Ce récit se déroule au cours des difficiles années en Russie à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, lorsque la dictature russe imposa un régime sévère à tous les citoyens, en particulier les Juifs. Une jeune fille, G. Steinberg résidait alors en Russie, mais elle ignorait tout de son judaïsme.
Fait partie des enseignements du rav Acher Kowalski chlita
Malgré son éloignement du judaïsme, et bien qu’elle ne fût pas élevée dans la Tora, l’étincelle juive dans son cœur continuait à brûler. Dans son adolescence, elle décida d’explorer le judaïsme, et elle apprit alors que quelque part, il existait un pays où l’on menait une vie juive authentique. Elle se pressa de déposer une demande pour quitter la Russie soviétique pour monter en Israël, et bien entendu, la réponse des autorités ne n se fit pas attendre…
On lui attribua le titre de « traître de la patrie », et on l’interrogea pendant de longues heures sous la torture, alors qu’elle était totalement innocente. Au milieu de la nuit, des inspecteurs fouillèrent sa maison de fond en comble et on interdit à ses amies de lui parler. On lui interdisait également de se rendre à l’école ou de circuler dehors, mais son étincelle juive continua à désirer la proximité du Créateur.
Le Créateur du monde a Ses voies, et elle découvrit un réseau juif clandestin qui s’était fixé pour mission, tout en prenant des risques au jour le jour, de rallumer la flamme du judaïsme dans le cœur des personnes courageuses qui osaient se mettre en danger. Le réseau organisait des rencontres clandestines où il était question du judaïsme et des Mitsvoth, de la Tora, des fêtes juives et de la signification du concept de «juif». Ce réseau clandestin avait le privilège de recevoir de temps en temps des envois contenant des livres de kodèch et des objets de kedoucha, envoyés par des héros associés à ce réseau clandestin opérant à Moscou.
Un jour glacé d’hiver, Mlle Steinberg découvrit le concept de ‘Hanouka. Pour la première fois de sa vie, elle entendit parler de ‘Hanouka, au cours duquel les Juifs célèbrent un miracle dont l’essence est une guerre déterminée d’une poignée d’hommes déterminés à se battre contre de puissants Grecs, par l’allumage de bougies à la fenêtre de la maison, dans une ‘Hanoukia. Elle n’avait aucune idée de la signification des bougies ou de la raison de leur allumage.
Mais à ce moment-là, elle eut le sentiment que son étincelle juive s’enflamma. Un élément de cette histoire lui rappela sa propre histoire – sa guerre résolue au sein du réseau clandestin, une poignée d’hommes faibles qui se battent contre un grand nombre d’hommes forts, les cruelles autorités soviétiques. C’est aujourd’hui comme dans le passé, eut-elle le sentiment, le peuple juif se bat contre de puissants ennemis, mais au final, l’esprit du judaïsme les motive…
Elle se renseigna sur l’allumage des bougies de ‘Hanouka, prête à affronter les conséquences. La brochure à sa disposition indiquait qu’il convenait d’allumer les bougies dans une ‘Hanoukia chaque soir, à la fenêtre de la maison. Elle était déterminée à vaincre les nouveaux Grecs : les Russes qui persécutaient la religion, et elle était animée d’un esprit combatif…
Chaque étape était imprégnée d’un esprit de sacrifice. Elle demanda d’abord à l’un des membres du réseau clandestin, qui était ingénieur dans une usine locale de métal, de lui fabriquer une ‘Hanoukia. Ce dernier fut contraint d’attendre le soir, lorsque le dernier des ouvriers quittait l’usine, pour descendre les volets et fermer les fenêtres, et réunir les résidus de métal jonchés au sol pour en fabriquer un objet qui ferait office de ‘Hanoukia…
L’homme se consacra pendant plusieurs jours à cette tâche : il réussit à créer un objet en métal doté de huit fioles. En dépit de son poids élevé et de son apparence improvisée, cette ‘Hanoukia plut beaucoup à Mme Steinberg !
Il ne restait plus qu’à attendre le premier soir de ‘Hanouka ; elle confia à quelques proches qu’elle avait obtenu une ‘Hanoukia et qu’elle tenait à accomplir la cérémonie de l’allumage des bougies de ‘Hanouka en présence d’un grand nombre…Bien qu’elle résidât dans une maison divisée entre 8 familles, elle prit le risque et annonça que l’allumage aurait lieu chez elle. Elle invita toutes ses connaissances le lendemain pour assister à la cérémonie…
Mais ils eurent peur, une peur mortelle. Ils savaient que le gouvernement russe connaissait parfaitement le calendrier juif, mieux parfois que les Juifs. Tous les Juifs qui avaient promis de venir furent saisis de peur, redoutant de rencontrer la police secrète qui patrouillerait certainement dans les rues pour trouver des « criminels » comme eux…
Elle resta seule : elle et la Menora de ‘Hanouka. Quelques minutes s’écoulent, puis une heure, deux heures. Personne ne frappe à la porte. La rue semble paralysée, rien ne bouge, si ce n’est des flocons de neige blancs qui s’accumulent en formant une couche sur le sol. Une Juive solitaire, dans une localité de Russie, le premier soir de ‘Hanouka…
Elle continue à attendre, espérant la venue de ses amis du réseau clandestin, peut-être quelqu’un qui pourrait faire office de rav et allumerait la flamme, entouré d’amis qui entonneraient un chant. Mais elle était bien seule, il n’était plus nécessaire de continuer à attendre…
D’un pas hésitant, mais le regard déterminé, la jeune Steinberg s’approcha de la ‘Hanoukia posée sur le rebord de la fenêtre, visible depuis la rue. D’humeur joyeuse et émue, elle alluma l’allumette, ignorant même l’obligation de réciter la berakha sur cette Mitsva. Elle s’approcha de la petite mèche au-dessus du verre contenant l’huile et alluma la flamme…
Celui lui prit quelques instants, qui lui semblèrent une éternité. Elle avait mortellement peur, une peur qui menaçait de la paralyser. Une fois la bougie allumée, elle s’installa devant la ‘Hanoukia…
Elle ne savait pas prier ni entonner les chansons de la fête. Elle s’assit devant la bougie qui vacillait, les larmes coulant peu à peu. Elle était certaine d’une chose : cette bougie faisait le récit d’un héroïsme juif, de Juifs qui ne se soumettent pas, même lorsque la situation est difficile, même dans des circonstances terribles où la délivrance paraît loin…
Elle resta assise à cet endroit pendant une nuit entière à pleurer, comme si elle attendait les policiers qui viendraient l’arrêter pour son sévère acte de trahison, mais cela ne se produisit pas. Cette manifestation de bravoure juive qui se dévoila dans son cœur ne lui laissa pas de repos. Cette nuit-là, son âme enhardie était résolue à se battre pour le droit de quitter cette immense prison, la Russie…
Quelques années plus tard, Mlle Steinberg réussit à monter en Israël et devint enseignante dans les institutions Migdal Or, et forma des élèves qui fondèrent ensuite des foyers de Tora et de Mitsvoth, où les bougies de ‘Hanouka sont allumées dans la joie et les chants, par des Juifs fiers de l’être. Elle nous transmet le message suivant : « Les bougies de ‘Hanouka ne sont pas simplement du feu, des mèches, et une petite flamme. Les bougies de ‘Hanouka sont investies d’un sens, elles proclament : même si, à l’extérieur, la tempête gronde, même dans des conditions difficiles, même si l’histoire est remplie d’échecs, même si les chances sont minces – le Juif ne se soumet pas à la situation, il ne perd pas le moral. Il allume constamment le feu de la flamme dans son âme, il est disposé à mener bataille pour la gloire de son âme juive, pour ses objectifs spirituels.
Il est vrai que hier, tu as tenté d’étudier avec constance ou de garder ta langue, de te lever tôt ou de proposer ton aide, sans succès ! Une semaine plus tôt, tu as voulu arriver tôt à la Tefila, détourner le regard d’une scène problématique ou faire un sourire à un Juif solitaire, et le Yétser Hara t’en a empêché ! Ne plonge pas dans des réflexions sur le passé révolu, mais concentre-toi sur la prochaine bataille, déterminé à te battre ! Même s’il paraît que tu es privé des facultés ou des talents pour ce faire, même si toutes les voies semblent bouchées, même si tu as le sentiment que des forces beaucoup plus imposantes que toi te bloquent le passage, souviens-toi des ‘Hachmonaïm, qui ont affronté la puissante royaume grec qui cherchait à leur supprimer la Tora, mais grâce à une guerre résolue, ont mérité une grande délivrance ! »
Chers frères, renforcez-vous dans ces puissantes forces, observez la flamme et relatez le récit à la génération suivante : un Juif ne se laisse pas décourager et ne désespère pas, ne baisse pas les bras et ne se soumet pas. Il est prêt au combat à chaque instant, disposé à atteindre son but, que nous mentionnons dans la Téfila ‘Al Hanissim : la gloire de Ton Nom !