Agen : hommage à une institutrice ayant sauvé des enfants juifs

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Suite à une proposition des lycéens de De Baudre, le nom de Denise Baratz sera donné à un site agenais.

Ce lundi 25 mars, le conseil municipal commencera en présence d’une douzaine d’élèves du lycée de Baudre, impliqués dans un projet qui sera validé par les élus, à savoir donner au jardin d’enfants de la rue des Augustins le nom de « Jardin Denise-Baratz ». Un bel hommage, et une très belle histoire.

Comme déjà signalé dans nos colonnes à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, les rues d’Agen sont très masculines. Trop même, puisque la féminisation « toponymique » n’en est ici qu’à ses balbutiements…
Détenteur du label national « Egalité filles garçons », des élèves du lycée de Baudre d’Agen s’étaient l’an dernier penchés sur cette question. Encadrés par leurs professeurs (Véronique Garcia, Hélène Ricoux, Renoir Bachelier et Sabine Mainchain) ils avaient réalisé un sondage et distingué une personnalité pouvant donner son nom à une rue d’Agen : Simone Veil.

Trouver une personnalité locale

L’année scolaire suivante (2023-2024), ces élèves désormais en classe de première invitent l’adjoint au maire chargé des quartiers Thomas Zamboni à partager leurs propositions. L’élu explique que changer le nom d’une rue reste une affaire délicate (notamment pour la transmission du courrier postal), avance que Simone Veil a déjà son école à Agen, qu’un nom plus local serait préférable, et que oui : la féminisation des sites est une juste cause.

Les jeunes sont donc encouragés à reprendre leurs travaux. Une liste est établie, présentée aux conseils de quartiers puis aux élus municipaux. Et c’est le nom de Denise Baratz qui a été accepté par le maire, et qui devra être validé par les élus d’Agen. S’ils l’acceptent, ce nom donnera son identité au jardin d’enfants situé au bout de la rue des Augustins.

Qui était-elle ?

Denise Baratz (1921-2014), était institutrice, Juste de France car impliquée dans la Résistance. Un jardin porte déjà son nom à Caudecoste, ainsi qu’une école communale à Miramont-de-Guyenne. Voici le portrait que lui avait dédié le conseil départemental, en 2021 (que nous reproduisons avec son autorisation) : « Née en juillet 1921 à Lamagistère dans le Tarn-et-Garonne, c’est dans le Bruilhois qu’elle a, par sa générosité et son courage, marqué l’histoire de notre département. Institutrice à Caudecoste de 1941 à 1944, elle cache des armes sous l’estrade de sa classe en accord avec sa hiérarchie. Parmi ses élèves se trouve Alice Krenko dont la famille juive allemande, en provenance de Lorraine, s’est réfugiée en 1941 en Lot-et-Garonne pour fuir le nazisme. L’année 1943 va sceller le destin de cette famille : le père, arrêté par la police française est déporté à Dachau où il meurt ; la mère donne naissance à Agen à une petite Renée.

Denise n’hésite pas alors à aider la famille, qui vit dans un petit appartement sous les cornières de Caudecoste. Mais la menace allemande s’aggrave. La mère de famille décide alors, en plein hiver, d’aller se cacher avec ses deux aînés dans une cabane de vignes et de confier Renée à Denise.

Denise cache l’enfant dans son appartement de fonction, au-dessus de sa classe, dans une armoire. Entre deux cours ou pendant les récréations, elle monte s’en occuper.

La Das Reich arrive

Le 23 juin 1944, les Allemands de la division SS Das Reich entrent dans le village de Caudecoste. Denise alertée, s’organise rapidement. Elle contacte un ami possédant une voiture pour lui demander de prendre les enfants et les conduire à Lamagistère, chez sa propre mère. Ayant enveloppé le bébé dans un torchon blanc qu’elle avait pris sous le bras comme si elle portait une miche de pain, elle le dépose dans le véhicule. La famille Krenko sera ainsi sauvée. »

Par la suite Denise Baratz s’engagera dans diverses causes à Fumel, où elle était décédée en 2014 à l’âge de 93 ans. Modeste au sujet de ses actes pourtant héroïques, elle sera reconnue en 2009 comme Juste parmi les Nations, et médaillée de la Légion d’honneur en 2010. Son nom pour ce jardin d’enfants prend tout son sens, le choix des jeunes lycéens est excellent.

Jforum.fr avec www.ladepeche.fr

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