AUTOUR DE LA TABLE DE SHABBAT, n°326 TAZRIA
Cette semaine je commencerai mon feuillet en évoquant le souvenir de cette grande lumière qui vient de s’éteindre avec la disparition du Prince de la Tora, rabbi ‘Hayim Kanievski zékher Tsadik kadoch livrakha, (bien que je ne sois pas du tout apte à dire des paroles de Hesped (oraison funèbre) sur ce Tsadik, géant de la Tora).
Le rav Kanievski zatsal était connu dans le monde juif comme le plus éminent Talmid ‘Hakham de notre génération. Tous les ans, la veille de Pessa’h, le rav faisait la clôture de l’étude de la Tora écrite et orale. Cela comprenait toute la Tora écrite, les Prophètes et Hagiographes, Talmud Babli/Yerouchalmi, Midrachim, Tosseftoth, Rambam, Tour, Choul’han Aroukh, Zohar, Michna Beroura etc. Pour l’anecdote, cette année étant embolismique (13 mois), le rav avait fini son cycle d’étude juste la veille de son décès….
Sa connaissance de la Tora était phénoménale, plus encore que les ordinateurs. Une fois, on lui a demandé combien de fois était écrit le mot « Moché » dans la Tora. Il répondit immédiatement 97. Celui qui l’interrogea lui dit que son ordinateur en mentionnait deux de plus… Le rav répondit IMMEDIATEMENT que l’ordinateur avait confondu le mot « Moché » avec « Massa » et un autre mot, car dans le Séfer Tora les voyelles ne sont pas mentionnées… Et cette anecdote s’est répétée à d’autres occasions avec d’autres versets et d’autres combinaisons de lettres…
Il a écrit de nombreux ouvrages (Na’hal Eitan, Yichouv Hakouochiot chel Hamaharcha, Masséchet Guérim, Semahoth, etc.) et surtout le « Dérekh Emouna » sur le Rambam, lois liées à la sainteté de la terre d’Israël (à la manière du Michna Beroura sur Or Ha’haim), ouvrage d’une profondeur extraordinaire.
Depuis le début, le rav apprit la Tora avec une assiduité phénoménale. D’abord à la Yechiva puis au Collel ‘Hazon Ich / Bené Brak. Tous les jours de sa vie, il les passa à étudier les textes sacrés : ce fut un Avreh/Collelman toute sa vie sans prendre aucun poste de rav ni de dirigeant communautaire… Et pourtant tout le monde juif se tournait vers lui à l’exemple de notre Patriarche Ya’akov Avinou…
Son père était le Gaon le Steipler. Ce n’est qu’à partir de la disparition de ce dernier en 1986 que le rav Kanievski commença à être connu par le public ; il avait alors 52 ans. Depuis le début des années 90, il reçut chez lui le public pour donner des conseils et des bénédictions ; son beau-père, le rav Eliachiv Zatsal, disait de son gendre que dans notre génération le pouvoir de bénir lui avait été octroyé. Il était impressionnant de voir jour après jour une foule de gens le matin après la prière au Nets vers 6 heures, midi et soir, entre 21h et 23h, chacun venait chez le rav recevoir pour l’un, une bénédiction ou un conseil. On parle de près de trois cent personnes chaque jour ! Le rav répondait à chacun, et donnait sa bénédiction alors que chaque minute de sa journée était sacrée (entre chaque personne qui défilait il posait son regard sur sa Guemara). Le public se pressait à sa porte (Sefaradim, Ashkénazim, ‘Hassidim et aussi des gens éloignés). Il existe des milliers d’anecdotes sur ses conseils et la bénédiction du rav qui était couronnée d’aide divine (et je vous fais grâce du « Roua’h Hakuodech »/esprit saint qu’il possédait ! Peut-être que la semaine prochaine je vous en ferais part… Bli néder). En dehors de ces temps consacrés au public, lerav étudiait inlassablement dans son petit salon depuis qu’il était avancé en âge et qu’il n’avait plus la force de se rendre au Collel. L’intérieur de sa maison était particulièrement simple : deux pièces remplies de livres, dans lesquelles il éleva avec son épouse, la rabbanith Elichéva Aléa haChalom ses huit enfants.
Pour nous, il faut comprendre que ce dévouement et ce bien prodigué au Clall Israël provenait de son assiduité exceptionnelle dans l’étude. Depuis toujours, le rav était plongé dans l’étude (on ne parle pas d’une étude de 8 heures par jour, ce qui est déjà pas mal pour notre génération mouvementée, mais cela oscillait entre 17 et 19 heures quotidiennement…). Le rav recevait donc le public jusqu’à 23 heures, puis il dormait et se réveillait à 2 heures du matin (la Rabbanith lui préparait un verre de thé pour qu’il recouvre des forces) pour l’étude et aussi la lecture de Tehilim jusqu’à la prière au lever du soleil. Puis à nouveau l’étude du matin et de l’après-midi, sans aucune interruption et ce jusqu’à ces dernières semaines alors qu’il était âgé de 94 ans… Sans oublier toutes les lettres et réponses postales qu’il renvoyait à tous ceux qui lui posait des questions (par courrier, avec retour)… Il a répondu à des centaines de milliers de courriers !).
Je finirai par une anecdote connue. A l’époque de la guerre du Golfe, le pays de Tsion craignait une attaque chimique de la part des irakiens. La population avait reçu des masques à gaz au cas où ! Les Scuds commencèrent à tomber. Toutes les villes du centre du pays étaient dans la ligne de mire de ces engins destructeurs « made in Russia », hauts de 3 étages remplis d’explosifs… Les gens étaient paralysés d’effroi et certains en devenaient malades, que D’ nous en préserve. Pourtant, lorsque les sirènes retentissaient à Bené Braq le Rav avait une toute autre attitude. Il sortait sur son petit balcon qui donne sur la rue Rachbam (Bené Braq) et alors que les fusées survolaient la ville, le rav était plongé dans son étude de Guemara… Les gens étaient sidérés de voir son comportement mais petit à petit cela redonna du courage et la peur diminua considérablement dans les rues de la ville (où habite plus de 100 000 habitants Ken Yirbou). Ce que ni les généraux de Tsahal ni les plus grands psychologues n’ont pu réaliser ! Le fils d’un Avrekh questionna alors le rav : « Sur quoi le Rav base-t-il sa confiance qu’aucun Scud ne tombera à Bené Braq ? » Il lui répondit que la ville est protégée des milliers de pages de Guemara étudiées par la population locale. Il n’y a rien à craindre ! Une fois, l’impact d’un scud fit voler en éclats des fenêtres. La Rabanit demanda à son mari : « Que diront les gens ? » Le rav la rassura : » c’est sûr, le scud n’est pas tombé dans la ville… » Et effectivement, il était tombé dans un terrain vague limitrophe à Ramat Gan…
Que son souvenir protège et continue à bénir ses enfants, les Bakhouré Yechiva, Avrékhim et Rabanim et tout le Clall Israël là où il se trouve.
La vengeance de D’ !
Cette semaine j’innoverai et profiterai de mon feuillet pour vous faire partager des idées très intéressantes que j’ai lu au sujet de la guerre en Ukraine. Ces paroles proviennent d’un extrait d’un long cours donné par un Talmid ‘Hakham de Jérusalem, le rav Ménaché Israël Reizmann chlita (paru dans le « Kol HaHalonim » n°475). Il se penche sur ce conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Avant tout, il est juste de plaindre l’Ukraine qui se voit agresser par l’ours russe. En effet, depuis 1989 le pays affiche ouvertement la voix de la démocratie alors que la Russie est très loin de faire régner la liberté de penser… Or il ne fait aucun doute que pour le bien être des communautés juives, le système démocratique est de loin le meilleur. En effet, le mode démocratique permet le fonctionnement de structures indépendantes juives religieuses et donne la possibilité de pratiquer Tora et Mitsvoth. Il est clair pour le monde juif orthodoxe qu’il faille soutenir ce système plus que tout autre système existant. Puisque l’Ukraine s’inspire du système occidental, c’est à bénir de notre part (d’ailleurs de nombreuses communautés religieuses se sont développées ces derniers temps).
Cependant l’engouement pour l’Ukraine et sa défense ne devra pas atténuer la mémoire de la communauté. (Ndlr : le passage que j’écris est important à connaître mais il sera préférable, pour ceux qui ont la très bonne habitude de me lire à leur table du Shabbat, de sauter ces prochaines lignes). En effet, il n’y a pas si longtemps (75 ans) les Ukrainiens ont fait preuve d’une sauvagerie inouïe. S’il est vrai que les Allemands ont gazé dans des chambres à gaz des millions de Juifs (en fermant bien hermétiquement les portes afin de ne pas entendre les gémissements des agonisants, que D’ venge leur sang), les Ukrainiens ont décapités les Juifs de leur propre mains… Pour preuve encore, il existe des centaines de fosses communes gigantesques dans une multitude de villes ukrainiennes qui sont remplies de centaines de milliers de nos frères. Ces populations innocentes d’hommes, femmes et enfants ont été mitraillées avant de tomber dans ces fosses, puis recouverte de terre fraîche… Il est connu que dans les environs de la ville d’Ouman (où se trouve le tombeau de rabbi Nahman de Breslev) il existe une fosse dans laquelle gisent 30 000 corps. Toute cette population innocente avait été placée devant une seule alternative. La population enragée ukrainienne avait placé au-dessus des captifs une grande teinture sur laquelle était imprimée une immense croix. Il fallait que la population juive se prosterne devant elle pour avoir la vie sauve. La communauté refusa. Les Ukrainiens de mémoires maudites prirent leurs haches et coupèrent les mains et les pieds de tous ces pauvres gens… Ils les laissèrent 3 jours durant dans cet état ignoble pour au final les jeter dans la fosse… Il existe des témoignages qui indiquent que l’on pouvait encore voir des signes de vie sous la terre… Et si les âmes sensibles de la communauté éprises de libéralisme disent que ce n’est qu’un accident de l’histoire (comme il y en a beaucoup d’autres qui disent, dans un autre domaine très proche, si vous voyez ce que je veux dire, que ce n’est qu’un « détail » de l’histoire…), il faut aussi savoir que ce pays a fait vivre aux communautés des carnages à peu près similaires au cours de son histoire. Ce fut le cas au début des années 1900 (où 150 000 Juifs ont péri sous les sabres ukrainiens) et plus anciennement au 17ème siècle avec les sombres pogromes intitulés « Ta’h et Tath »… En un mot, ce pays a beaucoup, beaucoup de sang innocent sur ses mains (peut-être que cela devrait faire réfléchir le gouvernement israélien afin de ne pas accepter la venue de milliers d’Ukrainiens, n’appartenant pas à la communauté juive, pour en faire des citoyens à part entière ?).
Cependant, la partie adverse (russe) n’est vraiment pas blanc-bleu, oh que non ! La Russie a toujours détesté la présence en son sein des communautés juives (d’ailleurs le Tsar Nicolas II de mémoire maudite a volé les jeunes garçons de la communauté, à partir de 7/8 ans, pour les transformer après 30 années de service militaire obligatoires comme de vrais non juifs russes…). De plus, après la révolution soviétique, les communautés juives furent systématiquement pourchassées. Les communistes ont été des plus infâmes en interdisant toute pratique religieuse sur leur territoire et les plus récalcitrants étaient envoyés en Sibérie (le taux de mortalité avoisinait les 40 %). Ce que les communistes européens intitulaient le paradis communiste, n’est-ce pas camarade !….
Donc nous avons devant nous une grande problématique où le fauteur (la Russie qui a tout fait pour détourner la communauté de la Tora) s’attaque aux tueurs (l’Ukraine). Dire que le cœur de la communauté penche pour le tueur, impossible, pour le fauteur en aucune façon !
Seulement les desseins de D’ sont insondables… Puisque c’est le dirigent (mégalomane) des fauteurs qui s’attaque aux peuples de tueurs… Ce que l’on appelle dans notre riche lexique : »Le cœur des rois du monde sont dans les mains de D' » (Proverbes).
Il existe une explication très intéressante du ‘Hatam Sofer (éminent rav de Hongrie du début du 19ème siècle) dans son commentaire sur la Tora /Paracha Masséi (Ndlr : Son développement est long et profond, je n’en prends que les très grandes lignes). Dans la sainte Tora il est écrit que le tueur qui a prémédité son geste devait être mis à mort (seulement il fallait un jugement en bonne et due forme avec témoins alors que le Sanhédrin siégeait à Jérusalem). Sur ce, le verset indique que le criminel ne pouvait pas payer une rançon pour diminuer sa peine. Le verset dit : « Le sang versé sur la terre ne sera expié que par la mort du tueur… ». Le Hatham Sofer enseigne que l’expiation du sang de la victime ne pourra être atteint que par la mort du meurtrier. Seulement, il se peut que ce soit une bête féroce, ou même un non-juif qui tue le meurtrier. Cela apportera l’expiation du sang (de la victime). Cependant dans chaque meurtre, continu le Hatham Sofer, il existe aussi la destruction du Sanctuaire de D’ ! C’est-à-dire la partie divine de l’âme juive (ndlr : l’âme descend de dessous du Trône divin). Cette partie de l’homme ne trouvera son expiation que par la vengeance de D’. Lorsque Hachem entraîne les nations à faire la guerre, et qu’une nation tombe dans les mains d’une deuxième, c’est au niveau matériel. Cependant la vengeance, de la sainteté profanée, l’âme juive, ne se fera que par le Clall Israël/le Messie qui viendra juger les fauteurs. (Ndlr d’après ce développement, la Russie punit les Ukrainiens pour leur comportement, par rapport à leur passé, tandis que la punition des Russes se fera par le Clall Israël (le Mashia’h) qui combattra et jugera la nation qui a péché contre l’âme juive). A cogiter…
Coin Hala’ha : A Pessa’h il existe une interdiction formelle de manger du ‘Hamets durant tous les jours de fête (depuis le Chabbath 15 avril jusqu’au Chabbath du 23 avril). De plus, il est interdit de posséder du ‘Hamets. Donc on devra vérifier, avant la fête, de n’avoir aucun ‘Hamets, dans sa maison, bureau, voiture, etc., et ensuite de le détruire (le vendredi matin 14 avril).
On vérifiera tous les endroits où l’on a pu entreposer du ‘Hamets au cours de l’année (et aussi là où les enfants auraient pu cacher des confiseries, pains, gâteaux, etc.). Si l’on est sûr que l’on n’a jamais fait rentrer du ‘Hamets dans une pièce particulière, on sera exempté de la vérifier.
Tout ce nettoyage à l’approche de Pessa’h, ne nous dispensera pas de faire la vérification à la lueur d’une bougie, la veille de la fête (le jeudi soir 14 avril) et de faire la bénédiction d’usage « Al Biour ‘Hamets ».
Shabbat Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.
David Gold sofer
» Autour de la table de Shabbat » se propose de diffuser les annonces de mariages, de naissances etc. de ses lecteurs prendre contact suivant le mail 009094412g@gmail.com
Une berakha à tous les Ba’houré Yechivoth français en Terre sainte qui reviennent dans leurs familles après un long semestre d’étude et en particulier aux élèves : Aharon Yossef Azoulay, Mikhaël Halfon et Nathan Zana de la Yechiva Kéter Chelomo de Bené Braq pour qu’ils continuent leurs « shteigen » (étudier la Tora) durant les « vacances » de Pessa’h.