Prières collectives illégales, apologie du terrorisme, prosélytisme omniprésent : le dernier ouvrage du sociologue Farhad Khosrokhavar1 dresse un portrait alarmant des prisons françaises, devenues l’un des théâtres de la propagation de l’islam radical en France. Il aura fallu des centaines de morts pour que, en haut lieu, on prenne le problème au sérieux. Reste à se demander si les moyens mis en œuvre sont à la hauteur des enjeux.
Que se passe-t-il vraiment à l’ombre des cellules, derrière les portiques de sécurité, dans le secret des parloirs, entre les yeux des miradors ? Nous avons interrogé surveillants, hauts fonctionnaires de la pénitentiaire, directeurs honoraires ou en fonction, experts et conseillers qui, tous, vivent ou ont vécu la prison au quotidien. Derrière les grilles, on ne parle pas. Aussi ont-ils tous tenu à être protégés par un strict anonymat, refusant d’être identifiés, fût-ce par de faux prénoms.
« Dans les prisons parisiennes, il y a à peu près trois quarts de musulmans et seulement 5 % d’Européens. »
Surpopulation, insalubrité, le décor, propice à toutes les dérives, est connu. La première directrice interrogée, que l’on ne nommera donc pas, évoque les conditions de détention « très hétérogènes ». « Les condamnés à de longues peines sont en maison centrale, où ils bénéficient de cellules individuelles. En maison d’arrêt, en revanche, le surencombrement est endémique : de la cellule occupée par une seule personne au dortoir partagé par 17 détenus, c’est la grande loterie. » D’année en année, la Cour européenne des droits de l’Homme condamne la France pour manquement à l’obligation de fournir aux détenus des cellules individuelles. « On préfère payer plutôt qu’améliorer les choses », avoue un cadre de l’administration pénitentiaire. Un constat partagé par un surveillant de la prison de Fresnes, connue pour être l’un des pires établissements carcéraux en France. « Entre les cafards, les rats et les punaises de lit, c’est un vrai bestiaire, souffle-t-il. Ce n’est pas étonnant que les détenus finissent par verser dans l’islam radical. Quant aux surveillants, ils sont épuisés, à bout. On ne peut plus continuer comme ça. »
Pour commencer, il faudrait connaître la véritable ampleur du problème. Faute de statistiques officielles, interdites par la législation, « on fait des statistiques non officielles, confie un taulier. Dans les prisons parisiennes, il y a à peu près trois quarts de musulmans et seulement 5 % d’Européens. Lors du ramadan, 80 % des détenus des prisons franciliennes demandent des plateaux-repas compatibles avec leurs impératifs religieux ». L’une de ses collègues confirme : « Le Coran est, avec le Code de procédure pénale, l’ouvrage le plus emprunté dans les prisons. » Pour autant, tous deux rejettent toute corrélation systématique entre prison et radicalisation. « Il est ridicule de jeter la pierre à la seule pénitentiaire. Avant d’atterrir chez nous, ils ont fréquenté des terreaux infiniment plus favorables à la radicalisation. Il peut exister un phénomène de contagion, mais la prison est loin d’être un élément déclencheur. » Les chiffres leur donnent raison : seuls
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Source http://www.causeur.fr/prisons-islam-terrorisme-justice-deradicalisation-42240.html#