« S’il avait eu la bombe, rien qu’une petite bombe nucléaire, la vie des syriens serait différente… », déclare le chroniqueur Vincent Hervouët au micro de Patrick Cohen sur Europe 1, soutenant que le dictateur syrien aurait pu s’en servir pour voler au secours des Kurdes. Pas, bien sûr, pour menacer ses voisins de destruction…
Vincent Hervouët, chef du service « Étranger » de LCI, anime aussi une chronique radio quotidienne sur l’actualité internationale dans la matinale de Patrick Cohen sur Europe 1.
Le 22 mars, sa chronique avait pour thème la reconnaissance par Israël d’un raid effectué 10 ans auparavant pour mettre au fin au programme nucléaire syrien, conçu avec l’appui de la Corée du Nord.
La Syrie était alors, comme aujourd’hui pour ce qu’il en reste, dans l’orbite iranienne. Le régime iranien n’a jamais fait mystère de ses intentions génocidaires à l’égard d’Israël, qu’il appelle depuis 1979 à annihiler. Et la Syrie est en état de guerre contre Israël depuis le jour de son indépendance en 1948.
Israël entend donc tout faire pour empêcher de tels ennemis se doter de l’arme atomique. C’est la « doctrine Begin » évoquée par le chroniqueur, qui se reflète dans les propos du général israélien Eisenkot tels que les a rapportés l’Agence France-Presse (AFP) : « Le message de l’attaque de 2007 contre le réacteur, c’est qu’Israël n’acceptera pas qu’on construise des installations susceptibles de constituer (pour lui) une menace existentielle ».
« Rien qu’une petite bombe nucléaire »
Patrick Cohen a interrogé Vincent Hervouët à propos des conséquences sur le régime syrien. Le chroniqueur répond :
Fin des ambitions nucléaires de Bachar El Assad. Comme arme de destruction massive, il a gardé son arsenal chimique mais ce n’est pas pareil.
Et il en tire une conclusion stupéfiante :
S’il avait eu la bombe, rien qu’une petite bombe nucléaire, la vie des Syriens serait différente…
Cette semaine par exemple, Recep Tayip Erdogan aurait hésité avant de conquérir Afrin et de pousser 250 000 habitants kurdes en exil dans leur propre pays.
On a vu ce que Bachar el Assad, l’homme qui a causé des centaines de morts en attaquant des populations civiles avec du gaz sarin, du gaz de chlore et du gaz moutarde (il aime visiblement tout expérimenter), a été capable de faire avec des armes chimiques. Avec une bombe nucléaire, nul doute qu’il aurait pu faire encore mieux !
En 2015, le site où se trouvaient les installations détruites par Israël est tombé dans les mains de l’Etat islamique qui l’a tenu durant deux ans, jusqu’à son éviction en 2017 par les « Forces démocratiques syriennes » (FDS).
Sans l’intervention israélienne, l’Etat islamique se serait peut-être un jour trouvé en position de s’emparer d’une petite bombe nucléaire capable de menacer Israël et, pourquoi pas, les infidèles européens.
Pas désarçonné par cette pensée, le chroniqueur préfère trouver des vertus à la possession d’une « bombinette » par un dictateur : il aurait pu sauver les Kurdes !
D’après ce que l’on sait, Bachar el Assad a bien fourni une forme de soutien aux Kurdes, essentiellement en leur procurant un accès à l’enclave d’Afrine attaquée par la Turquie à travers les zones sous son contrôle. Mais le supposé « sauveur » n’a envoyé aucun moyen militaire significatif – ni avions, ni chars – à leur rescousse pour s’opposer aux troupes turques et à leurs alliés islamistes. Afrine est tombée la semaine dernière, dans l’indifférence générale et il faut le dire coupable de la part des démocraties occidentales qui laissent le dictateur islamiste turc perpétrer des atrocités contre un peuple qui a été le fer de lance de la lutte contre l’Etat islamique.
Si l’oculiste de Damas avait pu aller jusqu’au bout de la fabrication de la bombe et garder le contrôle sur les installations, la vie des Syriens serait-elle différente ? Le dictateur aujourd’hui dépendant du bon vouloir de ses parrains iraniens et russes aurait peut-être pu consolider son assise (encore que la possession de ces armes n’a pas empêché la chute de l’URSS). Mais ce ne sont là que conjectures; de la politique-fiction. Vincent Hervouët, lui, affirme de manière certaine que « Recep Tayip Erdogan aurait hésité » à envahir Afrine si la Syrie avait eu la bombe – ce qui est strictement impossible à prouver.
Il ne fait en revanche guère de doute que la vie des Israéliens aurait été impactée : ils se seraient trouvés à portée de tir nucléaire d’un régime toujours en état de guerre contre leur pays. A en croire Vincent Hervouët, ils auraient sans doute dû se sacrifier pour permettre un hypothétique sauvetage des Kurdes par le dictateur syrien…
Plutôt que de remercier Israël d’avoir débarrassé le monde du danger d’une bombe atomique détenue par un autocrate allié avec les Iraniens fanatisés et leurs supplétifs du Hezbollah, et de la possibilité que des groupes encore plus dangereux s’en emparent, menaçant non seulement l’Etat juif mais pourquoi pas à terme l’Europe située à quelques coups d’ailes de missile, Vincent Hervouët termine sa chronique sur Donald Trump, Benyamin Netanyahu et le prince Mohammed Bin Salman d’Arabie saoudite : « Le grand règlement de comptes approche. Les trois hommes sont décidés à recomposer le Moyen-Orient. C’est un autre secret de Polichinelle. »
Pour ce qui le concerne, Israël n’est pas là pour recomposer le Moyen-Orient mais pour protéger son territoire contre tous ceux qui voudraient l’attaquer. C’est exactement la raison de l’opération menée contre les installations nucléaires syriennes et des frappes régulièrement effectuées contre les bases militaires et armes que l’Iran essaie d’implanter en Syrie. Ceux qui s’arrachent des morceaux de territoire syrien (mais aussi libanais, yéménite…) sont justement les ayatollahs iraniens et les régimes également autoritaires et belliqueux de la Russie et de la Turquie. La recomposition de la région est déjà bien avancée : Vincent Hervouët regarde-t-il du bon côté ?
Mais bon. Avec une « petite bombe » dans les mains de Bachar el-Assad et de ses maîtres iraniens, le monde serait tellement plus sûr…