Israël : un gouvernement incertain coupé de ses bases

Israël : un gouvernement incertain coupé de ses bases

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israeli minister of Foreign Affairs Yair Lapid with prime minister Naftali Bennet in the assembly hall of the Israeli parliament on June 21, 2021. Photo by Olivier Fitoussi/FLASH90 *** Local Caption *** ???? ????? ???? ???? ??? ?????? ????? ???

Le ministre des affaires étrangères Yair Lapid, mardi 29 juin 2021, est le premier ministre israélien à se rendre aux Émirats arabes unis. Il est sur le point de récolter les fruits plantés par son prédécesseur, Benyamin Netanyahu, bien qu’il l’ait piétiné publiquement en mentionnant les « erreurs » de l’ancien dirigeant lors d’une conversation avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken largement médiatisée.

Cette médiatisation rend presque suspecte l’attitude de Biden dans la formation du gouvernement israélien, tant Netanyahou semblait être un obstacle à la politique américaine au Moyen-Orient. Cette politique ne sert que les intérêts des Etats-Unis, et accessoirement ceux d’Israël. S’aligner sur cette politique comme le font Bennett et Lapid, c’est simplement trahir les intérêts d’Israël. Seules les personnes de gauche qui se sont toujours fourvoyés sur tous les grands sujets, en cohérence avec leur passé, peuvent approuver cette situation.

Netanyahu est resté à regarder la télévision alors que son ennemi le plus virulent a inauguré la première ambassade d’Israël à Abu Dhabi, la capitale des Émirats arabes unis, et le consulat à Dubaï. Ces cérémonies ont couronné le triomphe épique au Moyen-Orient des accords d’Abraham, mis en œuvre par Netanyahu et l’ancien président américain Donald Trump, qui ont ainsi abattu les plus hautes barrières d’Israël avec le monde arabe. Tout en profitant de l’histoire, Lapid a gardé les deux hommes d’État à l’écart, faisant profil bas quand il a dû admettre le rôle de Netanyahu. La présence de ses deux architectes à cette occasion aurait fait la une des journaux alors que le cérémonial sans eux a paru terne.

Au cours de la première quinzaine de leur gouvernance depuis le remplacement du gouvernement Netanyahu, le Premier ministre Naftali Bennett et le Premier ministre suppléant Yair Lapid semblent assez incertains. Toujours obsédés par l’élimination de leurs prédécesseurs, ils sont en peine à diriger une équipe profondément dépareillée vers de nouveaux domaines. Netanyahu, à la tête d’une opposition impitoyable, ne leur fait, pour sa part, aucune concession.

Bennet a évité de créditer son prédécesseur d’avoir sorti le pays de la pandémie de covid-19 par des vaccinations de masse, tout en se débattant contre le nouveau variante Delta, sans apporter la moindre nouvelle réponse.

Les caractéristiques les plus remarquables du nouveau gouvernement à ce jour sont :

  • Le soi-disant « gouvernement du changement » n’a rien présenté de nouveau.
  • Bennett n’a pas endossé le rôle et l’image d’un leader national.
  • Lapid a du mal à remplacer Netanyahu en matière de relations étrangères, tout en se prosternant devant Washington d’une manière atypique pour ses prédécesseurs.
  • Le ministre des Finances Avigdor Lieberman, après avoir fait remarquer qu’il n’était pas le Père Noël, s’est tu, bien que la réforme économique soit essentielle à l’élaboration de toute nouvelle politique.
  • Le visage amer du ministre de la Défense Benny Gantz témoigne de son ressentiment à l’égard des relations étroites Bennett-Lapid et de sa conviction qu’il aurait dû être Premier ministre.
  • Les ministres représentant huit partis n’ont jusqu’à présent pas réussi à se réunir sur une législation essentielle ou des messages communs.
  • L’engagement de Bennet selon lequel « nous sommes venus ici pour travailler dur pour les gens – pas pour nous-mêmes » n’a pas trouvé d’écho.

Aucune preuve n’a été produite non plus pour étayer l’affirmation de Lapid selon laquelle les nouveaux ministres avaient trouvé leurs ministères plongés dans « la négligence et la destruction » et qu’ils devraient « les reconstruire à partir de zéro ».

Ces deux plaintes sont des tactiques typiques pratiquées par les nouveaux stagiaires du gouvernement pour expliquer leurs premiers faux pas dans cette mauvaise gestion. Même Lapid a donné une image embarrassante le 26 juin, lorsqu’il a rencontré le secrétaire d’État américain Antony Blinken à Rome pour ce qui a été décrit comme une réinitialisation des relations post-Trump et post-Netanyahu. Il a profité de l’occasion pour critiquer ses prédécesseurs : « Ces dernières années, des erreurs ont été commises », a-t-il déclaré à Blinken. « La position bipartite d’Israël a été une erreur (parlant des relation très fortes et très personnelles entre Trump et Netanyahou). Nous corrigerons ces erreurs ensemble. »

Lapid, loin de se comporter comme le plus haut diplomate de son pays, s’est trompé en faisant un commentaire inconvenant sur le gouvernement de son pays à un responsable étranger et publiquement. En essayant trop de s’en remettre aux États-Unis, Lapid a trahi sa propre faiblesse personnelle.

Bien que le président Joe Biden ait réitéré sa promesse de ne pas laisser l’Iran acquérir l’arme nucléaire, lorsqu’il a reçu lundi à la Maison Blanche le président israélien sortant Reuven Rivlin, les deux pays sont aux antipodes sur la voie de cet objectif : Biden insiste sur la voie diplomatique, tandis qu’Israël rejette la relance de l’accord nucléaire de 2015. Alors que les Etats-Unis ont lamentablement échoué en Corée du Nord et maintenant en Iran, Israël a quant à elle montré que son action en Irak en juin 1981 sur Osirak a évité au monde entier une catastrophe, bien qu’à l’époque elle fut condamnée par les hypocrites chancelleries occidentales.

Ils sont également divisés sur le conflit israélo-palestinien et sur la question de Gaza. Les pressions peuvent potentiellement  briser le partenariat entre la droite Bennett et le centriste Lapid et de faire tomber leur gouvernement. Les intérêts divergents entre Jérusalem et Washington exigent un leadership israélien ferme au plus haut poste diplomatique d’Israël. Cela fait encore cruellement défaut.

JForum – et Debka Files

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