Aujourd’hui en France mais aussi à Bruxelles, Rome, Londres, Washington, Los angeles, New York, Montréal, des rassemblements sont organisés pour crier NON ! à l’impunité suite à la décision de la justice française dans l’affaire de Sarah Halimi. La communauté juive bien sûr se mobilise mais aussi de nombreux chrétiens, l’Eglise de France à affirmer qu’elle se présente aujourd’hui, en Israël, le représentant de la communauté chrétienne maronite sera également là. Sur la page Facebook « agissons pour Sarah Halimi », plusieurs messages de membres de la communauté musulmane ont été postés en soutien à la famille de Sarah Halimi.
La défaite d’un système
La décision inique rendue par la cour de cassation dans l’affaire Sarah Halimi, au-delà de l’émotion et de la colère qui en découle, constitue un triple scandale, juridique, politique et moral.
En effet, la cour de cassation en confirmant le jugement de la cour d’appel entérine ainsi l’absence de procès pour le meurtrier de Sarah Halimi.
Pourtant, Traoré de ses propres aveux n’est pas atteint de troubles psychiques chroniques – il consomme seulement une quantité quotidienne importante de cannabis. Mais c’est pourtant cet élément qui suffit, selon le jugement, à établir une abolition du discernement – ce qui est déjà, en soi, scandaleux – et cette abolition du discernement lui vaut, presque automatiquement alors que rien dans la loi ne le prescrit, la qualité d’irresponsabilité pénale.
Nous sommes face donc a une nouvelle jurisprudence qui aura des conséquences kafkaïennes et dramatiques, puisque, selon l’esprit de l’arrêt, un alcoolique battant sa femme pourra prétexter de son état pour échapper aux poursuites pénales…
C’est ensuite un scandale politique, car, au-delà des hérésies juridiques commises par les juges de la cour d’appel, le scandale Halimi vient un an avant le meurtre de Mireille Knoll, rescapée de la Shoah, assassinée en 2018. Il vient aussi, dans un contexte où les institutions judiciaires semblent renâcler à ouvrir leurs yeux face à l’antisémitisme – et l’on se souvient à cet égard de la première affaire Halimi, le meurtre d’Ilan, en 2006, où, contre toutes vraisemblances, l’on était parvenu à articuler le mot d’« antisémitisme» qu’après de longues semaines de déni. Or, dans l’affaire Knoll comme dans la seconde affaire Halimi, nier les motifs des coupables, ou leur permettre de s’échapper d’un procès, c’est bafouer la mémoire de ces deux femmes. C’est une forfaiture de la part de la police, de la justice et de la classe politique.
Le pacte républicain français est brisé. Que l’on n’ose plus dire que l’antisémitisme tue, ni que les assassins, fussent-ils dépendants à telle ou telle substance, doivent être jugés, c’est une part de l’âme de la France, le pays des lumières qui est à l’agonie.
La loi doit être la même pour tous, soit elle protège, soit elle punit.
Et pourtant, cette loi n’a pas protégé Mireille Knoll de l’antisémitisme. Elle ne punira pas l’assassin de Sarah Halimi. En France, on bafoue donc des constitutions pour sauver la liberté d’un coupable avoué et reconnu.
C’est enfin un scandale moral. Que l’aveuglement délibéré et la servitude volontaire face à l’islamisme aient à ce point pénétré toutes les institutions françaises, dont la justice, représente une terrible défaite.
C`est un échec considérable du système judiciaire français et un dangereux précédent pour l’Etat de droit et pour l’ensemble de la société, avec des conséquences sur l’avenir incalculables.
La Cour qui avait finalement établi la motivation antisémite du meurtrier était indiscutable, elle a fait preuve d’un manque de courage et de perspicacité stupéfiants en ne la considérant pas comme l’élément essentiel de cette affaire, contrairement à sa consommation de cannabis.
Dans un contexte général où l’antisémitisme ne montre aucun signe de faiblesse, dans l’espace public comme sur les réseaux sociaux, cette décision envoie un message scandaleux et dangereux.
Cette décision devrait interpeller chaque français !
Est-ce que la lutte contre l`antisémitisme est assez fort par rapport à la propagande négationniste, antisémite qui circule librement et qui aujourd`hui trouve une sorte de légitimité judiciaire ? J’en doute…
Alors, dimanche, que l’on soit à Paris, Tel Aviv, Londres ou New York, on ira manifester pour dire encore plus jamais ça…jusqu`à la prochaine fois !
Abandonner les Juifs ne servirait qu’à illustrer jusqu’où un pays comme la France pourrait sombrer et se diriger vers son déclin. Cela serait une grave erreur morale et aussi une erreur stratégique de première ordre. Le niveau d`antisémitisme a toujours été un baromètre fiable de l`état de santé d`une société, or là, le baromètre s`est cassé….
Stéphane Goldin pour Tel-Avivre
NDLR : Ajoutons ici qu’à Tel Aviv, plutôt à Jaffa (notre photo), une manifestation s’est tenue à proximité de la maison de l’Ambassadeur de France, à laquelle ont pris part des ministres israéliens telle que Mme Yankelevitch, et des députés tels que le rav Dérhy.