Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a adressé aujourd’hui depuis Jérusalem une pique à peine voilée aux démocrates américains sur l’antisémitisme, après les propos controversés d’une élue musulmane sur le soutien des Etats-Unis à Israël.
«Toutes les nations, notamment dans l’Occident, doivent monter au créneau» contre «la vague sombre de l’antisémitisme qui monte en Europe et aux Etats-Unis», a-t-il déclaré aux côtés du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. «Malheureusement, aux Etats-Unis, nous avons entendu des propos antisémites jusque dans les grandes allées de notre propre capitale», a-t-il ajouté. L’allusion au débat houleux qui agite le Parti démocrate est claire.
Issue des rangs démocrates, Ilhan Omar, seule élue du Congrès à porter le voile islamique, a dénoncé fin février le fait que certains lobbies poussent à faire «allégeance à un pays étranger», dans une référence à l’organisation Aipac. Benyamin Netanyahou et Mike Pompeo doivent tous deux s’exprimer la semaine prochaine à Washington à la grande rencontre annuelle de ce puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis.
De nombreuses voix se sont immédiatement élevées pour dénoncer des propos rappelant, selon elles, le stéréotype sur la «double allégeance» supposée des Juifs, qui ne seraient pas «loyaux» au pays où ils vivent. En réponse à la polémique, la Chambre des représentants américaine, contrôlée par les Démocrates, a approuvé à une écrasante majorité une résolution condamnant les discours de «haine». Ilhan Omar a elle-même voté en faveur du texte qui «condamne l’antisémitisme comme une expression odieuse d’intolérance, contradictoire avec les valeurs et les aspirations qui définissent le peuple américain, et condamne les discriminations antimusulmanes, ainsi que l’intolérance contre toute minorité». Mais le président Trump s’est emparé de la controverse pour accuser le Parti démocrate d’être devenu «anti-Juifs» et «anti-Israël».