AFP : chronologie régionale confuse autour de la découverte d’un cimetière antique à Gaza

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A la fin d’une dépêche où elle nous apprend qu’un habitant de Gaza aurait découvert un cimetière antique dans son jardin, l’AFP propose une chronologie incomplète et mélangeant plusieurs régions distinctes.

La découverte aurait eu lieu dans le jardin d’une maison familiale détruite « lors de la guerre de l’été 2014 menée par l’Etat hébreu » (le Hamas, qui poussa Israël à la guerre à coups de roquettes sur les populations civiles israéliennes, puis en kidnappant et tuant trois jeunes Israéliens, n’est pas mentionné par la dépêche de l’Agence France-Presse; mais il est toujours au pouvoir à Gaza, d’où le conditionnel que nous adoptons pour des informations provenant d’un territoire où journalistes et population sont sous étroite surveillance).

 

 

La dépêche se termine par un paragraphe censé replacer la découverte archéologique dans son contexte historique.

La bande de Gaza, le reste des territoires palestiniens et Israël regorgent de richesses historiques considérables. Ces territoires sont passés sous le contrôle des Romains, de l’empire byzantin, des Croisés venus d’Europe, des Mamelouk et des Ottomans.

Plus haut dans l’article, une archéologue citée par l’AFP indique que « ce genre de tombe était relativement commun dans les environs de Jérusalem » à certaines époques. Mais le littoral méditerranéen où se situe Gaza était un territoire bien distinct de Jérusalem, ville perchée dans les reliefs. Il est vrai que ces régions ont toutes deux connu des périodes de dominations romaine et byzantine, auxquelles fait référence l’archéologue; mais elles ont eu des histoires différente aux époques précédentes.

 

GAZA, AU BORD DE LA MER, ÉTAIT EN PAYS PHILISTIN; LE PEUPLE JUIF OCCUPAIT LES DEUX ROYAUMES DE JUDA ET D’ISRAËL, AU CENTRE (IMAGE : CC BY-SA 3.0 WIKIMEDIA COMMONS)

Dans l’antiquité, la région de Gaza a longtemps fait partie du pays philistin, qui s’étendait au nord jusque vers Ashkelon et Ashdod. Les Philistins étaient les rivaux d’un autre peuple : les Juifs.

Ce que l’AFP appelle « le reste des territoires palestiniens et Israël » correspondait en effet largement aux royaumes juifs de Juda et d’Israël.

Dans tous ces territoires, l’histoire débute donc bien avant l’avènement des Romains, peuple par lequel l’AFP commence sa chronologie. Et si les Philistins ont disparu, la présence du peuple juif est une clé importante pour la compréhension de l’histoire contemporaine. L’Etat d’Israël moderne ne serait pas ce qu’il est sans l’antériorité d’une souveraineté juive, qui dura plus d’un millénaire – bien davantage que tous les autres peuples qui contrôlèrent la région.

Est-ce un hasard si l’AFP, qui appelle les Juifs vivant sur une partie de ce territoire historique des « colons » comme s’ils n’avaient jamais eu de lien avec lui, omet cette antériorité ?

Un autre peuple toujours présent dans la région manque à l’appel dans la chronologie de l’AFP : citer les Croisés sans parler de la conquête arabe qui avait mis fin à la domination chrétienne n’a pas de sens. L’irruption des Arabes eut lieu – tant à Jérusalem qu’à Gaza – en 637, lorsqu’ils prirent le contrôle de la région sur les Byzantins. Les Palestiniens actuels, bien que souvent descendants de vagues migratoires plus récentes, sont les héritiers de cette première implantation musulmane.

Il est regrettable qu’un article traitant d’histoire contienne une chronologie si confuse.

Source infoequitable.org

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