L’impression était, la semaine dernière (début décembre), après la décision de la Knesset d’arriver à de nouvelles élections, que tout s’éclaircissait, et que tout allait s’aranger : le gouvernement ingouvernable qui avait été mis en joute voici quelques mois arrivait à sa fin, et l’on allait passer à mieux, bien mieux ! L’insuportable groupe de Ka’hol Lavan arrivait à sa fin, et son interminable jeu d’aller contre Bibi à tout prix et dans tous les domaines allait enfin cesser. Tout allait, bientôt, aller pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Les sondages prouvent que la Droite va prendre enfin le pouvoir de manière indiscutable, et les divisions de la Gauche vont provoquer une grande chute de sa force, d’autant plus que, quelque part, Lapid va chercher des compères pour se présenter avec eux, ce qui entraine un public assez important à fuir ces groupes.
Eh bien, cela n’est pas du tout évident. Non point que la Gauche remonte, mais c’est la Droite qui va se retrouver face à des problèmes qui ne sont pas évidents : Netaniahou, en accordant à son coéquipier provisoire, Benny Gantz, la moitié de la royauté, a mis en place une forme de gestion des affaires publiques qui risque fort de se retourner contre lui en un proche avenir ! Car Gantz et compagnie ne sont pas les seuls à se conduire comme des gamins, et à réclamer voitures de service de haut niveau et autres plaisirs, y compris le titre fantastique de « Premier ministre de remplacement », d’autres risquent de s’intéresser à une telle formule… Qui cela ? Allons, pas compliqué : Naftali Bennet ! Il a tout pour plonger dans cette salade, et exiger lui aussi, pour accepter de rejoindre le Likoud et pour l’aider à former un gouvernement, de telles conditions : Premier ministre adjoint, échange de place au bout d’un certain moment, postes-clé pour toutes ses gens, et le reste à l’avenant !
Il est vrai que les rabbins de la Droite religieuse commencent une campagne contre Bennet – surtout parce que ce dernier n’est pas réellement religieux, et risque de s’engager dans des voies qui ne correspondent pas à celles du Judaïsme qui est le leur, entre autres, en ce qu’il n’est pas évident à ses yeux qu’il soit impossible de former une coalition avec Lapid (« Alliance des frères », vous vous souvenez ?), ou avec tout autre groupe, si cela est intéressant. Pour Bennet, les rabbins ? Bof, qu’ont-ils à dire en matière de politique ?
Et l’on peut faire confiance également à Netaniahou de faire chuter, comme d’habitude, le nombre de voix réelles que Bennet peut obtenir, afin qu’ils n’arrive pas à ses 20 sièges.
Mais pour l’instant le scénario qui se dessine pour Netaniahou n’est pas des meilleurs, et il peut non seulement rien avoir gagné avec ce qui se prépare, mais encore avoir perdu, et beaucoup.
Et, avec lui, tout le peuple juif qui vit dans le pays…
(Rédigé sous l’inspiration de l’éditorial du Yated Nééman, en date du 6 décembre)