La chronique de Michèle MAZEL
Hélas, la politique française au Moyen-Orient n’a pas encore secoué les poussières d’antan. En témoigne l’initiative du président Macron qui a, le 2 novembre dernier, téléphoné au président de l’Autorité palestinienne (dont le mandat, c’est un détail, a expiré depuis quelques années). Une autorité qui, c’est bien connu, bénéficie de la sollicitude et de la générosité de l’Union européenne en général et de la France en particulier. Ce qui ne l’a pas empêchée d’encourager les manifestations qui se sont déclenchées un peu partout dans les territoires palestiniens et même d’appeler à un «jour de colère» pour protester contre ce qu’elle considère comme des insultes au prophète de l’islam tandis que les commerçants palestiniens décidaient «spontanément» de boycotter les produits israéliens (décision non suivie d’effet, les commerçants ayant fait preuve de bon sens).
Là où la logique moyenne-orientale demandait une protestation ferme, la France a préféré, par la voix de son président, chercher l’apaisement en expliquant sa position. C’est à l’agence de presse palestinienne Wafa que l’on doit cette information [1] qui n’a guère été relayée par les médias de l’Hexagone. On comprend pourquoi à la lecture du communiqué : «Le président Mahmoud Abbas a souligné lors de cet appel téléphonique avec le président français, que chacun doit respecter les religions et les symboles religieux, de ne pas permettre de blasphémer le prophète Mahomet, ainsi que tous les prophètes et religions, et de condamner les auteurs».
En réponse, «le président Macron a affirmé son respect pour l’islam et le monde islamique, soulignant qu’il n’avait pas l’intention d’offenser l’islam et les musulmans, et qu’il distingue entre le terrorisme et l’extrémisme d’une part, et l’islam et le monde islamique d’autre part». Pour terminer, rapporte l’agence, «Le président Abbas a souligné le rejet de l’extrémisme, de la violence et du terrorisme, quelle qu’en soit la source ou les formes». Lors de cette conversation courtoise entre gens bien élevés, il n’a évidemment pas été question de l’antisémitisme inculqué aux petits palestiniens dès l’enfance grâce aux manuels scolaires joliment illustrés et financés par l’Union européenne, du refus de reconnaître une présence juive sur l’esplanade du Temple et des rentes généreuses accordées aux terroristes s’attaquant à des civils israéliens.
Si chatouilleux sur la question d’atteintes réelles ou imaginaires au prophète, le président Abbas n’a pas éprouvé le besoin de présenter des excuses, fut-ce en demi-teinte, pour les insultes à la personne d’Emmanuel Macron et à travers lui à la France qu’il représente, notamment en brûlant ou piétinant son effigie. Beaucoup plus grave encore, alors que le président français «a exprimé la fermeté de la position française en faveur de la réalisation de la paix sur la base de la solution à deux États, conformément au droit international, et que la France est prête à poursuivre ses efforts pour atteindre cet objectif», Mahmoud Abbas n’a semble-t-il pas fait preuve de réciprocité. Il n’a pas remercié son interlocuteur et surtout il s’est bien gardé de s’engager à publier des déclarations apaisantes et à appeler les citoyens palestiniens à arrêter les manifestations et protestations anti-françaises.
Sans doute Monsieur Macron n’avait pas en tête le vieil adage français, «oignez vilain il vous poindra, poignez vilain il vous oindra».