Sanctifier le Nom de D’

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Autour de la table de Chabbat, 325 Chemini

Ces paroles de Tora seront dites leylouï Nichmat du Prince de la Tora, rabbi Chemariaou Yossef ‘Haïm Kaniévski fils de rabbi Ya’akov Israël, que son âme repose en paix, auteur du « D »rekh Emouna » et de nombreux autres livres… « Et toute la maison d’Israël pleura l’embrasement qu’Hachem a enflammé… » (verset tiré de notre paracha).

Cette semaine notre paracha clôture l’édification du Sanctuaire et sa mise en fonction. Nous sommes (dans notre section) le 23 Adar de la deuxième année de la sortie d’Egypte. Moché Rabénou assemble le Michkan, tout seul, durant huit jours consécutifs. Ce n’est que le huitième jour, Roch ‘Hodech Nissan, que le feu sacré descendit du Ciel et consomma les korbanoth (sacrifices, l’encens et ceux de l’autel). A partir de ce moment, le lieu devient consacré. De plus, les Cohanim sont désormais les seuls de la communauté qui auront accès au sanctuaire pour faire son service. La joie était extrême puisque le lieu le plus saint de la terre venait d’être inauguré. Cependant cette grande allégresse fut ternie par un évènement terrible. En effet deux fils d’Aharon, de leur propre initiative, pénétrèrent dans le Saint des Saints avec des encens et un feu qu’ils ont pris de l’extérieur. Or, ils n’avaient pas été commandés par D’ pour ce service (de l’encens et du fait d’avoir pris un feu profane). Immédiatement le feu divin sortit du Hékhal (le Saint) et brûla les deux prêtres (Vayikra 10,1). Les Sages rapportent une autre raison pour expliquer la gravité de la punition. Ils avaient pris l’initiative d’enseigner une Halakha (loi) devant leur maitre Moché Rabbénou, sans lui avoir demandé au préalable sa permission (Erouvin 63).

Moshé demanda alors aux deux neveux d’Aharon de rentrer dans l’enceinte sacrée, de retirer les défunts afin que l’endroit reste pur. Michaël et Eltsafan prirent les corps inertes de leurs cousins (le feu avait brulé leurs entrailles mais l’aspect extérieur restait intact). Moché dit à Aharon que ses enfants étaient morts en sanctifiant le Nom divin et qu’il ne fallait pas prendre le deuil en ce jour d’inauguration. Aaron garda le silence. Rachi explique que lorsque l’attribut de justice s’abat, bar minan, sur les Tsadikim, le Nom de Hachem en est sanctifié. L’explication est que le peuple voyant ces grands hommes frappés se dira : « Si déjà ces hommes pieux de la génération sont touchés par la sévérité de D’, à plus forte raison nous devons avoir peur du jour du jugement« .

Nécessairement le reste du peuple fera plus d’efforts dans la pratique des Mitsvoth.

Pour le commun des mortels, la Justice divine est difficile à appréhender. Comment comprendre que des gens particulièrement pieux comme Nadav et Avihou, soient touchés de cette façon ? La réponse est simple, pour ceux qui me suivent depuis déjà sept années. Béni soit Hachem. C’est que notre D’ n’est pas uniquement Celui de la miséricorde et de la bonté sur terre (ce qui est vrai d’ailleurs). Il a aussi comme attribut celui de la justice. Or lorsqu’un homme faute, il existe deux modes de punitions. Soit dans ce monde ci, soit dans le monde à venir. Or, les Tsadikim préfèrent largement payer leurs dettes dans ce monde plutôt que dans celui à venir. Leur calcul est simple : la vie dans ce monde dure une centaine d’année (tout au plus) tandis que le monde à venir dure pour l’éternité. Donc, pour eux, il est préférable d’arriver propre et étincelant dans le monde à venir après avoir expier toutes les fautes dans ce monde ci. D’après ce raisonnement on comprendra, en grande partie, le phénomène tout à fait inquiétant de la souffrance, que D’ nous en préserve. Le but est identique : faire que l’homme hérite du monde à venir.

Cependant la prose est facile sur ce sujet mais, que D’ nous en garde, c’est beaucoup plus difficile de surmonter les faits, lo ‘alénou. Aharon, le père de Nadav et Avihou, a gardé le silence. C’est-à-dire qu’il a ignoré tous ses sentiments pour ne pas ternir le jour de la consécration du sanctuaire.

Le rav de Ostrobowiz enseigne qu’il existe quatre niveaux dans la Création. Le minéral, le végétal, le vivant et celui qui a la parole. Les deux derniers niveaux sont sensibles à toute humiliation et souffrance. Même le végétal dispose d’une certaine perception de ce qui l’entoure. Cependant le minéral n’a aucune conscience de ce qui se passe. On peut concasser la roche ou la jeter, elle ne ressentira rien. Lorsque la Tora a dit qu’Aharon a gardé le silence, il est marqué « Vayadom », c’est-à-dire qu’il s’est fait Domem (pierre). La raison était que sa foi et confiance en Hachem était particulièrement forte. Il savait que tout événement voulu par le Ciel était pour son bien ultime.

Je finirai par une courte anecdote. Le ‘Hafets ‘Haïm (éminent rav qui a vécu en Lituanie, décédé en 1933) a perdu un fils de son vivant, rabbi Abraham. Durant les sept jours de deuil, on pouvait voir le saint ‘Hafets ‘Haïm se répéter à chaque moment des chiva’ : »Hachem m’a donné, Hachem m’a repris, que le Nom de D’ soit sanctifié« . Les gens de sa ville étaient tous impressionnés de la manière dont le rav gérait sa douleur. Il répondit qu’il était rapporté dans un livre (Toldoth Adam) que durant l’inquisition espagnole une femme de la communauté avait été arrêtée avec ses deux enfants. Lors des supplices, les bourreaux, de mémoire maudite, tuèrent les enfants devant leur mère. La mère fit alors cette prière : « Ribono chel ‘olam, tu as ordonné dans ta sainte Tora, « Tu aimeras ton D’ de tout ton cœur ». Jusqu’à présent mon cœur était partagé entre deux amours, celui de mes enfants et le Tien. Maintenait que je ne les ai plus, je n’ai plus qu’un seul amour dans mon cœur qui appartient désormais entièrement à Toi ! » A méditer…

Quand toutes les histoires ne finissent pas en « happy end »…

Cette semaine j’ai parlé des difficultés mais aussi de son antidote : émouna et confiance… Certains pensent que « le feuillet « Autour de la Table du Chabbat » rapporte sans cesse des histoires qui finissent en happy end. Or beaucoup d’histoires véridiques existent et n’ont pas les mêmes chutes, et c’est aussi Hachem qui oriente ces faits ». Pour répondre à ce genre d’interrogations, je rapporterai cette histoire qui exprimera le point de vue de l’homme croyant.

Cette histoire remonte à plus de 2500 ans dans un pays du Moyen Orient antique. Il s’agit d’un homme de la communauté juive de Babylone se nommant Ytshak Tsadok. Notre homme était un fidèle de sa synagogue et exerçait le métier de forgeron, comme la plupart de ses frères installés en Babylonie d’alors. Il se maria et fonda une famille dans le respect scrupuleux des lois de la Tora comme il l’avait reçu lui-même de ses parents (ce qu’on appel à notre époque les orthodoxes). La vie suivit son cours plus ou moins tranquille sur les rives de l’Euphrate, et il atteint l’âge vénérable de 90 ans. A cette époque, il apprit des informations très inquiétantes provenant de la capitale. Un nouveau premier ministre venait de monter au pouvoir. Il était connu pour sa grande haine de tout ce qui touche au peuple juif. Tsadok était dans l’angoisse pour les jours à venir et plaignait amèrement la nouvelle génération. Les années passèrent et la situation empira, les décrets devenaient de plus en plus contraignants (un peu comme ceux de l’Allemagne de 1933.). Reb Tsadok devenait de plus en plus faible vu son grand âge. Il avait, en effet, dépassé les cent ans, ce qui était remarquable pour l’époque. Le point culminant arriva lorsque le pouvoir décréta la solution finale pour tout le peuple juif dans toutes les provinces du royaume. C’est dans ces moments tragiques que notre Tsadok rendit son âme à cause de toutes les mauvaises nouvelles provenant de la capitale. Fin tragique d’un homme droit et juste, Reb Tsadok. La suite arriva quelques mois plus tard. Il s’opéra un retournement de situation spectaculaire. Un nouveau décret fut promulgué par le roi permettant aux Juifs du royaume de prendre les armes le jour proclamé de l’extermination de la communauté afin de se défendre. Le 13 et 14 Adar de l’année suivante, tous les ignobles antisémites furent pourchassés et finalement c’est Mordechaï qui prit la place de Premier ministre et une nouvelle vie reprit pour la communauté éparpillée dans les 127 provinces du royaume. Vous avez certainement compris à quel épisode je faisais allusion ! La fête de Pourim.

Donc s’il est vrai que Reb Tsadok de Babel a vécu les années les plus noires de l’histoire juive en terre de Babylonie, il n’a pas vu non plus le retournement de situation de la fin de l’histoire. On pourrait se dire que Reb Tsadok a vu tous les maux de la génération. Toutefois, quelques mois après son départ pour un monde meilleur, la communauté vécut un grand retournement. Fini les pogromes antisémites des Amalécites, ainsi que celui de la Shoa proclamé ouvertement par le gouvernement en place à Babel (si vous voyez ce que je veux dire…). Le croyant gardera espoir, même si les choses semblent noires et obscures, dans l’attente des jours meilleurs, car il sait que c’est la Main bienveillante de D’ qui organise les faits et événements de ce monde (tiré du bulletin « Hachgahat Pratit »). Et comme on le dit dans le « Alénou lechabéa’h » (prière qui clôture nos tefiloth): « Viendra le jour où toutes les nations du monde se prosterneront devant Hachem et abandonneront leur idolâtrie pour accepter la Royauté divine ».

Et comme mon feuillet tient à renforcer la Emouna dans la communauté, je finirai par une autre anecdote réelle qui s’est déroulée le mois dernier en Ukraine. Comme mes lecteurs le savent certainement, la vie juive a repris ces dernières années en Ukraine grâce, en particulier, au travail prodigieux des envoyés du rabbi de Loubavitch zatsal. Ils ont constitué et animé des communautés dans tout le pays avec des écoles, synagogues, Mikvé etc. Ce qui mérite une grande bénédiction de notre part et de toutes les communautés juives dans le monde pour leur magnifique travail sur le terrain. Un grand « coup de chapeau » sera levé pour l’abnégation de ces familles ‘Habad qui viennent d’Israël ou d’Amérique et qui redonnent une vitalité à ce pays.

Tout dernièrement alors que l’armée de Poutine bombardait sans pitié les villes limitrophes de la frontière avec la Russie (les soldats russes n’envoient pas des petits papiers jetés par des hélicoptères qui préviennent la population civile de l’imminence d’un bombardement afin que les civils puissent fuir les lieux stratégiques, comme a toujours fait l’armé de l’Etat hébreu lors des différentes opérations à Gaza… N’est-ce pas ?). Des groupes de réfugiés quittent donc ces villes en direction de la frontière occidentale de l’Ukraine (vers la Pologne et la Roumanie). Dans une de ces villes (je crois que c’est Rakov, à l’époque elle était hors d’atteinte…) deux groupes de réfugiés de la communauté se sont retrouvés dans un lieu sûr de la ville en préparatif à leur départ. Les passeurs devaient se charger de leur transit. Normalement le premier groupe devait partir le jour même seulement le second composé de 18 personnes devait partir le lendemain. Mais les passeurs emmêlèrent les ordres… Au lieu de prendre le premier groupe, ils prirent le second en direction de la frontière. Les 18 personnes prirent leurs bagages et baluchons et se dirigèrent vers la frontière laissant loin derrière eux la ville de Rakov.

Les informations sont formelles : le lundi soir l’aviation russe a bombardé Rakov et a fait exploser l’immeuble dans lequel les 18 réfugiés devaient passer leur dernière nuit avant leur départ prévu pour le lendemain. L’immeuble a été entièrement rasé ! N’est-ce pas un prodige de Hachem que ce passeur se soit trompé et a pris le deuxième groupe au lieu du premier… D’après vous est-ce qu’il s’agit d’un hasard, ou bien plutôt d’un très grand miracle ? Question à 1000 dollars !

Coin Halakha : Lois de Pessa’h.

Celui qui quitte sa maison durant les 30 jours qui précèdent Pessa’h et qui ne reviendra qu’après les fêtes. Dans le cas, où il ne laisse personne pour faire la vérification du ‘Hamets la veille de Pessa’h (la nuit du 14 Nissan), il sera obligé de faire la vérification avant son départ (sans faire la bénédiction « ‘Al biour ‘hamets »).

Si on part, avant les 30 jours, on n’aura pas besoin de faire la vérification du ‘Hamets. On se suffira de l’annulation (Bitoul) de son ‘Hamets la veille de la fête (même si on se trouve loin de sa maison).

Chabbath Chalom et à la semaine prochaine… que de bonnes nouvelles pour tout le Clall Israël !

David GOLD

Sofer écriture ackhenaze, sefarade, Mezouzot,  Tephilines, Birkathabaït, Séfer Tora (un an et demi).

Et toujours, si vous aimez « la magnifique Table du Shabbat » vous pouvez la soutenir en faisant une dédicace (bénédiction, avis de mariage, prière etc.)…

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