Analyse : Tel al-Hara, qui domine la partie syrienne du Golan, a été utilisé par les Iraniens et le Hezbollah pour surveiller les mouvements de Tsahal et planifier des attaques jusqu’à ce que la Russie parvienne à un accord pour tenir éloignés les éléments étrangers. Mais cet accord semble être tombé en désuétude et maintenant, Damas accuse Israël de l’attaque au missile
Tel al-Hara, qui, selon la Syrie, a été attaquée mardi soir dans la nuit par Israël, est un volcan éteint de 1,1 km de haut qui domine le versant syrien du plateau du Golan, tout comme Tel Fares et le mont Avital en territoire israélien.
C’est le point culminant de la région, permettant l’observation visuelle et électronique jusque loin sur le territoire israélien. Tel al-Hara est, depuis des décennies, une base de renseignement pour l’armée syrienne et d’autres éléments tels que l’Iran et la Russie, qui opèrent sous le patronage de la Syrie. La zone environnante est une zone militaire fermée.
Tout au long de la guerre civile en Syrie, les rebelles se sont emparés de la colline, puis le Jabhat al-Nusra, une branche d’Al-Qaïda, l’a reprise. Une fois sous leur contrôle, ils ont présenté des documents émanant des agents de renseignement russes et iraniens (des gardiens de la révolution) qui s’y trouvaient auparavant.
Les Russes et les Iraniens – alliés du président syrien Bashar Assad – utilisaient ce site pour observer les positions des rebelles dans la région de la ville de Daraa, près de la frontière jordanienne, et sur le Golan syrien.
À la fin de 2018, l’armée syrienne – avec la médiation russe – a pris le contrôle de la région, y compris Tel al-Hara. Selon l’accord conclu avec les Russes, seule l’armée syrienne est autorisée à rester dans la région, tandis que le Hezbollah, l’Iran et les milices chiites opérant pour son compte devaient être repoussés à au moins 80 km à l’est de la route Damas-Daraa, qui passe proche du “Tell” (la colline).
L’accord était initialement respecté et seule l’armée syrienne utilisait le tell. Cependant, il n’est pas inconcevable qu’il soit également utilisé maintenant par des éléments étrangers qui s’y sont retranchés – principalement le Hezbollah, mais également les Iraniens et les milices chiites.
Il est juste de supposer que le Hezbollah, les Iraniens et leurs supplétifs à Tel al-Hara ont l’intention de s’en servir pour recueillir des renseignements à diverses fins : faciliter les infiltrations futures en territoire israélien et les attaques contre des cibles civiles et militaires; viser des missiles, des roquettes et de l’artillerie; surveiller les activités des FDI et de l’IAF ainsi que les déploiements qui pourraient indiquer si Israël planifiait une opération susceptible de perturber les plans de l’Iran et du Hezbollah.
Il est également juste de supposer que Tel al-Hara est redevenu une base de renseignement à partir de laquelle attaquer Israël et rassembler des informations sur les déploiements de Tsahal.
L’attaque de mardi soir n’était qu’une question de temps. Israël avait annoncé à plusieurs reprises qu’il ne permettrait pas la consolidation d’un front radical chiite dirigé par l’Iran en Syrie. L’attaque a peut-être aussi servi à rappeler aux Russes de veiller à ce que les interprétations médiatisées soient respectées. Sinon, Israël devrait régler le problème lui-même.
Des unités de la police militaire russe sont stationnées du côté syrien des hauteurs du Golan, qui pourraient facilement vérifier les faits sur le terrain à Tel al-Hara. Les Russes ont tout intérêt à le faire, compte tenu de la concurrence féroce qui règne récemment entre Moscou et Téhéran pour le contrôle de la Syrie une fois la guerre terminée.
L’attaque de nuit a fait suite à plusieurs incidents au cours des deux dernières semaines. La semaine dernière, les systèmes de Tsahal ont détecté plusieurs missiles anti-aériens tirés de Syrie, et la Syrie a annoncé il y a 10 jours que des missiles avaient été tirés sur l’aérodrome militaire T-4 près de Homs.
Le ministère de la Défense à Damas a annoncé à l’époque qu’Israël était responsable de l’attaque de l’aéroport, dans laquelle la Syrie avait intercepté deux missiles. Le site contient des entrepôts appartenant aux Gardiens de la révolution iraniens et se trouve dans une zone où les médias étrangers ont précédemment signalé des attaques par Israël.
La nuit précédant l’attaque de l’aéroport, Tsahal a frappé la Syrie après que deux roquettes ont été tirées sur le mont Hermon, du côté israélien du Golan. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, Tsahal comptait notamment deux batteries d’artillerie syriennes, plusieurs postes d’observation et de renseignement sur le Golan et un système de défense aérienne SA-2.
Au moins 10 soldats et miliciens auraient été tués, dont sept ressortissants étrangers lors d’une attaque au sud de Damas et trois soldats et officiers syriens auraient été tués lors d’une attaque dans la région de Quneitra.
Adaptation : Marc Brzustowski