Tous les ponts mènent à la Yechiva !

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Autour de la table de Chabbath n° 359 Toldoth

Au début de la paracha, la Tora décrit la grossesse difficile de Rivka Iménou, la femme d’Yits’hak Avinou. En effet, les Sages expliquent qu’elle se plaignait des mouvements incessants en son sein. Elle s’est rendue au Beth Hamidrach de Chem et Ever pour demander la signification de ses douleurs. C’est Hachem qui va lui répondre: « Tu auras deux enfants », Ya’akov et ‘Essav qui seront les précurseurs de deux peuples. Et le verset continue: « Chacune des deux nations tirera sa force de l’affaiblissement de l’autre, et le plus grand servira le petit ». En fait, il s’agit de l’annonce de la naissance de l’occident et du peuple juif. De plus, la Tora enseigne que ces nations seront antinomiques : lorsque l’une sera au sommet, la deuxième sera tirée vers le bas. Cependant, le rav Felmann zatsal met le doigt sur une difficulté : le verset mentionne à la fin: « ET le plus grand servira le plus petit. » Donc finalement le plus grand l’occident servira le plus petit peuple juif. Or le contraire est écrit au début que l’un sera en haut lorsque le second sera en bas ! Pour comprendre cette contradiction, le rav rapporte une Guemara très connue du traité ‘Avoda Zara (2). A la fin des temps, viendra le moment où D’ jugera tout le monde et donnera le salaire de ceux qui ont observé la Tora. A ce moment, les nations du monde viendront revendiquer leur droit au monde futur. Intéressant, n’est-ce pas ? Elles soutiendront que tout ce qu’elles ont construit, les ponts, autoroutes, aéroports etc… elles l’ont fait pour que le Clall Israël étudie la Tora. Hachem répondra : « Tout ce que vous avez fait, c’est pour votre propre confort et vos besoins et non pour la communauté juive. Vous n’avez pas droit au monde futur ! »

Le rav de Brisk (Griz) pose une question. On se trouve à la fin des temps, la vérité de la Tora s’est dévoilée sur terre donc, comment se fait-il que les nations auront l’audace de dire tant de stupidités ? Réponse du rav, c’est qu’effectivement le but de ce monde est pour que le Clall Israël étudie la Tora. Comme les Sages le disent au début de la Tora: « Au début, le monde a été créé pour la Tora et le Clall Israël. » A ce moment, les peuples du monde vont le savoir, et ils revendiqueront que tout ce qu’ils ont fait, c’est pour le Clall Israël. Et EFFECTIVEMENT, toutes les constructions et grands projets sont faits dans le but que le Clall Israël étudie et pratique la Tora ! La preuve est qu’Hachem ne leur dit pas qu’ils sont des menteurs, mais seulement que leurs intentions étaient pour leurs propres besoins. Et continue le rav de Brisk, le véritable sens de toutes ces constructions est pour faciliter au peuple juif l’étude de la Tora ! D’après cela, explique le rav Felmann, on peut comprendre la suite du verset qui dit que le grand frère (Essav) servira le plus jeune (Ya’akov). C’est une allusion à cette Guemara. Malgré le fait qu’au cours de notre histoire Essav/Occident tient le haut du pavé, cependant au niveau plus profond, Essav sert Ya’akov ! Comment? Justement du fait que toutes les avancées technologiques servent le Clall Israël… A réfléchir.

Pour illustrer ce principe le rav Mi’haël Feinstein zatsal disait au nom de son beau-père le rav de Brisk (Griz) que les russes avaient construit sous le Tsar une ligne de voie ferrée depuis Saint-Pétersbourg jusqu’à Berlin à ne pas confondre avec le Transsibérien. Or, à l’époque le projet était gigantesque, employant des milliers de travailleurs, tandis que l’intérêt financier était mineur car semble-t-il les deux pays (la Russie et l’Allemagne) n’entretenaient pas de liens amicaux. Le rav de Brisk disait que tout ce projet était en fait pour faciliter la tâche aux élèves des Yechivoth d’Allemagne et d’ailleurs, de venir étudier jusqu’à la Yechiva de Volozihn dans la lointaine Lituanie. Pourtant, disait le rav Feinstein, il existait une difficulté à cette explication, car à l’entrée de Volozihn, de grandes étendues de boues et marécages rendaient très difficile l’accès à la Yechiva. Or les autorités russes n’avaient pas construit des ponts pour faciliter l’entrée dans la ville. Rabbi ‘Haïm de Brisk (le père du Griz) disait que c’était AUSSI un plan voulut par Hachem ! Car lorsqu’un jeune Ba’hour Yechiva arrivait depuis la lointaine Allemagne ou Pologne, il le faisait avec toute sa verve et son audace afin de devenir un grand en Tora. Donc les marécages ne l’effrayaient pas le moins du monde. Cependant, après son arrivée à la Yechiva, avec le temps et les difficultés, il existait la crainte que notre Ba’hour veuille revenir à sa maison à la fin de l’année. Si la voie avait été droite, bien balisée avec des ponts qui enjambaient les marécages alors c’est sûr qu’avec beaucoup de facilités notre Ba’hour serait revenu au bercail… C’est POURQUOI Hachem a fait que les « gentils » n’ont pas construit des ponts à l’entrée de la ville, afin que les Ba’hourim réfléchissent à deux fois avant de repartir. Donc, tous les ponts et voies ferrées depuis St-Pétersbourg jusqu’à Berlin avaient été construits pour le Clall Israël, et même le manque d’infrastructures !

C’est un grand ‘Hidouch/nouveauté pour une bonne partie du public, mais il faut savoir que c’est un fondement de notre émouna/foi ! Pour nous aider à mieux comprendre, on pourra prendre l’image d’un immense projet de construction d’un nouvel aéroport. Des milliers d’ouvriers sont mis à la tâche pour construire les immenses parkings, les pistes d’atterrissages, d’énormes bâtiments, jusqu’à l’agencement du Duty Free et des luxueux magasins. Seulement tout ce beau monde est bien conscient que toute cette énorme infrastructure n’a pas de raison d’être s’il n’y a pas une petite poignée d’hommes qui travaillent à la tour de contrôle. C’est eux qui donnent le feu vert pour le décollage et l’atterrissage des avions et c’est grâce à eux que tout le trafic aérien est réglé. Tout le monde est conscient que la véritable clef de voûte de ce formidable système tient sur cette poignée d’hommes, et dessus reposent des milliers d’employeurs et le système génère un chiffre d’affaires par année en dizaines de milliards de dollars. Pareillement, c’est la Tora qui le dit, les Avré’him et les Ba’houré Yechivoth qui étudient la Tora, sont à l’image de ces « contrôleurs du ciel » ! Ce sont eux qui donnent le sens à ce monde avec ses milliards d’individus, à exister ! Intéressant, non? (Et si mes lecteurs ont d’autres idées, certainement très instructives, sur les raisons de la création de ce monde, je serais très content d’en prendre connaissance).

Que faut-il choisir: un très bon Roch Yechiva ou une bonne ‘Havrouta compagnon d’étude ?

Comme on l’a vu, Rivka a eu de grandes douleurs durant sa grossesse. En effet, le Midrach enseigne que lorsqu’elle passait devant un Beth Hamidrach elle ressentait que le bébé voulait sortir tandis que lorsqu’elle passait à côté d’un temple d’idolâtrie, là encore le bébé voulait sortir ! Hachem lui répondra qu’elle a en son sein deux bébés, l’un sera Ya’akov et le second Essav. Or la Guemara (Nida 30) connue dit :  » L’embryon dans le ventre de sa mère a une bougie allumée au-dessus de sa tête (c’est l’âme) et regarde depuis le début de ce monde jusqu’à la fin. Et on lui apprend la Tora (…). Et lorsqu’il sort à l’air libre, un ange lui donne un coup et le bébé oubliera toute la Tora apprise« . D’après cela, pourquoi Ya’akov voulait sortir dehors, à la Yechiva, pour apprendre la Tora, sachant qu’un ange lui apprenait toute la Tora dans le ventre de sa mère !?

Le Zikhron Yossef répond de deux manières:

1er. Preuve en est que même si on a le meilleur enseignant à la Yechiva, mais que notre compagnon d’étude est de mauvaise fréquentation, il est préférable de quitter la Yechiva pour ne pas apprendre de lui ! Et à côté de Ya’akov (dans le ventre de sa mère) résidait Essav, le mécréant !

2ème. C’est vrai que Ya’akov apprenait la Tora avec un ange, mais il préférait étudier la Tora grâce à son effort ! A l’image du Gaon de Vilna qui avait fréquemment le dévoilement du prophète Eliahou ainsi que les anges du service divin. Seulement, à chaque fois il les repoussait car il voulait apprendre la Tora par ses propres efforts et non par un dévoilement miraculeux !

A l’époque où les Talmidé Hahamim étaient adulés…

Notre histoire cette semaine nous fera connaitre que de tout temps, parmi les mères du Clall Israël, il a existé des petites Rivka dont la seule préoccupation était de voir leurs enfants grandir dans la Tora et devenir Talmid ‘Hakham.

Il s’agit d’un Roch Yechiva d’Erets Israël qui se rendait en Amérique pour les besoins de son institution. Là-bas il se présenta auprès d’un gros donateur. Celui-ci avait le cœur sur la main et chaque jour se pressait à son bureau une file de gens qui demandaient son aide. A chacun il tendait une enveloppe de 18 dollars (la Guematria de la « Vie »). De la même manière il tendit l’enveloppe à notre Roch Yechiva. Le rav le remercia, mais ajouta qu’il était responsable d’une grande Yechiva en Erets, et 18 dollars c’était très peu ! Le donateur réfléchit un instant, puis il sortit son chéquier et écrivit une très grosse somme, semble-t-il plusieurs dizaines de milliers de dollars… Le Roch Yechiva était grandement surpris et le remercia vivement. L’année suivante, le rav revint pour demander l’aide de notre généreux donateur. Encore une fois l’américain tend l’enveloppe de 18 dollars, de nouveau le Roch Yechiva fait savoir qu’il est responsable d’une grande Yechiva et cette fois aussi notre homme sort un chèque de plusieurs dizaines de milliers de dollars comme l’année précédente… L’année d’après, la même petite scène se déroule, il tend 18 dollars, PUIS le rav explique qu’il vient d’Erets et de suite le donateur refait un chèque similaire… Cette fois notre Roch Yechiva lui pose la question: qu’elle est la raison de ce comportement étrange: à chaque personne qui se presse dans son bureau il donne 18 $ tandis que pour sa Yechiva cela se chiffre en milliers de dollars? Le personnage raconta alors son histoire : « Voilà, mon enfance n’a pas été facile! J’ai grandi dans la Pologne d’avant-guerre avec pour unique soutient ma mère, car mon père n’était plus de ce monde. Lorsque j’ai eu 13 ans ma mère qui était veuve m’a dit: « Yankélé, je t’envoie à la Yechiva car je tiens à ce que tu deviennes Talmid ‘Hakham! Je tiens aussi que tu étudies dans la même Guemara que ton père ! » La séparation fut très difficile car je laissais ma pauvre mère toute seule, et je partais pour un monde complètement inconnu. Mais je voulais tellement faire plaisir à ma mère et j’avais avec moi la grande Guemara de mon père. J’arrivais alors à Vilna en déambulant dans la ville sans savoir si j’allais être accepté ou non. J’étais alors tout frêle quand je suis arrivé à la Yechiva de Vilna, j’étais tout jeune par rapport à la moyenne d’âge des autres élèves (17 ans). La première des choses que je demandais c’était de savoir s’il y a avait une cuisine dans l’établissement. On me répondit que non ! Chaque jour, les élèves devaient se rendre auprès de l’habitant pour manger. Seulement comme j’étais nouveau, je n’étais pas encore inscrit dans la liste des élèves. J’ai rencontré le responsable de la répartition des élèves, il me dit que toutes les familles étaient prises ! Seulement il restait une famille qui pouvait m’offrir un couvert : c’est une veuve avec 6 enfants ! Il me dit: « Tu peux y aller, mais sache que TOUT ce que tu prends dans ton assiette c’est sur le compte des enfants ! » Cette injonction me fit froid dans le dos ! J’étais alors un enfant tout chétif dans un univers inconnu : j’avais tellement envie de revenir auprès de ma mère! L’adresse de cette veuve n’était qu’à 200 mètres de la Yechiva mais j’ai mis une demi-heure à faire ce parcours! A chaque pas que je faisais en cette direction, je rebroussais chemin en me disant que je n’avais pas le droit de prendre le pain d’orphelins ! Seulement la faim me tenaillait tellement que j’ai décidé d’y aller mais c’est sûr, dès le lendemain je reprendrais le train destination maman ! Je me suis rendu devant la pauvre maison et j’ai frappé à la porte de tous petits coups à peine audibles ! C’est alors qu’un petit enfant m’ouvrit grand la porte puis est venu un 2ème, puis un 3ème… Et tout le monde criait : « Voici qu’il est arrivé, voici qu’il est arrivé ! » De loin j’entendais la mère qui disait aux enfants : « Est-ce que le Talmid ‘HakHam est à la porte ? » Les enfants sautèrent de joie en disant : « Le Talmid ‘Hakham, le Talmid ‘Hakham  !« J’étais abasourdi d’un tel accueil, c’est alors que je suis entré dans la pièce. Six bols trônaient sur la table et dans chacun une carotte, un peu de fèves et un bout de pain. Et le 7ème bol était posé vide. Les enfants s’essayèrent alors à table, la mère dit alors : « Qui veut donner au Talmid ‘Hakham un peu de son assiette ? » D’un coup chacun donna de sa carotte d’autres des fèves et de son pain… Au total ma part était deux fois plus grande que chacune des parts des enfants. Et tout cela dans la plus grande joie de toute la petite assemblée. Et la mère rajouta en s’adressant à mo i: « Combien tu nous combles de venir à notre table et quelle la chance nous avons de partager notre repas avec un Talmid ‘Hakham, un jeune qui étudie la sainte Tora ! » Après le repas, je repartis à la Yechiva et j’avais définitivement abandonné l’idée de rentrer à la maison. Cette fois je décidais de rester à la Yechiva et de devenir un véritable érudit en Tora ! Seulement quelques temps après, la guerre éclata et j’ai dû fuir la Lituanie et après de nombreuses pérégrinations je me suis retrouvé en Amérique. Ici, j’ai abandonné la Yechiva pour me consacrer à mon business. Mais en moi, je garde toujours l’espoir d’étudier la Tora. Car je sais bien que toute cette réussite financière ne vaut rien par rapport à la Tora… C’est la raison de mon aide à ta Yechiva… » A réfléchir…

Chabat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.

David Gold

Une bénédiction de réussite à tous les Ba’hourim, Collelman qui étudient la Tora en Terre sainte et dans le reste du monde

Une bénédiction à mon Roch Collel et à son épouse, le rav Asher Bera’ha chlita de Raanana pour son œuvre de développement de l’étude de la Tora en Erets Israël.

Une bénédiction à la famille Albala Daniel et son épouse (Villeurbanne) ainsi qu’aux enfants, qu’ils les voient grandir dans la Tora et les Mitsvoth et la santé.

Une bénédiction à Eric Konqui et à son épouse (Paris) pour établir une maison dans la Tora et les Mitsvoth.

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