Et ce alors qu’Angela Merkel pensait en être débarrassée avant les élections législatives du 24 septembre.
La polémique sur l’accueil des réfugiés en Allemagne redémarre après l’agression au couteau commise ce vendredi dans une rue commerçante de Hambourg par un demandeur d’asile débouté, un acte qualifié d’attentat par les autorités locales.
Le bilan de ce que le quotidien Bild, le plus lu d’Allemagne, appelle samedi en sa Une « l’attentat du supermarché », s’établit à un mort, un homme de 50 ans poignardé en faisant ses courses, et six blessés, cinq hommes et une femme, dont certains grièvement.
Colère du maire de Hambourg
Le maire de Hambourg, Olaf Scholz, a révélé en effet que l’auteur de ce qu’il a dénoncé comme un « attentat odieux » était un demandeur d’asile débouté, qui n’avait pu être reconduit à la frontière faute de documents en règle.
« Ce qui me rend encore plus en colère est que l’auteur est manifestement quelqu’un qui cherchait refuge en Allemagne et qui a détourné sa haine contre nous », a-t-il dit vendredi soir.
« Il s’agit manifestement d’un étranger en instance de départ mais qui ne pouvait pas être expulsé parce qu’il n’avait pas de documents d’identité », a-t-il regretté. Politiquement, ce point est très délicat pour les autorités allemandes.
L’agresseur était connu comme « islamiste »
L’homme de 26 ans était connu de la police comme « islamiste », a révélé ce samedi le ministre de l’Intérieur de la ville au cours d’une conférence de presse avec la police qui s’est tenue aujourd’hui à 12 heures.
« Il était connu comme islamiste mais pas comme jihadiste » des services de sécurité, a déclaré à la presse Andy Grote, soulignant qu’il y avait à ce stade « des indications sur des motivations islamistes » pour l’attaque mais que l’agresseur souffrait aussi de problème « psychologiques ».
Le ministre de la ville-Etat du nord de l’Allemagne a fait état, à ce stade de l’enquête, de « liens avec des motivations religieuses, islamistes » pour le passage à l’acte. Mais dans le même temps, il a fait état d’une « instabilité psychologique » de cet homme originaire des Emirats arabes unis. Au final la situation reste « confuse » et il n’est pas encore possible de savoir « lequel des éléments a constitué l’élément déclencheur », a souligné Adny Grote.
Maîtrisé par des badauds dans la rue
Selon la police, il a pénétré dans un supermarché, a volé un couteau de cuisine avec une lame de 20 centimètres et s’est jeté sur un homme de 50 ans en le poignardant mortellement. Il a ensuite blessé deux autres clients à l’intérieur du magasin puis a pris la fuite dans la rue, où il a blessé à coups de couteau d’autres passants. Il a été poursuivi par des badauds et finalement maîtrisé.
Un acte qui rappelle notamment l’attaque au camion-bélier contre le marché de Noël à Berlin en décembre (12 morts). Elle avait été commise par un Tunisien, Anis Amri, qui était dans une situation juridique identique: demandeur d’asile débouté, il n’en demeurait pas moins en Allemagne car sans papiers. La Tunisie, pendant plusieurs mois, n’avait pas reconnu qu’il était l’un de ses ressortissants.
Durcissement des règles en Allemagne
Le gouvernement allemand a depuis durci les règles, en facilitant les expulsions de migrants considérés comme dangereux par la police et en renforçant leur surveillance.
Mais le maire de Hambourg a réclamé désormais un nouveau tour de vis. « Ceci montre à quel point il est urgent que ce type d’obstacles pratiques et juridiques aux expulsions soient levés », a-t-il dit.
Le débat autour des migrants, qui a empoisonné longtemps Angela Merkel suite à sa décision controversée d’ouvrir les portes du pays à plus d’un million de réfugiés en 2015, risque donc de resurgir. Et ce alors que la chancelière conservatrice pensait en être débarrassée à l’orée des élections législatives du 24 septembre.
En perte de vitesse depuis des mois, la droite nationaliste allemande de l’AfD, qui dénonce l’arrivée de migrants musulmans dans le pays, s’est engouffrée dans la brèche après Hambourg.
Une de ses responsables, Beatrix von Storch, a estimé que l’attaque « était liée à l’islam ». « Essayez enfin de comprendre », a-t-elle tweeté à l’adresse d’Angela Merkel.
PA., avec AFP – www.bfmtv.com