Face à une politique pro-israélienne sans nuance du président américain Donald Trump, le Parti démocrate aux États-Unis peine à trouver sa place concernant ses relations avec l’État hébreu. L’Orient-Le-Jour a interrogé Jacques Berlinerblau, directeur du Program for Jewish Civilization à Georgetown University, sur l’évolution de la rhétorique du Parti démocrate concernant Israël, l’impact que cela aura sur le vote juif et un éventuel changement dans la politique américaine.
Y a-t-il un risque que ce déplacement vers la gauche du Parti démocrate vis-à-vis d’Israël puisse affecter le vote juif ?
Pensez-vous que la politique américaine envers Israël sera un sujet de débat important lors de l’élection présidentielle de 2020 ?
Oui, certainement. L’ancienne génération de dirigeants démocrates défend une évaluation très positive d’Israël. Même lorsqu’ils critiquent Israël, ceci se fait avec beaucoup de sympathie, c’est une critique très intéressée en ce qui concerne l’avenir de l’État hébreu. La jeune génération ne partage pas cette même politique. Leurs critiques à l’égard d’Israël sont beaucoup plus vives et sévères, et se rapprochent de la rhétorique anti-israélienne. Cette jeune génération de progressistes est précisément celle à laquelle la communauté juive américaine et des groupes comme l’Aipac doivent réfléchir très attentivement.
À quoi attribuez-vous cette évolution ?
Tout d’abord, on constate que la tension qui a existé dans la relation de l’ancien président Barack Obama avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rendu difficile à cette nouvelle génération de démocrates d’identifier Israël comme étant un État démocratique libéral. Le discours de M. Netanyahou devant le Congrès en 2015 a par exemple été un moment décisif. À ceci s’ajoute aussi l’enthousiasme qu’exprime le président Donald Trump envers la politique israélienne droitiste de M. Netanyahou. Ce soutien total de M. Trump envers M. Netanyahou est clairement en train d’aliéner les jeunes progressistes face à la politique étrangère actuelle des États-Unis à l’égard d’Israël.
Quelle politique pensez-vous qu’un nouveau président démocrate plus critique à l’égard d’Israël pourrait inverser ou poursuivre ?
Tout commencera par un changement de ton. Le ton actuel entre Israël et les États-Unis au niveau de leurs gouvernements est en ce moment tout à fait cordial. Sous l’administration Obama, il y a eu des frictions saines. J’envisage qu’un nouveau gouvernement américain pourrait tendre la main de manière plus enthousiaste à des groupes palestiniens en Israël et dans le monde entier. Je doute qu’il y ait un retour en arrière concernant l’installation de l’ambassade américaine à Jérusalem, mais ce n’est pas impossible. De plus, les dons financiers et le soutien militaire à Israël vont certainement diminuer.
Source www.lorientlejour.com