Par Marc LEV – Illustration : shutterstock
Loin, très loin des projecteurs, des actions internationales propalestiniennes, des mouvements décriant une situation d’apartheid israélien, des désirs/pressions vers la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale. Il serait peut-être normal d’écouter ce que la population de cette même Jérusalem-Est a à dire. Ainsi l’on apprend dans un sondage plus qu’intéressant que l’on peut considérer comme relativement objectif, et pour cause car effectué par le Centre palestinien de recherche sur les politiques et les sondages, que la médiatisation internationale autour de Jérusalem-Est ne reflète pas obligatoirement le ressenti de la rue, le désir (ou plutôt les désirs) des résidents ; pour ne pas dire la réalité du terrain.
Il me semble important de préciser ici que cette institution (à but non lucratif) située à Ramallah, est indépendante, non partisane et a pour but de promouvoir la recherche et l’analyse objective vers une meilleure compréhension de l’environnement national et international palestinien. Quoique les médias internationaux n’ont de cesse de montrer «preuves à l’appui» le mal-être des Arabes de Jérusalem-Est, le misérable de leur situation journalière, les brimades journalières, l’impossibilité de vivre près, et qui plus est avec les Israéliens, il semblerait que la réalité est quelque peu différente.
Il paraîtrait ainsi que cette même population arabe ne serait que peu intéressée à se retrouver sous le joug d’une Autorité Palestinienne qui est ressentie comme corrompue et peu à même de répondre aux besoins des citoyens arabes le jour où… Ainsi entre les années 2010 et 2022, les habitants de Jérusalem-Est préférant (en cas de la création de deux États côte à côte) la citoyenneté palestinienne sont passés de 63% à 58%.
Si l’on se réfère au ressenti médiatique international quant à la vie de cette population arabe, il semblerait évident que nous parlons d’une désescalade d’évidence dans le laps de temps séparant ces années et qu’ainsi personne, au grand jamais, ne désirerait opter pour la nationalité israélienne ; personne ne penserait à s’intégrer dans la société israélienne, et pourtant la rue s’exprime différemment.
Concernant les possibilités d’accès dans le quartier de la vieille ville de Jérusalem ainsi qu’à la mosquée Al-Aqsa ; si l’on avait 72% d’interrogés qui craignaient d’accéder vers ces lieux en 2010, ce chiffre a sérieusement baissé avec les années pour ne représenter actuellement qu’un pourcentage de 41% d’interviewés.
Craintes de «l’occupation israélienne», peur de «l’ennemi», situation d’évidence par laquelle en 2022 les Arabes de Jérusalem-Est ne sont que trop malmenés, blâmés, rejetés pour ne pas oser même pénétrer dans la vieille ville, sans parler de fouler le sol de la fameuse mosquée ou confiance accrue vers l’État israélien ? À moins que les choses n’aillent en s’améliorant avec les années ?
A la question lancée concernant (dans l’hypothèse d’une solution de deux États) le choix d’une nationalité, palestinienne ou israélienne, la préférence vers l’obtention de la nationalité israélienne est passée de 24% en 2010 à 37% en 2022. A la question concernant la souveraineté palestinienne sur Jérusalem-Est ; si en 2010 52% des Arabes de Jérusalem-Est la désiraient, en 2022 il n’y a plus que 38% des personnes qui la désirent… Y aurait-il anguille sous roche ? Concernant le sujet ô combien actuel : à l’heure des condamnations quant à l’apartheid soi-disant pratiqué en Israël, le ressenti concernant les discriminations commises à l’encontre des Arabes de Jérusalem-Est est passé de 82% à 64%.
Ces quelques données quant au ressenti réel d’une population spécifique et pas par le biais de scoops vendeurs démontrent, à qui voudra l’entendre, que la situation va en s’améliorant, qu’une acceptation de l’un comme de l’autre parait manifeste, et qu’à l’évidence une Jérusalem-Est palestinienne verrait sa population arabe déserter, fuir, rechercher l’autre solution, à côté ; oui, vous savez, où l’apartheid serait de rigueur !