Paracha Ki Tissa – Évitons de trouver des permissions pour transgresser le Chabbath
«Gardez donc le Chabbath, car c’est chose sainte pour vous !» (Chemoth 31,14).
Il existe une histoire extraordinaire sur rabbi Moché Leib de Sassov zatsal, qui nous donne une leçon sur le respect du Chabbath : un jour, le rabbi de Sassov se rendit dans un village une veille de Chabbath et aperçut un Juif collecteur d’impôts qui vendait des liqueurs à des non-Juifs. Il était en pleine activité et on n’aurait pas dit que le Chabbath approchait à grands pas. Le rabbi fit remarquer à l’homme : « Le Chabbath commence bientôt, et il est interdit de faire du commerce le Chabbath. »
Le collecteur d’impôts lui répondit : « Je suis dans l’incapacité de cesser cette activité le Chabbath. Mon épouse et mes enfants dépendent de moi, et si je ferme mon café le Chabbath, mes clients iront chercher ailleurs, et je n’aurai plus de moyens de subsistance. » Mais le rabbi persista : « Malgré tout, tu es tenu de fermer ta brasserie. Nos Maîtres nous enseignent que celui qui respecte le Chabbath selon la Halakha ne subit aucune perte en conséquence.»
Le Juif accepta de se plier à la demande du rabbi et de fermer son établissement le Chabbath et les fêtes, et annonça aux paysans que dès le Chabbath suivant, il serait fermé.
Lorsque les paysans l’apprirent, ils dénoncèrent le Juif au propriétaire terrien, et rapidement celui-ci arriva sur les lieux et lui demanda sur un ton colérique : « Comment oses-tu imposer de nouveaux horaires à mon café, de ta propre initiative ?!» Le Juif répondit innocemment : « Mon maître, jusqu’il y a peu de temps, j’ignorais que la Tora nous interdit de commercer le Chabbath, mais un Juif très instruit est venu ici, un érudit en Tora, et m’a expliqué que jusqu’à maintenant, je ne m’étais pas conduit comme un bon Juif. Il m’est en effet interdit de vendre de l’alcool le Chabbath. »
Le seigneur répondit : « Il me semble que ce Juif intelligent ne serait pas prêt à supporter la perte financière afin de respecter le Chabbath, mais cependant, il exige ceci de ta part. J’aimerais le tester, pour voir s’il surmonte une épreuve similaire et si c’est le cas – je te permettrai également de fermer le café le Chabbath !»
Le Chabbath suivant, le seigneur emprunta tôt le matin le sentier que prenait le rabbi pour la prière de Cha’harith, et déposa quelques gros billets à terre. Il se cacha ensuite derrière des buissons au bord de la route.
Moins d’une heure plus tard, il aperçut la silhouette du rabbi de loin, qui marchait sur ce sentier. Il remarqua les billets éparpillés sur la route, mais poursuivit la route comme s’il ne les avait pas remarqués. Il avança et soudain, revint sur ses pas, se rapprocha des billets, se pencha et les observa attentivement. Le rabbi leva la tête vers le haut et élança ses bras en prière pendant quelques instants, puis s’éloigna aussitôt des lieux.
Le seigneur sortit alors de sa cachette et accourut en direction du Tsadik, à qui il lança : « Homme saint ! Tu as surmonté l’épreuve, je te demande pardon pour avoir mis en doute tes propos, je viens d’être témoin de ton abnégation : compte tenu de la sainteté du Chabbath, tu as renoncé à une importante somme d’argent. Je tiendrai donc ma parole et permettrai à mon employé de fermer les portes de mon établissement le Chabbath. »
Le seigneur l’interrogea ensuite : « Pourquoi es-tu passé la première fois à côté des billets sans hésiter, puis tu es revenu sur tes pas, tu t’es penché vers le sol, comme pris d’un doute, et tu as commencé en prière ?»
Le Rabbi répondit : « La première fois, lorsque je suis passé devant les billets, je n’ai pas hésité un instant, c’est Chabbath aujourd’hui ! Mais dès que je suis parti, mon yétser hara m’a soufflé : « tu as besoin de cet argent pour une Mitsva, le pidiyon chevouyim (rachat des captifs), dont tu t’occupes régulièrement. Je pourrais peut-être m’autoriser à faire un geste pour que ces billets restent ma propriété jusqu’à l’issue du Chabbath, car le rachat des captifs fait peut-être partie des lois du Pikoua’h néfech qui reporte le Chabbath. » Tout en me faisant ces réflexions, je revins sur les lieux où se trouvaient les billets pour vérifier s’ils étaient en nombre suffisant pour ce rachat des captifs. Je me rendis compte que la somme correspondait de manière prodigieuse à la somme nécessaire généralement à cette mitsva. Le mauvais penchant poursuivit son argumentation : « tu vois que du Ciel, on a mis à ta disposition ce trésor afin que tu puisses accomplir cette grande Mitsva. » Je ne savais pas quoi faire.
J’ai levé alors les bras au Ciel, implorant le Créateur de m’accorder du bon sens. Très rapidement, mon esprit s’éclaircit et je décidai : je ne vis pas une situation de pikou’ah néfech, et si Hachem désire par la suite me faciliter la tâche du rachat des captifs, c’est Lui qui détient l’argent, et Il est capable de mettre à ma disposition une somme d’argent dont l’origine sera nullement douteuse ! »
Cette histoire nous enseigne que l’on ne doit pas chercher de permissions pour se permettre de transgresser des interdits du Chabbath pour obtenir de l’argent, même si notre but est de se servir de cet argent pour une Mitsva.
La théorie des chrétiens et des autres nations du monde est que la fin justifie les moyens, mais le judaïsme suit une autre voie. Tout comme il est interdit de voler une Matsa dans le but d’accomplir la Mitsva de consommer la Matsa, et une Mitsva réalisée avec une Matsa volée est répugnante aux yeux de Hachem, de même, Hachem déteste les Mitsvoth réalisées en conséquence d’une profanation du saint Chabbath, de quelque manière que ce soit. Comme Il détient l’argent, vous ne gagnerez rien à transgresser Sa volonté.
Nous trouvons dans notre paracha une allusion à cette idée dans ce verset : «Gardez donc le Chabbath » : respectez le Chabbath intégralement sans chercher des permissions dans le but de gagner de l’argent, « car c’est chose sainte pour vous ! » : c’est le Saint béni soit-Il qui pourvoit à tous vos besoins.
Chabbath chalom !