par Nissan Mindel mis à jour le 23.11.2020
Les nombres ont une signification spéciale dans la Tora et dans la vie juive. Aussi, nous examinerons celle du nombre huit qui se rattache de façon particulière à la fête de Hanoucca (début de la fête jeudi soir 10 décembre 2020).
Comme chacun sait, cette fête est célébrée pendant huit jours, et la Lampe de Hanoucca comporte huit branches pour huit lumières, que nous allumons chaque soir, en commençant avec une lumière le premier soir, pour finir avec huit le huitième.
Généralement, c’est le nombre sept qui revêt une signification spéciale : le septième jour est le saint Chabbath ; la septième année est la Chemita, et il y a sept Chemitoth dans un Yovel ; Pessa’h est célébrée sept jours durant (hors d’Erets-Israël elle est célébrée pendant huit jours) ; Souccoth est également célébrée pendant sept jours, le huitième étant Chemini-Atséreth, qui est à elle seule une seule fête (hors d’Erets-Israël, nous avons aussi un neuvième jour –Sim’hath–Tora).
Pourquoi avons-nous huit jours à Hanoucca, alors que la Menora dans le Beth-Hamikdach de jadis, avec ses sept branches, n’en prévoyait que sept ? A première vue, la réponse paraît assez simple. Il nous est relaté qu’il fallut huit jours pour que la nouvelle huile d’olive pure fût prête pour la Menora, après que les soldats du roi grec, la cruel Antiochus, eurent profané le Sanctuaire et l’huile pure qui s’y trouvait. Un seul petit flacon avait échappé à leur forfait ; il fut utilisé par les Juifs, et miraculeusement son contenu dura les huit jours nécessaires pour que la nouvelle huile pure fût prête.
Toutefois, étant donné que tout est le fait de la Divine Providence, il est clair que le nombre de jours que dure ‘Hanoucca a une signification spéciale.
Car le miracle de ‘Hanoucca eût pu se produire de telle manière qu’il ne fût pas nécessaire de l’observer pendant plus de sept jours, et même moins, si le Tout-Puissant l’avait voulu ainsi. La question demeure donc : quelle est la signification que revêt le fait que ‘Hanoucca soit une fête de huit jours, ni plus, ni moins.
Cela nous amène à la signification du nombre huit en général, car nous le trouvons rattaché à plusieurs autres aspects de la vie judaïque.
Pour en citer quelques-uns : le Brith (Circoncision) a lieu le huitième jour de la naissance du garçon, et elle est effectuée même le Chabbath (sauf si, pour raisons de santé, l’opération doit être différée) ; le Cohen Gadol (Grand-Prêtre) avait huit vêtements sacerdotaux ; le premier Sanctuaire fut, de façon permanente, établi le huitième jour (après sept jours de dédicace), et c’est en ce jour qu’Aharon et ses fils reçurent l’onction comme Cohanim.
Nos Sages soulignent d’autres exemples encore où le nombre huit a une signification spéciale. Quelle est donc sa signification, comparé au nombre sept ?
NATUREL ET SURNATUREL
Nos livres saints expliquent que le nombre sept a des rapports avec la Nature et le monde en général. D’ créa celui-ci en six jours et Se reposa le septième, qu’Il sanctifia. Le saint jour de Chabbath est, pour ainsi dire, « âme » des six jours de semaine, mais il fait partie de l’ordre du monde– de même que notre âme est la source de vie dans notre corps, tout en faisant partie de tout notre être.
Si sept a des rapports avec la Nature, huit, lui, est le symbole de ce qui est au-dessus de la Nature– le surnaturel.
Étant donné que le cerveau humain est aussi une création de D’, sa capacité a des limites naturelles. En d’autres termes, il y a une limite à l’entendement humain.
Nous pouvons comprendre beaucoup de choses et accroître constamment notre compréhension de tout ce qui relève de la Nature, telles que les sciences, lesquelles se situent effectivement à l’intérieur de la Nature et en font partie.
Donc l’intelligence et le savoir humains doivent toujours se limiter aux choses à l’intérieur de la Nature. Quand on en vient aux choses surnaturelles— qui sont au dessus et au-delà des choses naturelles– là l’intelligence humaine n’y saurait atteindre d’elle-même.
Or, la Tora et les Mitzvoth, y compris toutes nos fêtes, appartiennent à la catégorie des choses surnaturelles, pour la raison qu’elles nous ont été données par D’, le Créateur, qui est au-dessus et au-delà de la Nature qu’Il a Lui-Même créée.
C’est seulement parce que D’ nous a révélé la Tora et les Mitzvoth, quand Il nous les donna au Mont Sinaï, que nous sommes capable de comprendre, plus ou moins, la Tora que nous étudions et les Mitzvoth que nous pratiquons dans notre vie quotidienne.
Nous avons dit « plus ou moins », car il y a des Mitzvoth qui nous sont plus compréhensibles que d’autres.
Des commandements divins tels que « tu ne tuerais pas », « tu ne voleras pas » et d’autres injonctions semblables sont plus aisés à comprendre que d’autres, tels que ceux nous enjoignant de mettre les Tefilines ou de ne pas porter de Cha’atnez dans nos vêtements, etc.
Il résulte de cette « différence » (différence qui existe seulement dans l’esprit humain, car toutes les Mitzvoth sont réellement les mêmes, dans le sens qu’elles nous viennent toutes de D’), que d’aucuns font l’erreur de penser que certaines Mitzvoth sont « raisonnables » et d’autres « déraisonnables », ce qui les amène à observer à contre-cœur ou à ne pas observer du tout les Mitzvoth qu’ils croient ne pas comporter d’explication. Cette manière de penser est un piège dangereux dans lequel on doit se garder de tomber.
La fête de ‘Hanoucca, avec ses huit jours et ses huit bougies, nous aide à nous souvenir de ce piège à éviter.
Mis en forme par NG.
Source: Histoire complète de Hanouccah par Nissan Mindel (1988)