L’étincelle qui s’enflamme – au sens propre !

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Yvan était un type grossier et corpulent, cupide et insolent, qui en temps normal, ne s’attirait pas les faveurs des autres. Rien de bon ne pouvait sortir d’une rencontre avec tel type, qui n’avait jamais fait de bien à personne. Mais dans certains cas, lorsqu’on avait besoin de lui, il était émouvant de l’entendre frapper à la porte…

Le protagoniste de notre récit se nomme Yits’hak, un Juif intègre qui résidait dans un petit village situé à la frontière hongroise. Il se réveilla un jour au son des tambours de la guerre des russes, et comprit rapidement que son sort était scellé : le petit village où il résidait était conquis par les autorités communistes. Il comprit la signification de cette conquête soviétique et prit aussitôt une décision : fuir avec sa famille le village vers le centre de l’Europe, loin de la tyrannie russe.

Il choisit Yvan comme intermédiaire pour l’aider à franchir la frontière clandestinement. Yvan connaissait parfaitement la forêt et les fissures dans la barrière, chaque montagne et chaque vallée. Il connaissait exactement l’emplacement des soldats russes, et pouvait soudoyer les soldats lorsqu’il était parfois découvert. De plus, il était armé et savait se servir de son arme…

Yits’hak paya à l’avance la somme demandée, et attendit la date du soir de l’évasion. Un soir, Yvan frappa à la porte de Yits’hak et lui annonça : « Nous partons maintenant ! » Yits’hak réunit rapidement sa famille et quelques affaires, et ils rejoignirent un groupe important qui suivait Ivan.

La route n’était pas aisée. Ils grimpèrent sur une montagne élevée lorsque la nuit se mit à tomber, puis redescendirent au bas de celle-ci dans le noir, puis ils continuèrent à avancer dans les ronces et les buissons, dans les champs et les ruines abandonnées. Yvan les guida habilement, tout en fixant deux règles immuables : « On ne doit faire aucun bruit ni parler ! Il est bien entendu interdit d’allumer la moindre lumière. La zone que nous traversons est entourée de toutes parts de soldats russes. Soyons prudents afin de ne pas attirer leur attention, c’est un danger de mort ! »

Ils marchent pendant plusieurs heures, lorsque soudain, Yits’hak se souvient qu’il n’a pas allumé les bougies de ‘Hanouka. Il presse le pas et rejoint Yvan qui est en tête. Il lui souffle à l’oreille : « Je voudrais allumer quelques bougies, pour quelques minutes ! » Yvan l’écouta, et dans l’obscurité, on vit son visage rougir de colère. Il ne hurla pas sur Yits’hak par crainte des Russes, mais lui indiqua d’un geste de la tête son refus absolu, prenant un air menaçant !

Yits’hak comprit qu’il n’avait pas le choix et que c’était une situation de Pikoua’h néfech. Mais il désirait néanmoins allumer des bougies… Il pensait déjà renoncer à cette Mitsva, mais à ce moment-là, Yvan leur demanda d’entrer dans une ruine abandonnée pour quelques instants de repos.

Ses amis saisirent son désir brûlant et dans leur naïveté, estimèrent que le danger n’était pas important, et Yvan fut contraint d’accepter, cédant aux pressions du groupe. Les hommes formèrent un bloc autour de Yits’hak pour cacher la lumière. Yits’hak récita les bénédictions et alluma les quatre bougies, le visage rayonnant de joie, tout ému, car dans un lieu perdu, à une heure tardive de la nuit, il méritait d’allumer les bougies de ‘Hanouca, envers et contre tout !

«Arrêtez ! » Un hurlement, en provenance de l’entrée de la ruine, leur glaça le sang, et tout le monde se figea. Yvan observa l’officier russe devant lui, et se fit la réflexion qu’à cause de ce Juif qui avait décidé d’allumer les bougies, c’en était fini pour lui et tout le groupe. Un regard furtif lui révéla qu’il s’agissait d’un officier gradé, qu’il n’était pas facile de soudoyer ou d’abattre. En effet, il n’était pas venu tout seul….

Privées de choix, toutes les personnes présentes levèrent les mains, pensant qu’ils finiraient en prison pour quelques années. L’officier leur demanda : « Que pensiez-vous faire ? Quitter les frontières de la Mère Russie ? Je vous observe avec mon bataillon depuis plusieurs heures, me demandant quand je vais tous vous tuer…là, vous m’avez donné une occasion, vous êtes tous rassemblés en un lieu…»

Tous l’observèrent avec appréhension, attendant le moment des tirs. Mais l’officier aperçut alors les bougies et demanda : « Qu’est-ce que ces bougies ? Ce sont des bougies de ‘Hanouca ? »

Soudain cet officier, qui semblait rude et cruel, se radoucit. Des larmes perlèrent au coin de ses yeux, et il se mit à chantonner : Ma’oz Tsour…Je n’y crois pas…Je n’y crois pas…Des bougies de ‘Hanouca…

Tous les membres du groupe étaient immobiles, ne comprenant pas le sens de la scène devant eux. Cet officier sans pitié, qui, un instant plus tôt, les avait menacés d’exécution, était soudain tout ému, en larmes et demanda à Yits’hak de l’aider à fredonner une vieille chanson juive. Je me souviens de l’allumage des bougies dans le foyer de mon père, à la fenêtre…

Il resta sur place pendant une heure, semblant hésiter à céder à son émotion juive qui s’était réveillée, ou à continuer à endosser son rôle d’officier russe vil, qui sert déjà depuis 30 ans dans l’armée rouge. Il finit par dire à Yits’hak : « En vérité, j’avais décidé d’exécuter tous les membres de votre groupe, mais la vue des bougies a fait resurgir des souvenirs de la maison de mon enfance, de mon père qui chantait avec émotion devant les bougies, tapait des mains et dansait. Je n’en suis pas capable….»

Sur ce, l’officier repartit, avec sur ses talons tout son bataillon. Les membres du groupe comprirent que non seulement les bougies du Juif ne leur avaient causé aucun tort, au contraire, par leur mérite, ils avaient survécu !

Des années plus tard, Yits’hak relata son histoire, rapportée dans le feuillet Imré Ména’hem, édité par le rav Yossef Tsvi Rechnitsner.

Nous en tirons la leçon suivante :

Le souvenir de la cérémonie d’allumage des bougies de ‘Hanouca n’avait pas quitté ce cruel officier russe, même trente ans plus tard. Il se souvenait parfaitement de l’ardeur de son père, des chants émouvants, des danses autour de la Mitsva, et ceci avait sauvé la vie d’un groupe de personnes qui fuyaient le pays clandestinement, par le mérite d’un Juif qui avait eu l’audace d’allumer des bougies.

Chers frères, adoptons ce message. Lorsque nous nous enthousiasmons pour une Mitsva, lorsque nous en sommes émus, lorsque nous lui consacrons du temps, de l’espace et de la réflexion, elle devient un bien qui reste logé au plus profond de l’âme, elle crée une charge spirituelle qui nous accompagne pour toujours. C’est le secret de la relation entre l’allumage des bougies et la réussite dans l’éducation des enfants.

Il vaut donc la peine de s’enflammer pour chaque Mitsva, de s’émouvoir de chaque action positive, de créer à la maison une atmosphère de joie autour d’une bonne action, d’imprégner chaque Mitsva d’un sentiment juif intense, de chants et de danses. C’est le moyen d’ancrer dans l’âme de nos enfants la valeur des Mitsvoth !

Extrait de Les perles de la paracha, du rav Acher Kowalsky

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