CALCUL – Selon un chercheur français, « l’abstention différenciée » pourrait permettre à la candidate du Front National de créer la surprise au second tour de l’élection présidentielle dimanche 7 mai.
Véritable alliée de Marine Le Pen, « l’abstention différenciée » pourrait faire triompher la candidate frontiste, le 7 mai prochain, selon Serge Galam, physicien et directeur de recherche au CNRS. Mais qu’est-ce donc cette fameuse « abstention différenciée » ? Il ne s’agit là ni d’un sondage, ni d’une prédiction, mais bien d’une équation. La notion « d’abstention différenciée » est en réalité l’écart entre l’intention de vote déclarée dans les sondages et le vote effectif.
C’est-à-dire qu’un certain nombre d’électeurs (de droite comme de gauche) ayant déclaré, avant la qualification de Marine Le Pen au second tour dimanche dernier, vouloir voter pour un des challengers dans le but de faire barrage au Front national risque de ne pas se rendre aux urnes, explique l’expert dans une interview accordée au Figaro.
Pour quelle raison ? Contrairement à 2002, lors de l’affrontement final entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, son adversaire au second tour – en l’occurrence Emmanuel Macron – suscite une aversion à ne pas négliger (en témoigne l’épisode de la Rotonde). Et ce phénomène nouveau est à ne surtout pas négliger, prévient le physicien. Car portée par la logique du front républicain à l’époque, la gauche avait joué le jeu, même en traînant un peu des pieds. Mais 2017 n’est pas 2002 et la donne a clairement changé.
« Une abstention différenciée non excessive peut faire gagner Marine Le Pen, malgré un plafond de verre toujours actif », selon le Dr Galam. Calculette à l’appui, même avec moins de 50% des intentions de vote, Marine Le Pen peut se retrouver avec plus de 50% des votes exprimés selon lui.
Serge Galam, prédit que l’électorat de Marine Le Pen ne changera pas d’avis et ira voter, « en tout cas 90% d’entre eux ». A l’inverse, une partie des électeurs souhaitant barrer la route au Front national risque d’avoir du mal à voter pour Emmanuel Macron, le candidat qui se dresse face à elle. « Si ne serait-ce que 30% des électeurs qui ont annoncé qu’ils voteraient contre Marine Le Pen ne le font pas et choisissent l’abstention, cela suffira à la faire gagner », avance le physicien.
« Grâce à cette abstention différenciée, elle passerait de 44% d’intentions de vote à 50,25% des suffrages exprimés. Et ce, dans l’hypothèse où 10% seulement de ses propres électeurs s’abstiennent », explique celui qui est également directeur de recherche au CNRS. Pour la petite histoire, ce scientifique à l’origine du concept « d’abstention différenciée », avait – entre autres – prédit le Brexit, l’élection de Donald Trump et la défaite d’Alain Juppé à la primaire de la droite…
Source http://www.lci.fr/elections/presidentielle-2017-abstention-differenciee-qu-est-ce-que-cette-equation-qui-pourrait-faire-gagner-marine-le-pen-face-a-emmanuel-macron-2050014.html