Virage anti-israélien imminent chez les Démocrates

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Seth Mandel observe que les progressistes américains au Parti Démocrate deviennent de plus en plus anti-israéliens.

J’ai traduit ce texte d’opinion de l’anglais pour les lecteurs de Dreuz. L’auteur est Seth Mandel*. Le texte a été publié dans le New York Post le 14 novembre dernier.

La défaite d’Hillary va accélérer le retournement des démocrates contre Israël

Les partisans d’Israël espéraient qu’Hillary Clinton pourrait empêcher le retournement apparemment inévitable du Parti Démocrate contre l’État juif.

La défaite de Clinton la semaine dernière signifie que nous sommes officiellement dans l’ère post-Hillary – et que nous devons nous préparer au pire.

Ce pourrait être la dernière élection présidentielle américaine pendant laquelle les Israéliens peuvent paisiblement observer les résultats sans craindre pour leur existence.

Les premiers signes d’un parti démocratique post-Clinton ne sont pas de bon augure. Le représentant du Minnesota, Keith Ellison, féroce critique d’Israël, est le favori en lice pour la présidence du Comité national démocrate.

Comme le disait Scott Johnson dans The Weekly Standard, lorsqu’Ellison était sur le point de gagner son siège à la Chambre en 2006, avant de faire carrière au Congrès, il avait travaillé avec la « Nation of Islam » de Louis Farrakhan et avait même défendu Farrakhan contre des accusations d’antisémitisme.

Ellison a laissé Farrakhan loin derrière, mais ses critiques à l’égard d’Israël demeurent cinglantes.

Comme l’a signalé le Jewish Telegraphic Agency, Ellison « a fait écrire des lettres visant à faire pression sur Israël et a défendu l’idée de tirer des leçons du rapport Goldstone de l’ONU suite à la guerre de Gaza de 2009 ». Même Richard Goldstone, auteur de cet infâme rapport anti-Israël a fini par le désavouer.

Lors d’un voyage en Israël l’été dernier, Ellison a posté la photo d’une affiche à Hévron déclarant qu’Israël est un pays d’apartheid et un voleur de terre.

Il a également demandé à Israël de mettre fin au blocus de la bande de Gaza – malgré le fait que les terroristes basés à Gaza ont lancé plus de 11 000 attaques de roquettes sur des civils israéliens depuis qu’Israël s’est retiré de la bande en 2005. En 2014, Israël a découvert que le Hamas avait construit un vaste réseau de tunnels souterrains de Gaza vers Israël en préparation d’attaques terroristes massives.

Ellison est loin d’être une voix isolée chez les démocrates. En fait, il est coprésident du «Congressional Progressive Caucus» (le Caucus des progressistes au Congrès).

Dans sa quête pour la présidence du parti, Ellison a l’appui du prochain leader démocrate de la minorité au Sénat, Charles Schumer, qui se targue de sa bonne foi pro-israélienne et utilise maintenant sa crédibilité pour faire gravir les échelons à Ellison (le sénateur Harry Reid, qui va prendre sa retraite, a endossé Ellison ce week-end.)

Schumer est peut-être en train de s’incliner devant la nouvelle réalité. Selon le Pew Research Center, les Démocrates sympathisent davantage avec Israël qu’avec les Palestiniens par une marge 43-29 – mais c’est beaucoup plus serré qu’il y a quelques années.

Parmi les démocrates libéraux, c’est l’inverse : les libéraux préfèrent les Palestiniens par une marge de 40-33.

Nous avons vu ce scénario se jouer au cours de l’été, alors que Bernie Sanders se présentait contre Hillary Clinton pour la nomination démocrate.

Sanders jouissait du soutien massif des jeunes libéraux, qui sont de plus en plus hostiles à Israël.

Hillary a remporté la nomination, mais le message est clair : l’avenir du Parti Démocrate appartient à ceux qui soutiennent Sanders.

Les chiffres ne font que confirmer cette image de plus en plus sombre.

Dana Allin et Steven Simon (ce dernier, un ancien conseiller du président Obama au Moyen-Orient) affirment que la démographie va contribuer à un écart grandissant entre les deux pays.

Selon Pew, les Hispaniques, qui représentaient plus de 50% de la croissance démographique américaine entre 2000 et 2014, votent en majorité pour les démocrates, tout comme les afro-américains.

Allin et Simon prédisent que les minorités se sentiront plus d’affinité avec les Palestiniens qu’avec Israël (les comparaisons stupides entre les lois (ségrégationnistes) de Jim Crow et le traitement des Palestiniens par Israël deviennent de plus en plus communes), et les priorités des démocrates finiront par refléter cet état de fait.

De plus, écrivent les auteurs, touchant à ce qui inquiète réellement la communauté pro-israélienne, « cela creusera encore davantage le fossé gauche-droite en Amérique ».

Les démocrates sont en minorité pour l’instant, mais ça ne durera pas indéfiniment et ils auront évidemment un candidat à la présidence en 2020. Que se passera-t-il alors ?

« En l’absence d’une diabolisation active de la part d’Obama, dit le représentant d’une organisation pro-israélienne, je pense que nous sommes toujours à un ou deux cycles d’un retournement des démocrates contre Israël. Mais, note-t-il, l’avenir n’est pas brillant – et nous avons perdu les progressistes ».

Les responsables israéliens ont l’habitude de pouvoir compter sur un soutien bipartisan au Congrès, et ils ne semblaient pas trop s’inquiéter du tour que prenait l’élection présidentielle américaine cette année.

Ce pourrait être la dernière fois qu’ils peuvent se permettre ce luxe.

© Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

* Seth Mandel est le rédacteur en chef du New York Post.

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