Comment les manifestants « pro-palestiniens » nuisent réellement aux Palestiniens
par Khaled Abu Toameh
Ces Palestiniens vivent sous deux dictatures corrompues, qui placent toutes deux les intérêts de leurs dirigeants au-dessus de ceux du peuple.
Nous n’entendons jamais la voix de ces manifestants lorsque l’Autorité palestinienne (AP) et le Hamas commettent des violations des droits de l’homme contre leurs propres citoyens.
Les violations massives commises par les dirigeants palestiniens contre leur propre peuple au cours des 30 dernières années comprennent une répression impitoyable contre les journalistes, les opposants politiques, les militants des droits de l’homme, les avocats et les étudiants universitaires.
Il est difficile de dire que les manifestants anti-israéliens ne sont pas conscients de ces violations. Elles ont été largement documentées par des groupes de défense des droits de l’homme palestiniens et étrangers.
Existe-t-il des médias libres en Palestine ? Non. Existe-t-il un parlement qui fonctionne ? Non. Y a-t-il des élections générales ? Non. Les protestations contre les abus des dirigeants ne sont-elles pas sanctionnées ?
Les dernières élections parlementaires ont eu lieu en 2006 et les dernières élections présidentielles en 2005. Cela signifie que le président de l’AP Mahmoud Abbas est sur le point d’entrer dans la 19e année de son mandat de quatre ans.
Même si les organisations palestiniennes et internationales de défense des droits de l’homme expriment leur inquiétude face aux violations des droits de l’homme commises par l’AP et le Hamas, nous ne voyons ni n’entendons aucune protestation sur les campus universitaires aux États-Unis, au Canada ou en Europe.
Les individus et groupes dits pro-palestiniens en Occident ferment délibérément les yeux sur la situation difficile des Palestiniens vivant sous l’autorité de l’AP et du Hamas. La raison ? Tant qu’Israël ne peut pas être tenu pour responsable des violations des droits de l’homme, les manifestants « pro-palestiniens » ne semblent pas s’en soucier. Aux yeux de la plupart des médias internationaux, ces abus incessants contre le peuple palestinien n’ont jamais eu lieu.
Les journalistes étrangers qui couvrent le conflit israélo-palestinien ont tendance à fermer les yeux lorsque les Palestiniens se plaignent de l’oppression exercée par l’Autorité palestinienne et le Hamas. Ces journalistes semblent être occupés à rechercher exclusivement des informations qui pourraient donner une image négative d’Israël. Ils ne s’intéressent qu’aux informations qui ont une dimension anti-israélienne.
On peut se demander si les manifestants sont vraiment pro-palestiniens ou s’ils cherchent simplement un moyen « respectable » et politiquement correct d’exprimer leur haine envers les Juifs.
Si les militants « pro-palestiniens » aux États-Unis et au Canada avaient prêté attention aux mesures répressives du Hamas contre leur propre peuple dans la bande de Gaza, les Palestiniens de cette région se trouveraient aujourd’hui dans une situation bien meilleure. Ils auraient bénéficié d’un véritable système éducatif au lieu d’un système conçu pour les endoctriner par la haine. On leur aurait enseigné des compétences qui leur permettraient de trouver des emplois lucratifs. Ils auraient bénéficié d’une gouvernance responsable, de la liberté d’expression et de la presse, et d’une justice égale devant la loi – des libertés dont les manifestants jouissent librement mais qu’ils semblent tenir pour acquises.
Avons-nous jamais entendu un mot de ces militants lorsque le Hamas privait son peuple de l’aide internationale et détournait les fonds internationaux pour construire un vaste réseau de tunnels et fabriquer des armes au lieu de créer un « Dubaï sur la Méditerranée » ? Pas une seule fois.
Avons-nous jamais entendu un mot de ces manifestants moralisateurs lorsque les policiers et les miliciens du Hamas battaient, arrêtaient et tiraient sur les habitants de la bande de Gaza qui descendaient dans la rue pour protester contre les difficultés économiques ou lorsque des journalistes étaient arrêtés, torturés ou tués ? Jamais.
Il en va de même pour les Palestiniens de Cisjordanie. Nous avons rarement, voire jamais, entendu des individus et des groupes « pro-palestiniens » en Occident dénoncer la corruption financière et administrative des institutions gouvernantes de l’AP. Les pro-palestiniens de Cisjordanie savent pertinemment ce qui pourrait leur arriver s’ils le faisaient.
Au cours des dernières semaines, des agents de sécurité de l’Autorité palestinienne ont abattu six Palestiniens dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie. L’une des victimes, la journaliste Shatha al-Sabbagh, aurait été abattue par un tireur d’élite de l’Autorité palestinienne alors qu’elle se trouvait devant sa maison dans le camp.
De nombreux rapports font également état de violations des droits de l’homme par l’Autorité palestinienne, notamment de passages à tabac, de tortures et d’arrestations arbitraires.
Nous attendons toujours de voir si les militants « pro-palestiniens » des campus universitaires occidentaux organiseront une manifestation contre les mesures de répression de l’AP. Personne n’a organisé de telles manifestations lorsque les agents de sécurité de l’AP ont battu à mort l’éminent militant palestinien des droits de l’homme Nizar Banat en 2021.
Il n’est probablement pas réaliste d’espérer que les manifestants « pro-palestiniens » dénoncent les violations des droits de l’homme commises par l’AP et le Hamas. Au fond, on peut penser que ces professeurs et étudiants ne se soucient pas vraiment des Palestiniens, mais seulement de la haine des Juifs.
Les individus et les groupes « pro-palestiniens » devraient essayer de comprendre qu’en se rangeant du côté du Hamas, ils nuisent au peuple qu’ils prétendent soutenir, les Palestiniens, et non les aident. Ils devraient aussi essayer de comprendre qu’en dirigeant leur haine contre Israël, ils encouragent le Hamas et les radicaux parmi les Palestiniens à accroître leurs exactions.
Les militants « pro-palestiniens » ne cessent de montrer que tout ce qu’ils ont à offrir, c’est la haine des Juifs et d’Israël. Les véritables défenseurs des « pro-palestiniens » sont ceux qui veulent une bonne vie pour les Palestiniens, et non ceux qui les encouragent à adhérer à un Hamas brutal et corrompu. Encourageraient-ils le peuple iranien à se soumettre aux ayatollahs, ou les Ouïghours à adhérer au Parti communiste chinois ?
Au lieu de rester assis confortablement dans un campus où personne ne les arrêtera, ne les torturera ou ne les tuera pour avoir parlé, ces militants devraient plutôt exhorter le Hamas à libérer les 100 otages israéliens qu’il détient dans la bande de Gaza depuis les atrocités du 7 octobre 2023. Ce serait le moyen le plus rapide et le plus efficace de mettre fin à la guerre actuelle dans la bande de Gaza. Le véritable message est le suivant : si vous ne voulez pas que votre peuple soit tué, ne déclenchez pas de guerre.
Au lieu d’appeler au boycott et aux sanctions contre Israël, les étudiants « pro-palestiniens » pourraient inviter Israéliens et Palestiniens sur leurs campus pour construire, et non détruire, des ponts entre les deux peuples. Si ces manifestants occidentaux veulent vraiment aider les Palestiniens, au lieu de leur transmettre des messages de haine, ils pourraient leur proposer de bons salaires et des emplois.
Malheureusement, les manifestations « pro-palestiniennes » se sont révélées n’être rien d’autre qu’un moyen détourné de propager la haine, de délégitimer Israël et de diaboliser les Juifs.
Khaled Abu Toameh est un journaliste primé basé à Jérusalem.
