Léilouï nichmat rav Chalom zatsa’’l, rav Avraham zatsa’’l, tous nos disparus et en particulier ceux pour lesquels personne n’étudie ni ne prie. A nos frères exterminés, de tous lieux et toutes époques, des plus anciens aux tout récents, qur Hachem venge leurs sangs. Une guérison rapide et complète pour tous nos malades et blessés. Que nos frères et sœurs prisonniers rentrent en paix. Que nos soldats et soldates qui combattent pour notre protection reviennent en bonne santé.
JB
Ce matin, par manque de trains dû à la tempête, l’auteur de ces lignes a dû accompagner quelqu’un en voiture, afin qu’il ne manque pas un important rendez-vous. Pendant le trajet, et malgré un GPS optimiste, mon passager était tendu, ce qui se comprend. Je l’étais moins, bien sûr, n’ayant aucun enjeu personnel, si ce n’est rendre service correctement. Réaction normale me direz-vous ? Après réflexion, pas du tout en fait. La Michna dans Avoth (6,6) cite les 48 qualités nécessaires pour s’imprégner réellement de Tora. Parmi elled, le fait de « supporter le joug avec son prochain » (נוֹשֵׂא בְעֹל עִם חֲבֵרוֹ). Le commentaire (Yakhin) nous explique qu’il s’agit là de s’impliquer en termes de fatigue physique, de dépenses financières et de souffrance psychologique. Il apparaît donc ici trois volets distincts à cette Mitsva. Dans notre cas, cochons les cases : fatigue physique, ok. Dépenses ok (le carburant). Mais côté partage de souffrance, à savoir le stress de la situation, pas ok.
Une dame avait de très gros souçis, visiblement insolubles car les Rabanim consultés n’ont rien pu faire pour elle. On lui conseilla de se rendre chez rav Chajkyn eatsal, à Aix-les-Bains. Le rav la reçut, et on la vit ressortir presque réconfortée. Quel conseil incroyable avait-il bien pu lui donner ? « Aucun car il n’y a rien à faire », répondit-elle, « mais le rav a pleuré avec moi ». Se mettre à la place de l’autre, à 100%, pleurer avec lui si nécessaire, voilà ce qui nous est demandé. Quelque soit la personne en face, kippa ou pas, chaque Juif a droit à notre totale implication.
Cette qualité se retrouve à un échelon encore supérieur, rejoignant ainsi le texte de mardi dernier 24 octobre, à propos d’une Michna dans Roch Hachana (3,8). Pendant la guerre contre Amalek, nous prenions le dessus lorsque nous regardions Moché en haut de la colline, la main levée vers le ciel. Même chose lorsque des serpents nous mordaient mortellement et que nous regardions le fameux serpent de bronze. Un commentaire en ajout sur le merveilleux Néfech Ha’hayim (Chaar 2, chapitre 11) explique cette Michna de la façon suivante : quand Hachem nous envoie une souffrance, même si c’est pour notre bien profond, cela Le fait également souffrir, si l’on peut s’exprimer ainsi. A part les souffrances d’amour mentionnées dans la Guemara (Berakhoth 5a), les autres sont une correction. Qui dit correction, dit mauvais comportement. Ce qui signifie que Hachem est, quelque part, « obligé » de nous laisser mal agir (sujet de מלך עלוב), ce qui représente ainsi un ‘Hiloul Hachem. La Michna prend donc un sens bien plus profond. Il n’est plus question de simplement jeter un regard « en Haut ». Elle nous apprend que les Bené Israël souffraient du ‘Hiloul Hachem provoqué par l’attaque de Amalek et non seulement des combats eux-mêmes. Ils souffraient de la propre « souffrance » de Hachem d’avoir dû leur envoyer des serpents, et non juste des morsures.
C’est le sens du Tehilim (91,15) : עִמּֽוֹ־אָנֹכִ֥י בְצָרָ֑ה et cela rejoint les paroles que nous chantons à Simhat Thora : כד יתבין ישראל ועסקין בשמחת התורה קודשא בריך הוא אומר לפמליא דיליה חזו בני חביבי דמשתכחין בצערא דילהון ועסקין בחדוותא דילי
Nous voyons ainsi que la Tora nous demande, à des niveaux bien différents, de réellement ressentir la souffrance d’en face, terrestre comme céleste
En cette période qui serre nos cœurs mais resserre nos liens d’en bas comme d’En-Haut, peut-être pouvons-nous, un tout petit peu, diriger également notre peine vers Hachem, qui « souffre » de devoir nous infliger tout cela. Juste y penser quelques instants en priant est déjà un haut niveau que peut-être, nous aurons le mérite de maintenir quelques secondes. Ce sujet profond regroupe en fait l’intégralité des Tefiloth (en particulier la Amida), ainsi que de l’attente de Machia’h. Le Néfech Ha’hayim ajoute que si, lors d’une épreuve, nous ne ressentions que la souffrance de Hachem et non la nôtre, alors l’épreuve disparaîtrait instantanément, n’ayant plus lieu d’être. Que s’accomplisse enfin la prophétie de Yechayahou (25,8) : וּמָחָה אֲדֹנָי יְהוִה דִּמְעָה מֵעַל כָּל-פָּנִים