Par Richard Flurin
De notre envoyé spécial à Rennes,
«Ça suffit de vous bourrer le crâne !»
Au rang des «victoires» de son camp, Jean-Luc Mélenchon a également mis en bonne place le vote de la motion de rejet par l’Assemblée nationale lundi dernier. «On a voté une motion présentée par un des groupes de la Nupes, sur un texte d’un groupe de gauche, et on a gagné. Nous ne sommes unis à personne !», a-t-il tonné après avoir regretté avoir «lu que nous avions uni nos voix à celles de LR et du Rassemblement national». Il s’en est pris vivement au «refrain» de la «sphère médiatique» qui consiste à faire de Marine Le Pen la grande gagnante. «On vient de battre le RN avec une motion de rejet de gauche et on dit que c’est le RN qui a gagné ? Ça suffit de vous bourrer le crâne, de vous faire croire que l’on a perdu d’avance», s’est emporté Jean-Luc Mélenchon, qui est entré sur scène aux cris d’«Union populaire» et sous les vivats de la foule. Il est vrai qu’à Rennes, le leader insoumis est en terrain presque conquis puisqu’il y a rassemblé un peu plus de 36% des voix en 2022, dominant largement le scrutin dans la métropole bretonne.
Le sujet des élections européennes, qui ont lieu dans un peu plus de six mois, a brillé par sa quasi-absence au cours des deux heures de discours. Tout juste le leader insoumis a-t-il déclaré au moment de conclure : «Nous allons mener une bataille», confirmant à demi-mot la présence d’une liste LFI lors du scrutin. S’il regrette que les analystes disent de son parti et de lui qu’ils comptent «enjamber» cette échéance électorale, reste que Jean-Luc Mélenchon a bien davantage parlé de l’élection présidentielle. Celle qu’il a perdue «d’un cheveu» ou «à très peu» au premier tour il y a un an et demi, mais aussi, à mots plus couverts, celle qui se profile. «Nous allons poursuivre cette stratégie de candidature commune avec ceux qui sont d’accord sur le programme que nous ne changerons pas d’une seule page», a assuré le leader de la France insoumise. L’«union populaire» plutôt que l’union des gauches, en somme. Comme un air de déjà-vu.