« Il délogea de là et creusa un autre puits, qu’on ne lui disputa point » (Beréchith 26,22).
Illustration : bas-relief philistin
Nous vivons une période où les hommes souffrent beaucoup de dépression, et pour y remédier, ils participent à des fêtes où règnent la moquerie et la dérision, dans une atmosphère de musique sauvage et de danses décadentes. Mais on constate que cela n’apporte pas de joie, car le nombre de ceux qui souffrent de dépression est en augmentation.
En effet, la dérision et la débauche n’apportent qu’un plaisir fugace et fictif, et non une joie et une satisfaction éternelle. Or, ce plaisir abêtit l’esprit de l’homme et lui apporte un sentiment fictif de joie, mais lorsqu’il se réveille de cet état, il éprouve un ennui et un vide.
De telles fêtes conduisent les participants à faire abstraction de la vérité et à suivre le mensonge. Ils se méprennent et délaissent la voie du bien et d’une conduite appropriée entre l’homme et son prochain et l’homme et D’, et un désir s’éveille en eux qu’ils ne peuvent satisfaire, ils se détruisent la vie et sombrent dans la dépression.
On ne peut acquérir une joie authentique et éternelle dans les théâtres ou autres attractions, mais uniquement dans les Bathé Midrach. Lorsque des Juifs se réunissent dans des lieux consacrés à l’étude de la Tora et de la prière et entonnent des louanges, ils ressentent une véritable satisfaction, ils se renforcent dans leur Émouna et Bita’hon, ce qui élimine les soucis et les peurs, et toute leur vie s’emplit de joie.
Cette joie de la Mitsva a également la faculté d’épargner l’homme de tout mal. À chaque instant où l’homme vit une joie liée à la Kedoucha, la Midath hadin (l’attribut de rigueur), dont la source est du côté de l’impureté, se tient à l’écart, comme l’indiquent les Tsadikim sur le verset dans Yechayahou (55,12) : « Aussi, avec joie, vous vous mettrez en marche » : par le biais de la joie, vous éliminez les maux.
Le roi David affirme (Tehilim 122,1-2) : « Je suis dans la joie quand on me dit : « Nous irons dans la maison de l’Éternel. » Nos pieds s’arrêtent dans tes portiques, ô Jérusalem. » Le roi David et les enfants d’Israël éprouvaient de la joie en allant à la synagogue, et de ce fait, eurent le mérite de ne pas chuter devant leurs ennemis en guerre. De même, le prophète Chemouël triompha des Philistins par la faculté de la joie, comme il est dit (Chemouël I, 2,1) : « Je puis ouvrir la bouche en face de mes ennemis, car j’ai à me réjouir. »
Nos Maîtres affirment que c’est la raison pour laquelle la fête de Sim’hath Tora a été fixée au début de l’année, après les Jours Redoutables. Ce jour-là, tous les Juifs fidèles à la Tora et aux Mitsvoth affluent dans les synagogues pour célébrer la joie de la Tora, de sorte que s’il reste des décrets sévères qui n’ont pas été éliminés pendant les Jours Redoutables, ils seront annulés par la joie de la Tora, par le mérite de la joie de la Mitsva.
Lorsqu’un Juif est dépourvu d’une joie authentique, il risque de tomber entre les mains des ennemis d’Israël. Ainsi, lorsque Yossef Hatsadik fut jeté dans le puits et qu’il en ressentit un certain abattement, les Yichma’élim arrivèrent et l’achetèrent comme esclave. Le ‘Hozé de Lublin y trouve une allusion dans le verset (Beréchit 37,25) : « Ils levèrent les yeux et virent une caravane de Yichma’élim, laquelle venait de Guilad. » En effet, le terme de Guilad se divise en Guil-Ad. Le terme de Guil désigne la joie, et Ad, désigne l’élimination. Les Yichma’élim se présentèrent à un moment où la joie avait été éliminée.
C’est pourquoi il convient de se tenir toujours à l’écart d’une joie de décadence. Ainsi, le Rambam, célèbre également chez les nations du monde comme un illustre médecin spécialiste de la théorie de l’âme, s’exprime ainsi (Hilkhoth Chvitath Yom Tov, chap. 6, Halakha 20) : « Lorsqu’un homme mange, boit et se réjouit lors de la fête (de pèlerinage), il ne sera pas incité à la moquerie et à la légèreté en affirmant que toute personne qui en rajoute dans ce domaine ajoute à la Mitsva de se réjouir. En effet, l’ivresse, la moquerie et la légèreté ne constituent pas la joie, mais une conduite de débauche et de stupidité. »
Le Rambam tranche également que les policiers doivent empêcher la décadence qui conduit à des fautes et nuit à tout le pays, comme il l’indique dans la suite : « Le Beth Din est tenu de nommer des policiers lors des fêtes de pèlerinage qui patrouillent dans les jardins et les vergers et au bord des fleuves, pour éviter la formation de groupes mixtes qui mangent et boivent ensemble et peuvent en venir à commettre une faute. »
Nous pouvons dans cet esprit expliquer le passage dans notre Paracha sur les puits creusés par les serviteurs de Yits’hak en terre des Philistins : les gens de cette peuplade étaient profondément plongés dans la moquerie, comme nos Sages nous l’indiquent (‘Avoda Zara 10a) sur un passage du roi David (Tehilim 1,1) : « Il ne prend point place dans la société des railleurs. » Il ne s’intégra pas à la société des Philistins, qui étaient des railleurs, comme nous le voyons (Choftim 16,25) dans le récit sur le repas organisé par les ministres philistins après qu’ils réussirent à arrêter Chimchon Haguibor, alors qu’ils étaient occupés à se divertir.
De même, lors de la sortie d’Égypte des Bené Israël, Hachem ne les fit pas sortir par le chemin le plus court, par le pays des Philistins. On redoutait en effet qu’en passant par ce pays, ils soient attirés par l’esprit railleur des habitants.
Lorsque Yits’hak vivait parmi les Philistins, dans la ville de Guerar, capitale du pays des Philistins, cette conduite influa sur les serviteurs de Yits’hak qui participaient à des fêtes de débauche, et de ce fait, lorsqu’ils creusèrent les puits, les Philistins furent en mesure de les combattre et de leur causer du tort en bouchant les puits, car ils n’étaient pas dotés d’une joie authentique qui protège contre les nuisances.
Et ensuite : « Il délogea de là » : Yits’hak quitta ce lieu de résidence, et ainsi, les détacha de la raillerie et commença à les initier à sa joie, et alors : « Il creusa un autre puits, qu’on ne lui disputa point » : la faculté de la joie de Mitsva les protégea de toute contestation de la part des Philistins.
Ainsi, face à cette conduite : « Il monta de là à Béer Chéva » : ils se rendirent à Béer Chéva où se trouvait le Beth Hamidrach de Chem et Éver, car ils comprirent que par le mérite de la joie de se rendre au Beth Hamidrach, les ennemis du peuple juif sont incapables de leur nuire.
Chabbath Chalom !