Un important réseau du Hezbollah démantelé en Haute Galilée

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Par Etienne Duranier à Métula © Metula News Agency

Un réseau important d’agents du Hezbollah a été découvert en Galilée. Six individus, tous originaires du village alaouite (le seul en Israël) de Radjar, ont été écroués et inculpés, et se trouvent actuellement en attente de leur procès.

Le cerveau du réseau est un certain Saab Kahamouz, agissant pour le compte de la milice chiite à partir du Liban. Il donnait ses instructions à trois de ses fils en Israël : Diab Kahamouz, le chef de la cellule, Jamil et Youssef. Ceux-ci avaient également recruté leur cousin, Moukhssen, ainsi que deux autres résidents de Radjar, Adal Ayounat et Ibrahim Mamdoukh.

L’itinéraire du Hezbollani Saab Kahamouz est suffisamment troublant pour que nous le mentionnions. Le personnage était également, à l’origine, détenteur de la nationalité israélienne ; comme plusieurs autres membres du clan Kahamouz, il a été impliqué dans le trafic de stupéfiants en provenance du Liban, profitant de la situation de Radjar, littéralement adossé à la frontière.

Saab, Sido pour ses proches, était également un consommateur de drogue ; il a été arrêté et jugé un certain nombre de fois pour ces activités délictueuses. Il avait quitté son village et demeurait à Kiryat Shmona, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Radjar. Il y avait tissé une toile importante de complices, juifs pour la plupart, afin d’écouler la « marchandise » qui continuait à lui parvenir par la filière familiale.

En 2006, profitant d’une libération conditionnelle avec assignation de domicile à Nazareth alors qu’il risque une peine de trente ans de prison, Sido s’enfuit au Liban en empruntant les chemins de contrebande qu’il connaît par cœur. C’est là qu’il rejoindra les rangs de la milice chiite, supplétive de la « République » Islamique d’Iran, son intégration étant facilitée par le fait que l’alaouisme pratiqué à Radjar constitue une secte proche du chiisme perse.

Aujourd’hui, son fils Diab, lui aussi condamné par le passé pour trafic de stupéfiants, est inculpé de complicité avec l’ennemi en temps de guerre, d’espionnage, de contacts avec un agent étranger, de transfert d’informations à l’ennemi, de conspiration visant à aider l’ennemi en temps de guerre, de contraventions à la loi sur la détention d’armes, d’importation d’armes, et d’association de malfaiteurs en vue de commettre un crime.

Ses frères sont accusés d’assistance à ces charges, et leurs cousins, entre autres, de transfert d’informations à l’ennemi. Tous les inculpés bénéficient de la nationalité israélienne.

La traque du réseau débute le 30 juillet dernier, lorsqu’un agriculteur de Métula (à 4 km à vol d’oiseau de Radjar) découvre dans un verger un sac contenant deux gros engins explosifs, que les démineurs israéliens identifieront comme provenant de l’arsenal du Hezbollah.

C’est Diab qui avait récupéré le sac après qu’il eût été lancé par des Hezbollani par-dessus le grillage de sécurité délimitant la frontière internationale. La police et le contre-espionnage (Shin Bet) ont déterminé que Diab l’avait ensuite caché dans le verger de Métula.

Ses instructions consistaient à faire exploser les bombes dans divers emplacements de la ville d’Haïfa, mais après plusieurs reconnaissances, jugeant l’expédition trop périlleuse, notamment à cause des mesures sécuritaires en vigueur dans la cité portuaire et des nombreuses caméras de surveillance sur place, Diab Kahamouz suggéra à son père d’autres lieux-cibles, y compris dans la ville industrielle de Nésher, au nord d’Haïfa.

Parmi les alternatives envisagées, les terroristes avaient retenu le carrefour Golani, un important nœud routier au pied de la Galilée. C’est en allant y faire des repérages qu’ils notèrent, non loin de là, qu’à l’arrêt de bus du carrefour de Touran, qui donne accès à la base militaire de Shimshon, il y avait souvent des rassemblements de soldats. Diab et ses complices photographièrent abondamment le secteur sur leurs portables et les envoyèrent au Liban.

Après avoir arrêté leur choix définitif sur cette cible, Diab retourna à Métula chercher le sac aux explosifs mais se montra incapable de retrouver l’endroit où il l’avait caché.

Le 4 septembre dernier, dix suspects furent appréhendés et soumis à des interrogatoires ; depuis, quatre d’entre eux ont été blanchis et relaxés. Le Shin Bet a saisi au domicile des agents du Hezbollah des ordinateurs et des mobiles sur lesquels ils ont retrouvé les photos des objectifs possibles qui avaient été envoyées au Liban. Parmi celles-ci, des images de bases militaires, mais aussi d’emplacements stratégiques à l’intérieur du village de Radjar même, au risque de tuer des membres de la propre famille des suspects – qui en compte 350 sur une population d’environ 2 500 villageois -, ainsi que de personnes de leur communauté.

Le cynisme est l’un des éléments qui frappent dans cette affaire d’espionnage ; singulièrement celui  d’un père, Sido Kahamouz, prêt à risquer l’existence de sa fille, mais aussi de ses frères et sœurs et de ses amis pour obéir aux injonctions de ses supérieurs du Hezbollah.

L’affaire, qui fait grand bruit, met aussi à mal la réputation de la famille Kahamouz, dont la plupart des membres travaillent quotidiennement avec des Juifs, et surtout, de la communauté alaouite de Radjar, qui s’était toujours montrée, du moins jusqu’à ce jour, fidèle à l’Etat d’Israël.

C’est aussi un revers personnel pour le Moukhtar [arabe : celui qui est choisi] et maire élu, Ahmad Fatali Abou Hashem, qui a voué son existence à la cohabitation fraternelle avec les Juifs, et qui jouit en retour d’un très large potentiel de confiance dans les divers ministères et au sein de l’armée.

 

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