Je voudrais réagir au courrier de U. O. A. (« un observateur atterré »), que vous avez publié dans votre avant-dernier numéro.
Il y parle des manifestations « fières », qu’il qualifie de « lamentablement affligeantes », ce avec quoi je suis parfaitement d’accord.
Cependant, la suite m’a profondément dérangé. Il y écrit : « Si ces gens-là, pour se disculper, invoquaient la présence d’un simple instinct animal en eux, cela passerait, mais c’est également faux : est-ce que des singes se comportent ainsi ? »
Pour ma part, je ne connais pas les mœurs des singes. Toutefois, en tant qu’administrateur du site GYE (Guard Your Eyes – Protège tes yeux) en français, j’ai fait connaissance avec ce problème chez les « humains ».
Laissez-moi vous dire simplement : « Al tadoun eth ‘haverkha ad chetaguia’ limekomo » (ne jugez pas votre prochain tant que vous n’êtes pas à sa place).
Surtout, ne parlez pas de façon péremptoire d’un sujet que vous ne connaissez absolument pas.
Il est important de faire la différence entre la pratique de l’homosexualité, strictement interdite par la Tora – et qu’il n’y a sûrement pas lieu de revendiquer, encore moins fièrement –, et l’attirance homosexuelle, qui n’est pas un choix ! Les qualificatifs que vous employez à son propos s’avèrent totalement déplacés !
Il y a des gens exemplaires en tous points, respectueux de la Tora et des mitswoth – certains sont même des Talmidé ‘Hakhamim –, qui, pour des raisons psychologiques profondes, qui le plus souvent leur échappent à eux-mêmes, éprouvent une attirance pour le même sexe.
Imaginez-vous un seul instant leur calvaire au quotidien ? Je ne vais pas vous faire de descriptions, mais pensez seulement à la difficulté de ne pas avoir les barrières élémentaires présentes dans tout milieu religieux, entre les hommes et les femmes.
Songez à leur solitude. Ils ne peuvent même pas se confier : le plus souvent, ils se heurteraient à la même incompréhension que celle dont vous faites preuve. Ils seraient alors immédiatement bannis de leur société !
Ces gens luttent tous les jours pour ne pas céder à ce terrible Yétser hara’. Ils tombent parfois, peut-être, mais se relèvent et reprennent le combat ! Peu nombreux sont ceux qui ont autant de courage qu’eux !
Estimez-vous heureux de pouvoir rester simple « observateur ». Eux sont « acteurs » malgré eux, et doivent se battre quotidiennement pour éviter de chuter.
Je ne vous demande pas de les comprendre, vous ne le pouvez certainement pas.
Je ne vous demande pas non plus de compatir.
Je vous demande seulement de les respecter.
Enfin, sachez que GYE est là, entre autres, pour proposer de l’aide et des outils concrets à ceux qui sont confrontés à ces difficultés, et pour les accepter tels qu’ils sont, sans les juger.
Y., administrateur du site GYE en français