C’est l’histoire d’une soldate israélienne qui mettait en joue un vieillard palestinien, à la une de Libération. Mais à y regarder de plus près…
Selon Libération, ce 8 décembre, Jérusalem est « au bord du gouffre ». A l’appui de ces mots alarmistes, une photo : on y voit une costaude soldate israélienne tenir en joue un frêle vieillard palestinien, pointant son fusil sur le ventre du pauvre homme qui n’a d’autre équipement que son chapelet pour se défendre.
Message subliminal : Israël prive par la violence les Palestiniens de leurs droits, en s’attaquant de manière lâche même à des vieillards sans défense.
Mais zoomons – ou plutôt, dézoomons sur cette photo d’Ahmad Gharabli, photographe de l’AFP.
Libération l’avait en effet déjà utilisée la veille, mais sans la recadrer.
On y voyait alors que les deux protagonistes de la photo tronquée de la une étaient entourés d’autres personnes dont aucune ne regardait dans leur direction. Pas vraiment le signe d’une grande tension !
CNBC avait accompagné le même cliché de la légende « Un homme palestinien se dispute avec une garde-frontière alors que les forces israéliennes dispersent des manifestants palestiniens à l’extérieur de la Porte de Damas dans la vieille ville de Jérusalem ».
Dispute ? On voit cet homme tenir le bras de la garde-frontière – chose qu’il n’oserait certainement pas faire s’il craignait d’être violenté, et celle-ci paraît le laisser faire tout en restant sur ses gardes. Le canon du fusil est visiblement parallèle au monsieur plutôt que pointé sur lui, et on aperçoit dans un coin de l’image une seconde arme de garde-frontière orientée vers la scène qui pointe vers le sol.
Une deuxième version de la photo, que n’a pas choisie Libération, est encore plus éloquente :
Que de “tension” sur cette image, entre le jeune homme qui passe nonchalamment à deux doigts du vieillard et la quinzaine de badauds présents en arrière-plan, l’un mains dans les poches, l’autre tenant un smartphone et regardant au loin… Personne ne prête attention à la scène, sauf le photographe de l’AFP !
Quant au vieillard et à la policière, leurs regards ne traduisent pas un paroxysme de tension, et il est indéniable que les armes ne sont pas directement pointées vers lui.
Curieusement, la photo n’est pas signée du même auteur, mais de Ammar Awad, de l’agence Reuters. Sa légende est encore plus « soft ». On aurait affaire à une simple discussion : « Un Palestinien discute avec une agence de la police des frontières israélienne durant des manifestations dans la vieille ville de Jérusalem ».
On en est déjà à deux photographes pour un « manifestant ».
Il existe même un troisième cliché où la policière a lâché son arme avec la main que le vieillard a attrapée.
Surprise, c’est encore un autre photographe de l’AFP, Menahem Kahana, qui a pris le cliché !
Trois fois plus de journalistes que de “manifestants”
De là à penser que le vieillard était de mèche avec les photographes pour fabriquer un cliché victimaire de « David palestinien contre Goliath israélien », il y a un pas qu’InfoEquitable ne franchira pas par manque d’information… mais on ne peut s’empêcher de se le demander.
Surtout que même Libération concède, dans son article de jeudi, par l’intermédiaire d’un étudiant arabe de 19 ans :
Les Israéliens ne vont pas nous attaquer aujourd’hui devant tous les journalistes américains, et personne ici ne va faire quoi que ce soit alors qu’il y a des espions partout. L’affrontement viendra plus tard. Ce que vous voyez là, c’est du théâtre.
Plus loin, on lit :
Dans Le Parisien, on a la confirmation de ce show médiatique :
Spectaculaire, l’affrontement ne mobilise qu’une trentaine d’adolescents et le triple de journalistes.
Procédé incendiaire
Et avec tout cela, Jérusalem serait au bord du gouffre ? Bien sûr, la situation peut évoluer. Le vendredi est d’ailleurs traditionnellement utilisé par ceux des musulmans qui veulent fomenter des troubles.
Mais le procédé de Libération est incendiaire – et ce n’est pas forcément Jérusalem qui risque de brûler.
Clairement, la une faisant croire à la mise en joue d’un vieillard palestinien par les forces israéliennes est surjouée. Un recadrage malhonnête assorti d’un titre qui l’est tout autant.
Et à l’intérieur de l’édition de ce vendredi, on trouve une double page ornée d’une citation en caractères géants :
En somme, Libération diabolise ensemble Israël et les USA de manière à peine plus subtile que lorsque les mollahs iraniens chantent « Mort à Israël ! Mort à l’Amérique ! ». Alors si les musulmans deviennent violents ? Ce sera la faute de l’Amérique de Trump – cet homme qui a eu le culot de reconnaître l’évidence : Jérusalem est le centre historique et spirituel du peuple juif.
Comme beaucoup de ses homologues, Libération renverse les responsabilités. Lorsque la dernière vague de violences anti-juives en Israël, composée principalement d’attaques au couteau ou à la voiture bélier, a commencé en 2015, Obama était aux commandes. Le Hamas appelle à une nouvelle intifada ? C’est la raison d’être de cette organisation dont la charte appelle toujours au génocide des Juifs ! Les terroristes n’ont pas attendu Trump.
Mais à chaque fois que la tension monte en Israël, le risque d’embrasement existe aussi en Europe. On l’a vu en 2014, lorsque la guerre entre le Hamas et Israël a servi de prétexte à des violences antisémites en France par certains musulmans fanatisés par la « cause palestinienne ».
Libération manipule les sentiments de certains musulmans de France avec ce genre de une incendiaire qui, quoi que l’on pense de la décision américaine, est une véritable fabrication qui ne reflète pas la réalité.
Libération joue avec le feu – et en particulier avec les nerfs des Juifs de France qui peuvent, tôt où tard, subir dans leur chair les dégâts qu’une telle propagande aura causés sur des esprits faibles. C’est irresponsable.