Kan, c’est le nom du nouvel organisme de media d’Etat en Israël, et son logo. Une pièce de musée, peut-être…
La séance d’hiver de la Knesset vient d’être ouverte, et il est déjà évident qu’il va être chaud.
Deux personnes se préparent à une grande lutte, chacun avec son baby, Kakhalon, et Netaniahou.
Le premier, ministre des Finances, avec la loi sur « le troisième appartement ». Le second, avec la fermeture du projet d’une nouvelle organisation des média d’Etat.
Chacun tient à son idée, et l’un menace l’autre de tout faire pour que le projet de l’autre capote.
Pour l’heure, un comité a été mis en place pour tenter d’arriver à une conclusion objective de la validité financière de la remise aux catacombes du projet concernant les média, mais tentons de faire le point en quelques lignes de ces deux sujets à discussion, à dispute plutôt.
- La loi du troisième appartement
Kakhalon est arrivé au ministère des Finances parce qu’il avait promis un changement radical dans le domaine des prix des appartements dans le pays, qui ne font qu’augmenter.
Il a pris un certain nombre de mesures, qui ont fait que le public a cessé d’acheter, mais avec le temps, il s’est avéré que, sans grand doute, les prix vont continuer à augmenter, et c’est effectivement ce qui s’est passé, puisque le public a repris de plus belle à acheter des appartements, à tout prix.
Kakhalon a toutefois lancé le principe d’appartements à prix fixe (mekhir lamichtaken, dans lesquels les promoteurs s’engagent à respecter un prix raisonnable), destinés à des personnes de niveau social bas (jeunes couples, etc.), mais si ce n’est eux, le grand public n’en profite pas.
Alors, Kakhalon a lancé le principe de l’impôt sur le 3e appartement : ainsi, espère-t-il, va-t-il entrainer une certaine partie de la population à se débarrasser des appartements qu’elle a en trop, donc libérer des logements, ce qui peut avoir une certaine influence sur les prix.
Soit. Netaniahou est opposé à cette loi, sans doute parce qu’elle frappe des gens proches de lui…
Soit dit au passage, les partis orthodoxes, qui représentent une population très concernée par la situation difficile des prix d’appartements (comment une famille de dix enfants peut-elle acheter des appartements à chacun de ses enfants, quand les prix sont tels et qu’il faut, dans ce milieu, donner un appartement acheté à chaque couple ?), ont menacé de monter cet hiver sur les barricades parlementaires pour faire enfin avancer ce dossier. Pour l’heure, le responsable de ce domaine au ministère des Finances a proposé de lancer une loi, permettant la division d’appartements en plusieurs studios, ce qui n’est pas possible actuellement mais qui peut, effectivement, provoquer un très grand remue-ménage positif dans ce domaine.
- La direction des média, « ‘hok hataaguid »
La situation dans les diverses chaines de radio et de TV d’Etat n’est pas fantastique : avec le temps, les journalistes ont obtenu des avantages sociaux très importants, en profitant de la force que leur accorde leur fonction. Leur nombre est également très important, bien plus que nécessaire. Le positionnement global des journaliste – et c’est peut-être le point le plus important, qui a amené Netaniahou à projeter un changement de fond dans cette branche – rejoint la gauche : de ce fait, pratiquement, le pouvoir actuel est constamment critiqué par les media (ceci est vrai, d’ailleurs, également dans la presse écrite, pourtant indépendante des services d’Etat : Yedi’oth et Haarets sont des journaux clairement identifiés avec la gauche, et ce n’est que grâce à un philanthrope américain soutenant Netaniahou qu’un journal de droite a été lancé, Israël hayom, qui est distribué gratuitement en plus).
Ajoutons ici un point concernant le public religieux : du fait de cette situation, le public pratiquant ne trouve pas de grand appui dans les media officiels, pratiquement radicalement opposés à la pratique et à la Tora…
Mais Netaniahou a changé d’avis : il veut à présent abandonner le projet qu’il voulait amener à sa concrétisation, et laisser les choses telles qu’elles sont.
Officiellement, la raison de ce changement est financier : la « rechouth hachidour » a d’elle-même pris un certain nombre de mesures visant à améliorer son fonctionnement, donc la mise en route d’une nouvelle structure perd de son sens, d’autant plus qu’elle entraine elle aussi de grandes dépenses (mises à la retraite de nombreuses personnes, et mise en route de nouvelles structures).
Dans la réalité, il se peut que Netaniahou redoute les réactions des journalistes, surtout de ceux qui auront été mis à la porte de leur poste : ils risquent de lui rendre monnaie de la pièce d’une telle manière que toute la manoeuvre aura été non seulement inutile, mais encore dangereuse – pour la bonne suite de sa carrière politique. De là, l’abandon de ce projet.
Intervient Kakhalon, et déclare que le fait d’abandonner le projet est encore plus onéreux.
L’accord de ces jours-ci consiste donc à mettre en route une commission destinée à faire les calculs – quand, de son côté, le préposé aux comptes de l’Etat a lui aussi lancé enquête…
Affaire à suivre, donc, cet hiver.