« Tu diras chaque matin : « Fût-ce encore hier soir ! » Chaque soir tu diras : « Fût-ce encore ce matin ! » (Devarim 28,67).
Un jour, un Juif consulta rabbi Yehochoua de Belz zatsal et lui confia sa peine. En effet, il avait embauché au prix fort un excellent enseignant, homme de piété et érudit en Tora pour enseigner à ses enfants, mais ceux-ci n’avaient pas envie d’étudier la Tora et la berakha ne reposait pas dans leur étude.
Le rabbi de Belz demanda au père s’il fixait lui-même des moments réguliers d’étude de la Tora, mais l’homme s’excusa auprès de l’Admour, invoquant ses soucis liés à la parnassa, qui l’empêchaient de se libérer de ses occupations pour se consacrer à l’étude de la Tora.
Le rabbi de Belz lui répondit : « La Tora nous prescrit : « Tu les inculqueras à tes enfants et tu t’en entretiendras » (Devarim 6,7), ainsi que « Enseignez-les à vos enfants en les répétant sans cesse. » La Tora oblige le père à enseigner la Tora à ses enfants, et dans ce cas, cela ne dépend pas du désir ou du manque de désir de ses enfants, que D’ préserve, d’étudier la Tora. Le père a la faculté de provoquer l’envie chez ses enfants d’étudier la Tora. C’est le cas lorsqu’il fixe lui-même des horaires réguliers pour étudier la Tora, même s’il est très pris par ses affaires. En effet, lorsque les fils verront leur père fixer des moments d’étude de la Tora, dans la joie, même s’il est très pris par ses affaires, ils auront également le désir et l’envie d’étudier la Tora. »
Nous retrouvons ce principe pour la Mitsva de Hakel, qui prescrit au peuple juif de se rassembler au Beth Hamikdach pendant la fête de Souccoth pour écouter la lecture du Séfer Devarim lue par le souverain. Nos Sages affirment (‘Haguiga 3a) que c’est la raison pour laquelle il est prescrit d’amener les jeunes enfants qui ne comprennent pas cette lecture «afin de récompenser ceux qui les amènent.» En effet, un tout jeune enfant qui observe ses parents effectuer toute la route pour être attentif à la lecture des lois de la Tora, apprend à imiter cette conduite lorsqu’il grandira, et à ce titre, ses parents obtiennent un salaire particulier.
Un Juif doit donc s’imprégner de cette idée et la transmettre à sa famille : l’étude de la sainte Tora est ce qui fait vivre l’ensemble de ce monde et tous les mondes supérieurs, c’est la nourriture spirituelle nécessaire à l’âme de chaque Juif chaque jour, au même titre qu’il a besoin de nourriture matérielle chaque jour pour sustenter son corps. Tout comme l’homme a l’usage de manger au moins deux fois par jour, le matin et le soir, il convient également que l’homme se fixe des cours de Tora au moins deux fois par jour, le matin et le soir.
L’homme partagera avec sa famille sa joie de participer à ces cours de Tora quotidiens. Ainsi, sa famille lui emboîtera le pas. En effet, si les enfants voient que l’étude est pour leur père un poids, surtout s’il n’a aucune étude régulière de Tora, tous ses discours pour encourager ses enfants à étudier n’auront aucune influence. En effet, ses actes indiquent que l’étude n’a pas d’importance pour lui, et qu’il tente de s’en défaire.
Un homme me confia un jour qu’il était très angoissé : il était propriétaire d’une usine et dirigeait également un Beth Midrach, ce qui ne lui laissait pas le temps d’étudier. Un jour, il fit la morale à son jeune fils de 11 ans pour l’encourager à étudier, et celui-ci lui répondit : « Je sais étudier comme toi. »
Dans la même veine, un Juif se rendit un jour auprès du rabbi de Kotsk pour recevoir une berakha afin que ses enfants deviennent des érudits en Tora. Le Rabbi lui répondit : « Si tu m’avais demandé d’être un Talmid ‘Hakham, c’aurait été bien, mais lorsque tu me demandes que seuls tes enfants soient des érudits en Tora, sache que tes enfants se suffiront de cela : ils demanderont à leur tour que leurs enfants deviennent des Talmidé ‘Hakhamim. »
Dans cette perspective, l’auteur du Séfer Levouch interprète ce verset (Yirmiyahou 9,11) : « Pourquoi ce pays est ruiné» : pourquoi Erets Israël a-t-elle perdu sa sagesse ? Des Talmidé ‘Hakhamim n’y ont plus grandi. Le Saint béni soit-Il répond à cela : « Parce qu’ils ont abandonné Ma loi (…) et n’ont pas suivi Mes ordres. » Ils ont cessé d’accorder de l’importance à l’étude de la Tora et ne l’ont pas considérée comme un plaisir.
De même, nos Sages (Méguila 32a) affirment : « Toute personne qui ne lit pas (la Tora) sur un ton agréable et révise sans intonation, les Écritures disent à son sujet (Yé’hezkel 20,25) : « Je leur ai donné des lois malheureuses et des règlements non susceptibles de les faire vivre. » L’étude réalisée sur un air agréable vise à montrer à l’entourage l’ampleur de la vitalité et de la joie de l’étude de la Tora, afin qu’ils désirent également étudier la Tora. De ce fait, celui qui ne manifeste aucune joie indique par là qu’il ne perçoit pas la valeur de l’étude de la Tora. S’il la comprenait, il voudrait inspirer également les autres à y goûter.
Il est écrit dans le Zohar que tous les propos de réprimande renferment en allusion d’extraordinaires bénédictions. Ainsi, dans la berakha mentionnée dans notre verset, on décèle une allusion aux cours de Tora matin et soir. Vous vous réjouirez tellement de l’étude de la Tora, au point que chaque matin, vous direz : « Fût-ce encore hier soir ! » le matin, à l’issue du cours, vous direz : «Fût-ce bientôt le soir où je pourrai encore étudier ». C’est la plus grande berakha possible : vous mériterez ainsi d’avoir des fils qui se consacrent à l’étude de la Tora et aux Mitsvot.
Chabbath Chalom !