Pas d’accord avec l’Iran vaut mieux qu’un mauvais accord

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Iran's chief nuclear negotiator Ali Bagheri Kani speaks to the press in front of the Palais Coburg, venue of the Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) meeting that aims at reviving the Iran nuclear deal, in Vienna on December 27, 2021. (Photo by ALEX HALADA / AFP) (Photo by ALEX HALADA/AFP via Getty Images)

Par Con Coughlin – Gatestone

Ayant piteusement échoué à empêcher l’invasion de l’Ukraine, l’administration Biden ne craint apparemment pas de ternir plus encore sa réputation en signant un nouvel accord boiteux sur le nucléaire iranien.

hoto : Le négociateur en chef du nucléaire iranien, Ali Bagheri Kani, face aux médias dans le Palais Coburg ou ont lieu les négociations, à Vienne, le 27 décembre 2021. (Photo d’Alex Halada/AFP via Getty Images)

Ayant piteusement échoué à empêcher l’invasion de l’Ukraine, l’administration Biden ne craint apparemment pas de ternir plus encore sa réputation en apposant sa signature au bas d’un nouvel accord boiteux sur le nucléaire iranien.

Les négociations qui ont lieu à Vienne pour relancer le Joint Comprehensive Plan of Action (Plan d’action global conjoint, JCPOA) – initialement conclu en 2015 pour limiter les tentatives de l’Iran de se doter de l’arme nucléaire -, semblent sur le point d’aboutir.

Négociateurs iraniens et occidentaux ont en effet indiqué, d’un commun accord, qu’un texte était sur le point d’être conclu. La seule pierre d’achoppement a été la demande de dernière minute de la Russie que ses relations commerciales avec Téhéran soient exclues des sanctions qui la pénalisent actuellement.

Déjà signataire du premier JCPOA initié par l’administration Obama, la Russie a été partie prenante des discussions qui ont relancé l’accord. Selon les négociateurs occidentaux, Moscou a soutenu l’Iran à chaque fois que les États-Unis ont cherché à obtenir des concessions.

L’invasion de l’Ukraine n’a pas facilité les choses : l’Occident a sévèrement puni Moscou. Des sanctions ont été instituées qui se seraient appliquées à tout accord commercial entre la Russie et l’Iran, ceci dans l’éventualité où un accord sur le nucléaire serait signé et ou les sanctions contre l’Iran seraient levées.

Initialement, Washington n’entendait nullement alléger les sanctions qui pesaient sur la Russie. Mais à l’occasion d’une récente visite à Téhéran, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a affirmé que Moscou avait obtenu des garanties écrites de Washington. A l’en croire, les échanges russo-iraniens seront exemptés de toute sanction américaine.

« Nous avons reçu des garanties écrites », a déclaré M. Lavrov. « Elles sont incluses dans l’accord du nouveau JCPOA sur le nucléaire iranien. »

S’il s’avère que les échanges russo-iraniens sont réellement à l’abri des sanctions américaines, la preuve sera faite (s’il était besoin) que Washington a désespérément besoin de parvenir à un nouvel accord avec Téhéran, même si cela implique des concessions désagréables sur les activités nucléaires de l’Iran.

Les dernières évaluations des progrès réalisés par l’Iran dans son programme d’enrichissement d’uranium – un processus vital pour le développement d’armes nucléaires – n’ont rien de réjouissant. Fin 2020, Téhéran s’est libéré des contraintes du JCPOA qui limitaient ses activités d’enrichissement de l’l’uranium. Aujourd’hui, les experts estiment que le régime dispose d’assez d’uranium enrichi pour produire au moins quatre ogives nucléaires.

En outre, le Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran a démontré son expertise dans le domaine des missiles balistiques en lançant son deuxième satellite au début du mois. Les États-Unis ont rappelé que les lancements de satellites enfreignent une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Et de leur côté, les experts du renseignement ont compris que le programme spatial iranien servait surtout à développer des missiles balistiques intercontinentaux capables de transporter des ogives nucléaires.

Le petit club des responsables occidentaux qui ont participé aux pourparlers de Vienne sont intensément préoccupés par le stock croissant d’uranium enrichi de l’Iran et son savoir-faire dans le développement de missiles.

Le problème est qu’ils ne savent pas comment y remédier.

Comme Corinne Kitsell, représentante permanente du Royaume-Uni auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’a fait remarquer au début du mois: « L’Iran a continué son programme nucléaire, accru son stock d’uranium enrichi et mené à bien des activités qui lui ouvrent un accès permanent et irréversible à des champs nouveaux de la connaissance. Le programme nucléaire iranien n’a jamais été aussi avancé ; il n’a jamais exposé la communauté internationale à un tel niveau de risque. »

En dépit de ces informations, rien n’indique que l’administration Biden ait demandé des comptes à Téhéran pour son mépris flagrant du JCPOA, ni ralenti ses efforts en vue d’aboutir à un nouvel accord.

Ceci parce que la crise ukrainienne et la flambée des prix mondiaux de l’énergie ont modifié l’ordre des priorités. Washington est désormais pressé de lever les sanctions contre l’Iran afin que le régime produise du pétrole, augmente la production mondiale et fasse baisser le prix de l’essence et du mazout aux États-Unis avant le 8 novembre, date des prochaines élections de mi-mandat.

Mais en ne répondant pas à la menace très réelle posée par les ambitions nucléaires de l’Iran, M. Biden accélère l’érosion de la position de l’Amérique en tant que puissance mondiale.

Les réticences de M. Biden à prendre en compte les ambitions nucléaires de l’Iran ont déjà créé des tensions avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, deux États du Golfe producteurs de pétrole qui entretenaient des liens étroits avec Washington. Le mécontentement des dirigeants de ces deux pays face à la politique de l’administration Biden s’est traduit par un refus clair et net de répondre à la demande de M. Biden de discuter de la crise énergétique mondiale.

La Maison Blanche devrait comprendre que le refus de ces deux anciens alliés américains d’adresser la parole à M. Biden sur une question aussi vitale que l’approvisionnement énergétique mondial est la conséquence directe de son approche erronée de l’accord avec l’Iran. Si rien ne change, cette politique ne sera qu’un clou de plus dans le cercueil de la présidence Biden.

Con Coughlin est rédacteur en chef du Telegraph en charge des questions de défense et des affaires étrangères. Il est également Shillman Journalism Fellow au Gatestone Institute.

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