Autour de la table de Chabbat, n° 299 Hol Hamo’éd Souccoth
Le mérite de cette étude sera pour la refoua cheléma d’Arielle bath Rahel (famille Ferhadian de Saint-Brice) et de de tous les malades du klal Israël
Mardi 28 septembre ainsi que mercredi 29 seprembre en ‘houts la-haretz on fêtera le dernier jour de Souccoth, Chemini Atséret (traduction littérale: le 8° jour de clôture). C’est aussi le jour qui a été choisi par les Sages pour célébrer Sim’hath Tora. En France, cela tombera mercredi où l’on dansera avec tous les Sifré Tora en l’honneur de la conclusion la lecture des parachioth.
Il existe une intéressante discussion entre le Choul’han ‘Aroukh et le Rema (Ora’h ‘Haim 668) pour savoir si on doit mentionner le mot « ‘Hag / fête » à la mention de Chemini ‘Atséret. En effet d’une manière générale, tous les jours de fêtes on intercale dans la prière quotidienne la mention du jour saint. Par exemple à Soucoth on dira « ‘Hag Hassouccoth », pour Pessa’h : »‘Hag Hapessa’h ». Seulement pour Chemini ‘Atséret qui est pourtant un jour férié d’après le Rama on ne dira pas ‘Hag Chemini ‘Atséret seulement « Chemini ‘Atséret »sans la précision que c’est ‘Hag, jour de fête. Tandis que d’après le Choul’han ‘Aroukh on dira » Chemini Hag Hatséret ». Qu’elle est le sens de cette discussion?
En fait, Chemini Atséret n’est pas une fête comme les trois autres fêtes du calendrier (Pessa’h, Chavou’ot et Souccoth). C’est un jour férié, Yom Tov, mais ce n’est pas une fête de pèlerinage comme les autres. Par exemple, lors des trois fêtes, il existait la Mitsva de monter à Jérusalem, de voir le Temple et d’apporter des sacrifices. Chaque Juif avait la Mitsva d’apporter plusieurs sacrifices (Korban Reiah et un autre de Sim’ha) durant les six jours de Hol Hamo’éd. Seulement pour le dernier jour de Souccoth, Chemini Atséret il n’existait pas la Mitsva de monter à Jérusalem et donc d’apporter un sacrifice. Notre pèlerin par exemple qui se rendait à Jérusalem pour Souccoth pouvait tranquillement retourner chez lui et finir le dernier jour de fête à la maison. On aura donc compris la raison du Rema qui ne mentionne pas « ‘Hag » dans la prière. Tandis que d’après le Choul’han ‘Aroukh, il est d’accord avec le Rema que Chemini Atséret n’est pas une fête de pèlerinage. Toutefois, puisque ce jour est saint et qu’il clôture la fête de Souccoth, on rajoutera « Hag » en le mentionnant.
Le Sfat Emet, un des premiers « Rabbis » de la ‘Hassidout Gour, donne une intéressante explication sur Chemini Atséret, Souccoth année 5662 (1902). Chaque fête du calendrier dévoile un peu de la Présence divine sur terre.
Lorsque le pèlerin arrivait à Jérusalem et apportait les sacrifices de la fête: il accédait à un plus grand niveau de crainte du ciel ! Le fait de voir les Cohanim dans leur service divin et les sacrifices être consummés sur l’Autel du Beth Hamikdach cela éveillaient des sentiments de crainte et de révérence vis à vis de Celui qui réside dans ces lieux. De plus, chaque Juif devait apporter deux sacrifices (Korban Reihya et korban Sim’ha) à la vue du Beth Hamikdach. Or la vue: Reyha c’est le même mot (à l’envers) que Yireah/la crainte. Le Sefat Emet explique, que chaque Juif qui arrivait au Temple, par le biais des sacrifices accédait à la crainte du Ciel ! D’autre part, chaque fête avait son influence particulière. En effet, chaque fête était liée avec le service particulier de nos patriarches. On sait qu’Avraham (lié avec Pessa’h) a fait découvrir Hachem au travers l’amour et la générosité, tandis que Yts’hak (fête de Chavou’oth) servit D’ par la grande crainte (prière) et Ya’akov (fête de Souccoth) au travers du Emet/ la vérité. Le rav dit que lorsqu’un Juif arrivait au Temple à Pessa’h il était imprégné de la crainte à travers le prisme de l’amour inauguré par Avraham. A Chavou’oth, le Juif percevait la crainte au travers de la peur d’Its’hak tandis que Souccoth était lié avec le service de vérité de Ya’akov. A vrai dire ce sont des notions difficiles à appréhender, mais c’est toujours intéressant d’en prendre connaissance.
Or, pour Chemini Atséret il n’existait pas d’obligation d’apporter de sacrifice « Reiyha » car ce n’était pas une fête de pèlerinage. Explique le rav, Chemini Atséret est lié avec notre maître, Moché Rabénou ! C’est Moché qui a fait descendre la Tora sur terre et c’est d’elle, la Tora, que chaque Juif puise sa crainte du Ciel ! Or cette Tora n’est pas l’apanage d’un endroit particulier sur terre ! Et tout celui qui l’étudie Lichma/pour elle-même, dévoilera la présence divine sur terre ! Donc on aura bien compris que la raison pour laquelle le jour de Sim’hat Tora nous dansons avec les Sifré Thora, c’est pour accéder au même niveau de crainte que si l’on avait offert un sacrifice au Temple !
Ecrire à ‘Hol Hamoéd
On sait que ‘Hol Ham’oéd sont des jours de demi-fêtes. Ce n’est pas chômé comme le Yom Tov mais on ne pourra pas pour autant vaquer à nos occupations coutumières. Le travail courant est interdit. Cependant il existe des permissions comme par exemple s’il y a perte d’argent (davar aved) ou si c’est pour les besoins de la fête ou encore si on a besoin de travailler pour se nourrir. On s’attardera sur l’interdit d’écrire durant ces jours Ecrire fait aussi partie des travaux qui sont interdits lors des jours de demi-fête. Cependant, d’après le principe que pour une perte on a le droit de faire un travail, alors écrire par exemple dans son carnet le numéro de téléphone d’un ami: cela fait AUSSI partie de « davar aved », car on risque de perdre cette information si on attend la fin des fêtes pour le noter ! Quant à écrire sur son ordinateur, ce n’est pas considéré comme une écriture et donc pendant ‘Hol Hamo’éd il est permis d’écrire (Psakim rapportés dans Dirchou siman 545) Qu’en est-il des Divré Tora? La réponse est donnée dans le Choul’han ‘Aroukh (545.9) qui tranche qu’il est permis d’écrire les paroles de Tora entendues au Beth Hamidrach (si on ne le fait pas on risque de les oublier et donc cela fait partie de la permission globale de ne pas arriver à une perte). Le Michna Beroura ajoute qu’on peut même écrire ses propres ‘Hidouchim pour 2 raisons. La première, s’il y a aussi perte si on attend de les écrire après les jours de fêtes et la deuxième, à chaque instant il y a la Mitsva pour l’homme d’étudier la Tora. C’est qu’un Juif doit tout le temps RENOUVELER sa Tora. Comme le dit le Roch Yechiva de Kéter Chelomo rav Samuel chlita: « L’étude des textes saints n’est pas une obligation, mais c’est un vrai KIFF/plaisir! ». Pour revenir à notre développement, comme un homme doit renouveler tout le temps sa Tora, s’il attend pour écrire la fin des fêtes, c’est un nouveau temps qui arrive. Puisqu’il doit renouveler sa Tora, il n’y a pas de possibilité d’attendre après la fête ! Cependant on posera une question à nos bons lecteurs. Le Michna Beroura parle aux Talmidé ‘Hakhamim de son époque, or pour le commun des mortels nos ‘Hidouchim ne sont pas forcément de cette trempe ! On peut répondre à cela selon le rabi Haim de Wolozin (extrait du livre Binian Olam p.73) qui enseigne que le ‘Hidouch c’est DEJA le fait d’éclaircir les lois de la Tora pour soi-même! On n’a PAS besoin d’arriver au niveau du gaon Rabbi Akiva Eiger pour que nos Divré Tora soient considérés comme des ‘Hidouchim! Le fait qu’à notre petit niveau nous avons réussi à écrire un résumé du cours ou de la Guemara, c’est déjà très apprécié dans le Ciel! Le deuxième point qui est d’écrire des choses fausses. Là aussi ce n’est pas une raison suffisante pour nous dispenser d’écrire. On explique que le Chaaré Techouva (sur le Choul’han ‘Aroukh 546) rapporte le Mahari Mariach « dans le Ciel chaque personne qui médite et réfléchit à des paroles de Thora et de Halakha est AIMEE et APPRECIEE par le Roi dans les cieux…. » |
Et si pour une perte d’argent il est permis de travailler à Hol Hamoéd, alors à plus forte raison doit-on craindre la perte des pierres précieuses que sont les idées et la logique des Sages du Talmud et de la
Thora. Et tous ceux qui écrivent leurs paroles reçoivent un mérite pour cela. Fin de l’extrait.
Donc on voit finalement que même si on n’a pas réussi à dévoiler le Emet/la Vérité de la Tora, le fait même de s’occuper des paroles de Tora c’est un mérite largement suffisant pour les écrire.
Faire des petits signaux dans nos vies
Notre histoire véridique traite cette fois des souvenirs d’enfance d’un Juif, rabbi Avraham Bergman. Vers la fin de sa vie, cet homme se rappelait de sa tendre enfance comme enfant de Jérusalem, il y a près de 80 ans. A l’époque, le rav du vieux Yichouv de Jérusalem était le Tsadik rav Yossef ‘Haim Zonnenfeld zatsal (décédé en 1948). Pour Simhat Tora, le rav avait l’habitude de danser avec les enfants lorsqu’il entonnait « Ein Kélo-hénou » c’est un passage qui est dit tous les jours à la fin de la prière. Tous les enfants de la synagogue l’entouraient. Avramlé diminutif d’Avraham était alors encore tout jeune garçon, il s’approcha du rav et lui posa une question. Le Rav de sa hauteur se pencha vers le jeune enfant et lui demanda de parler. Le petit Avramélé dit alors : « J’ai une question sur votre chant! Voilà qu’on dit dans cette prière : » Ein Ké Lo-hénou, « il n’existe rien qui équivaut Hachem! » Puis on dit « Ein KaAdonénou » c’est qu’il n’y a rien qui ressemble à notre maitre D’. Puis on dit « Mi Ké-Lo-Hénou »: qui est comme notre D’ ? Mi Kéadonénou » qui est comme notre maître ? » Or, continu Avramélé, « normalement on aurait dû commencer par la question: « Qui est comme notre D’ ? » et finir par « Rien n’équivaut à Hachem » car c’est une réponse!! Donc pourquoi l’ordre est inversé? « Fin des paroles intelligentes du petit Avramélé!
Le rav répondit en lui souriant: « Ta question montre que tu es intelligent! Je vais te donner une allégorie et tu comprendras ! Tu connais la grotte du roi Tsidkiahou à côté de la porte de Chekhem de la vieille ville de Jérusalem, c’est une grotte à l’entrée de cette veille ville. Dans le reste du monde il existe des grottes encore beaucoup plus profondes que celle-là. Or, la lumière du soleil n’atteint pas le fond de la grotte. Là-bas il fait noir tout le temps. Je te poserais la question suivante : comment un homme peut pénétrer dans la grotte même avec une torche jusqu’au fond et ressortir indemne sans se perdre ? Un homme intelligent ne se pressera pas d’entrer dans l’obscurité, d’abord il parsèmera son chemin de signes afin de lui indiquer la route à suivre au retour! Ici il placera une pierre rectangulaire, là un bâton, etc… Quand il voudra ressortir de la grotte il pourra retrouver son chemin. Or l’imbécile par contre s’empressera de s’engouffrer au plus profond sans réfléchir à l’incidence future de son acte ! Or, en très peu de temps il fera nuit noire et pour retrouver son chemin de retour il lui faudra beaucoup de miséricorde Divine ! Et c’est connu que beaucoup de gens se sont perdus dans ces grottes et sont morts de faims dans la plus totale obscurité ! Donc les signaux que l’on fait sont des gardes fous pour ressortir vivant de l’aventure! Dans la vie, c’est pareil ! Un Juif a l’obligation de se faire des signes afin de ne pas se perdre! C’est pourquoi dans la prière on commence par « Ein Kélo-hénou » c’est un premier signe ! Si tu as peur de te perdre entre toutes les idéologies que te propose la vie, sache que notre D’ ne ressemble à aucun autre ! « Ein Ké Hadonénou » deuxième signe, notre D’ ne ressemble à aucun maître ou boss du monde ! Voilà que chacun est limité et leur aide est très ponctuelle ! Après que l’on a bien établi que rien n’équivaut à notre D’, alors on peut commencer à se demander, quel est donc notre D’, quel est donc notre vrai Maître? Ce sont des questions profondes et précises qui ne peuvent être posées qu’après avoir bien établi que rien ne L’égale ! » Le rav continua son explication est d’un coup il s’arrêta et me dit par son esprit saint : « Je vois mon enfant que dans un certain temps tu seras obligé de quitter Jérusalem durant de très nombreuses années… Toute cette période n’oublie surtout pas de faire des signaux sur ton chemin pour que tu ne viennes pas à t’égarer ! C’est eux qui seront tes gardes fous ! Souviens-toi bien de mes paroles, Avramélé ! » Fin du récit du Sim’hath Tora qui remontait à des dizaines d’années en arrières. Et le vieux Avraham continua : « 40 années j’ai parcouru l’Europe toute entière, j’ai vécu les affres de la Shoah dans ma chair ! A maintes reprises j’ai failli tout abandonner, ma foi et ma vie ! Seulement j’avais devant moi la silhouette du rav et ses paroles prophétiques qui m’ont données les forces de surmonter les obstacles et de garder des signaux dans mon cheminement ! Ces paroles, je les ai fixées profondément dans mon être, et c’est elles qui m’ont aidé à sortir de l’obscurité totale dans laquelle j’étais placé ! »
Shabbat Chalom et de bonnes fêtes de Souccoth et de Sim’hat Tora pour les Rabanim, les Avrékhim tous mes lecteurs et le Clall Israël !
Hag Saméah et à la semaine prochaine, si D’ le veut
David Gold
Ces paroles seront étudiées Léylouï Nichmat de ma grand-mère Débora (Dora) Bat Sonia Tihié Nichmata Tsroura bé Tsror Ha’haim (Yom Hachana 3° jour de Soukot)