs. Il subsiste de nombreux vestiges de préjugés de cette période de temps qui ont largement muté en anti-israélisme démoniaque. L’Allemagne est le dernier pays qui aurait dû laisser entrer des quantités massives d’immigrés dans le pays sans imposer de filtrage envers ceux qui sont antisémites.

Par Manfred Gerstenfeld

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