Parachath Lekh Lekha

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Autour de la table de Chabbath, par le rav David Gold

Ne pas faire comme Tintin en Amérique…

Notre paracha suit celle de Noa’h mais 10 générations les séparent ! Comme on le sait, la Tora n’est pas un livre d’histoire relatant les événements d’un lointain passé mais un guide pour savoir comment se comporter dans la vie en adéquation avec notre Créateur ! Or toutes les générations intermédiaires ne se distinguèrent pas par un haut niveau d’éthique et de morale… Chacun était occupé à faire fructifier ses champs et son commerce à l’ombre de son idole. Ce n’est qu’à partir d’Abraham Avinou que la parole divine s’est faite entendre sur terre. La première injonction sera : » Vas pour toi vers une destination que je t’indiquerais (ce sera la terre sainte) ». Or, les versets ne relatent en rien quel a été le cheminement de notre Patriarche au préalable. Ce sont les Sages de mémoires bénis qui le dévoilent dans le Midrach. Très tôt, le jeune Abraham s’est construit une foi inébranlable dans le Boré Olam (Maitre du monde). Les choses ne furent pas simples car à l’époque la grande mode c’était l’idolâtrie et toute la permissivité qui va avec ! (Car c’est sûr, quand on adore plusieurs dieuxצ on peut toujours trouver une petite faille à droite ou à gauche pour se permettre des petits écarts). Or, seul, Avraham s’est levé  contre toutes les idéologies et pensées de l’époque (Un peu comme le font les « ultras » qui ne s’assimilent pas au vent de libéralisme qui souffle dans le monde occidental). Le Midraבh (Raba 39.1) enseigne une intéressante allégorie à ce sujet. Il est dit: » Avraham ressemblait à un homme qui cheminait d’un endroit à l’autre jusqu’à ce qu’il vit au loin un château éclairé. Il se demanda : »Est-ce qu’il y a quelqu’un dans cette demeure? » C’est alors que le châtelain le regarda de sa fenêtre en disant: « C’est moi le maître ici ! » De même, Avraham se demandait s’il y avait un maître sur terre. C’est alors que D’ lui fit savoir qu’IL était le souverain du monde. » Fin du Midrach. Le ‘Havatselet Hacharon fait remarquer quelque chose de très juste sur ce texte (la suite de notre développement est tiré en grande partie de ses écrits (Lekh Lekha 1° Dvar Tora). C’est que toute la preuve de la présence d’un maitre dans ce château c’était le fait que les lumières soient allumées. Or, si vraiment Avraham se questionnait à propos de la présence d’un D’ Créateur, il pouvait l’admettre facilement par le château lui-même (Qui est la preuve qu’il y a un architecte – constructeur à l’origine) ! Seulement Avraham n’a pas de doute à cet égard, l’idée du Midrach, c’était de vérifier s’il y a bien de la lumière à l’intérieur du château. C’est-à-dire que le seigneur bâtisseur est le maître de sa demeure ! Car l’idéologie qui prévalait à l’époque c’était que Hachem S’était retiré dans les firmaments et avait laissé à d’autres le soin d’organiser la vie sur terre. Or, Avraham va à l’encontre de cette affirmation, en proclamant que la Providence divine agit jusque dans notre bas monde ! C’est le leitmotiv  d’Avraham et aussi du judaïsme. Donc la lumière dans le palais est le symbole que Hachem organise la vie des nations et celle des hommes : c’est la grande nouveauté que dévoilera Avraham à toute sa génération et c’est le B. A. BA du judaïsme.

Le rav Elhanan Wassserman Roch Yechiva avant guerre de Branovitch הי »ד va encore plus loin dans son analyse (Quovets Chiourim 2/47.14). Il explique qu’un homme qui ferait la Tora et les Mitsvotי mais sans la foi (dans l’existence de D4 et de sa Providence) serait considéré comme s’il ne faisait pas la Mitsva ! En effet, la Guקmara donne deux avis sur le fait qu’un homme fait une Mitsva par hasard, sans en avoir la conscience, sans y penser précisément .Par exemple sonner du Chofar le jour de Roch Hachana sans savoir que c’est la Mitsva du jour (seulement il sait que c’est un jour de fête). D’après un premier avis notre homme ne sera pas quitte – car il n’a pas l’intention de se rendre quitte de la Mitsva – (Mitsvot tsikhoth kavana) ; d’après un 2° avis moins sévère, il en sera quitte. Seulement dans le cas où il ne sait même pas que c’est la fête de Roch Hachana, alors même  d’après l’avis plus flexible, il ne sera pas quitte. Pareillement, dans le cas où notre homme remet en question la réalité de Hachem, alors ses Mitsvoth n’auront pas de valeur car cela ressemble à l’homme qui sonne du Chofar en pensant que c’est un clairon comme dans « Tintin en Amérique » ! (On ne parle pas du cas d’un homme qui a lu par exemple un roman à deux sous (en prenant son train/avion) ou qui a vu sur son Smartphone un petit feuilleton qui lui a fait tourner la tête sur le moment. A cette catégorie de personne on préconisera d’aller voir un rav qui l’aidera à sortir de ses doutes. Mais il s’agit d’un homme qui remet en cause les fondamentaux du judaïsme, ce qui est bien plus grave!).  Cependant, il y a lieu de rapporter une Guemara qui semble dire différemment. En effet, le Talmud dans Chabbath enseigne: « Même si la génération était fautive comme celle d’Enoch – quelques générations après Adam durant lesquelles ils commencèrent à s’adonner au culte idolâtre – continue la Guemara : Si cette génération  pratique le Chabbath dans toutes les règles de l’art (en apprenant les nombreuses lois) alors malgré tout cette génération recevra le pardon pour ses fautes ! » Donc on voit que même si on pèche par l’idolâtrie, il reste que certaines Mitsvoth gardent de leurs impact et apportent l’expiation des fautes ! On laissera nos lecteurs cogiter sur la question mais on pourra proposer une réponse: un homme n’est pas fait que d’une seule matière, il a des hauts et des bas ! Peut-être que la Guemara parle d’hommes faisant de l’idolâtrie mais qui pourtant avaient certains élans de sainteté et de droiture d’esprit. Par rapport à ces moments de lucidités ils recevront un mérite pour leurs Mitsvoth. Un peu comme ces invétérés des cercles libéraux à Paris (ou ailleurs) qui prônent d’aller à la synagogue le Chabbath en voiture ou encore qui acceptent volontiers  des femmes cantatrices lisant à la Tora… Mais d’un autre côté notre adepte aura une petite faiblesse pour les cours du rav Ben Chétrit Chlita ou pour un cours audio du rav Heyman Chlita et les écoutera avec intérêt lors d’embouteillages à Paris. D’après cette Guemara – »Même si la génération est fautive comme celle d’Enoch… » ces auditeurs recevront leurs salaires pour le temps passé à écouter ces bons cours… A cogiter…

Est-ce qu’on est venu pour réparer les boutons de chemises?

Cette semaine comme on a parlé de Emouna/foi et du rav Wasserman, on s’est dit qu’il serait très intéressant de faire partager au public cette anecdote très édifiante (peut-être que certains s’en rappellent encore, mais comme disent les Roch Yechivoth : « C’est très bien de faire une révision des classiques… »).  Il s’agit de cet illustre rav El’hanan. En plus de sa fonction de donner les cours de Tora aux élèves, il s’occupait de ramasser des fonds pour la Yechiva. Comme la situation financière n’était guère brillante, il partit jusqu’à la lointaine Amérique pour essayer de remonter la situation (les Roch Yechivoth vont par de là les océans pour que le Clall Israël ait droit à une part dans la Tora étudiée dans leurs institutions). A l’époque, le voyage n’était pas aisé: il fallait prendre le train jusqu’à Hambourg, puis emprunter le paquebot destination… New York. Pas moins de 3 semaines de voyage ! Mais, que ne fait  pas un Roch Yechiva pour la Tora?

Une fois, il arriva en Amérique et fut hébergé par des anciens amis et élèves de Branovitch. Le travail de récolte des fonds commença ! Cependant malgré le déroulement des semaines et le travail fait, la situation du compte bancaire de la Yechiva restait désespérément  en dessous de tous les pronostics. L’argent ne venait pas !

Une fois, un élève du rav lui dit qu’il avait une bonne nouvelle ! Il a pris contact avec le richissime Mister Jacob, un des juifs le plus riche du pays, qui possède une grande manufacture de vêtements ! Seulement, il y avait deux problèmes: 1° il s’est complètement détourné de tout judaïsme et de deux, c’est un grand pingre ! Le rav El’hanan s’enquerra de l’identité de ce Jacob, d’où vient-il? Après une courte enquête, il s’avère que dans la petite enfance, le Roch Yechiva et ce Mister Jacob ont étudié ensemble dans le même Talmud Tora ! A l’époque il s’appelait Yanquélé. Aussitôt l’identité du riche établit, le rav El’hanan dit de suite à son élève de convenir d’un rendez-vous. L’élève, connaissant l’avarice de ce Jacob, refusa de l’appeler. Cependant, la persuasion du Roch Yechiva se fit prévaloir, et voilà qu’on arrive à joindre nôtre individu. Bonne surprise ! Au téléphone, Mister Jacob est ravi de l’idée et de suite, envoie un taxi. Rav El’hanan et son élève montent dans la voiture, et arrivent promptement devant le haut building de la société de Jacob. Après avoir demandé à la réception de voir le boss, ils sont tous deux conduits jusque chez le patron. A la vue de rav El’hanan, Jacob se lève et le salut très chaudement : »Cholom Aleikhem reb Onki! » En effet, dans les petites classes, rav Elhanan avait pour diminutif Onki. Passées les salutations, Jacob fait visiter au rav El’hanan sa splendide entreprise de vêtements, les différentes salles de travail, les énormes machines etc. De retour au bureau, les deux  parlent de la lointaine Lituanie. A la fin de cet échange de paroles, Jacob demanda à son ancien ami la raison de sa venue. Le rav El’hanan répondit qu’il avait besoin de recoudre les boutons de son manteau qui étaient très fragiles. Aussitôt dit, Jacob appelle son ouvrier spécialisé afin de renforcer la couture, et au bout de quelques minutes, l’ouvrier, tout fier de son travail, remet le manteau au rav El’hanan. Sur ce, le rav reprend un taxi: direction la maison de son hôte. A peine arrivé, qu’il reçoit un coup de fil : au téléphone, Jacob, lui redemande cette fois-là avec un peu plus d’empressement la vraie raison de son déplacement jusqu’à New York ? Là encore la réponse du Roch Yechiva fusa de la même manière: pour réparer les boutons de son manteau ! Et les deux raccrochent !

Le lendemain un taxi attend rav El’hanan à sa porte, il est dépêché par le grand boss  pour faire venir à nouveau le rav El’hanan à sa firme. Là encore, le Roch Yechiva aura une courte discussion avec le magnat Jacob: « Oui, oui « c’est bien pour réparer mon manteau. Et comme tu dois le savoir, en Lituanie, le froid est tellement grand qu’il faut bien être chaudement habillé! Merci pour tout « By »! Fin de la deuxième entrevue et retour à la maison.

Le surlendemain le téléphone sonne de très bonne heure dans la maison de l’hôte de rav El’hanan. Au bout du fil c’est Jacob mais cette fois, sa voix est méconnaissable. Et pour cause, il lui dit au bout du fil qu’il n’a pas dormi de la nuit: ‘De deux choses l’une, soit je suis fou soit c’est le Roch Yechiva… On ne fait pas 8000 km de la lointaine Lituanie vers l’Amérique pour réparer ses boutons ! Ça, on ne peut pas me le faire avaler ! Un homme normal ne dépense pas des milliers de dollars pour la retouche de son habit !’ Après ces paroles, rav El’hanan répondit tout calmement: « Si, si, j’ai bien fait tous ce voyage pour réparer mon manteau… » Puis raccroche.

Le 3° jour, de bon matin on frappe à la porte de la maison où réside le Roch Yechiva. A la porte, ce n’est pas moins que le milliardaire Jacob qui a les yeux tout rouges de ne pas avoir dormi deux nuits consécutives. A nouveau il demande, supplie le rav El’hanan: « Ce n’est pas possible qu’on vienne en Amérique pour des boutons de manteau ! » Cette fois le rav El’hanan répond de manière magistrale:‘ Tu as RAISON Jacob, un homme ne vient pas en Amérique pour les boutons de sa veste ! Mais dis-moi, Reb Jacob, ton âme qui descend tout droit du trône divin qui est situé à des millions de km de la terre ! Dis-moi, est-ce que tu trouves normal que cette âme qui a fait tant de Kilomètres pour venir sur terre, s’occupe uniquement de BOUTONS DE CHEMISES TOUTE LA JOURNEE ! Est-ce que c’est normal ? Tu as bien compris que je ne peux pas être venu d’Europe pour juste des boutons et toi, qu’est-ce que tu fais pour ton âme ?’ La réponse de rav El’hanan sortait tout droit de son cœur et alla tout droit dans le cœur de Mister Jacob… Sans dire mot, il repartit chez lui, et au fond de lui s’est rallumée une petite braise de son âme, qui petit à petit a répandu sa lumière à tout le reste de sa personne. Voilà que Mister Jacob est redevenu le Yankélé du schtel (bourgade) de Lituanie. Fini de passer son temps à amasser des millions, voilà que Yankélé reprend le chemin de la shoule et aussi d’ouvrir son porte-monnaie à toutes les bonnes causes de la communauté ! Il a compris la leçon magistrale qu’un homme ne vient pas sur terre pour faire des boutons à longueur de journée ! Bravo !

Et pour nous, c’est aussi de réfléchir : comme ce Jacob,  si vraiment on est venu sur terre pour faire du business ou bien autre chose? Quel est le but de ce grand voyage? Qu’en dites-vous? (pour ceux qui ont des bonnes réponses, on se fera un plaisir de les diffuser prochainement…)

Coin Halakha: Lorsqu’un gentil allume la lumière pour sa propre utilisation, on pourra en profiter (Chabbath). Pareillement dans le cas où il allumera de la lumière (ou fera toute autre travail interdit) dans une pièce où se trouve une majorité de gentils, on pourra en profiter car on considérera qu’il l’a fait pour la majorité de la population. Mais dans le cas où la majorité est de la communauté (ou même moitié-moitié) tant que l’on n’est pas certain qu’il a fait l’allumage pour lui : ce sera interdit d’en tirer profit.

Chabat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.

David Gold  sofer écriture Askhenaze , écriture Sefarade –mezouzoth- tephilines –birkat habait

On souhaitera une grande bénédiction dans tout ce qu’entreprend  notre ami et lecteur assidu Gérard Cohen ainsi qu’à son épouse (Paris) et toute la famille. Hatslah Raba!!
Une autre grande bénédiction pour Rafaële Frima Guitel Bat Sima dans tout ce qu’elle entreprend et la santé ainsi que ses enfants.
On priera pour la santé de Yacov Leib Ben Sara, Chalom Ben Guila parmi les malades du Clall Israel.
Pour la descendance  d’: Avraham Moché Ben Simha, Sarah Bat Louna; et d’Eléazar Ben Batchéva
Léilouï Nichmat: Joseph/Yossef Ben  Romane,Réuven David Ben Avraham Naté, Dora Dvora Bat Sonia, Simha Bat Julie, Moché Ben Leib; Eliahou Ben Raphaél; Roger Yhïa Ben Simha Julie; Hanna Clarisse Bat Mercedes; Yossef Ben Daniéla תנצבה que leurs souvenirs soient sources de bénédictions.

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