Les visages des victimes du massacre d’Ascq, leurs noms et une sentence : « Pas de repos pour le criminel de guerre nazi Karl Münter ». Un groupe antifasciste allemand a manifesté devant le domicile de l’ancien SS, à Nordstemmen, le 30 mars. Ils entendaient ainsi dire que « les victimes du massacre d’Ascq ne sont pas oubliées ».
Dans un long communiqué envoyé à la mairie de Villeneuve d’Ascq, les Allemands ont accompagné les photos de ces propos:« Punition des coupables nazis, indemnisation de toutes les victimes des nazis ! ».
Ils ont cité aussi le philosophe résistant Vladimir Jankélévitch :« L’impulsion naturelle d’un homme de coeur est de se révolter et de lutter avec passion contre l’oubli et de persécuter les criminels jusqu’aux extrémités de la terre », comme l’avaient promis les juges alliés de Nüremberg ». Concluant leur propos de ces mots : « Nous espérons que le vieillard nazi se terre de crainte sous son lit ».
Selon Sylvain Calonne, président de la société historique de Villeneuve d’Ascq, les familles de victimes ont diversement apprécié la manifestation, craignant de faire de l’ancien SS une victime. En outre, le procédé serait, pour elle, un peu trop semblable à celui utilisé par les nazis…
Qui est Karl Münter ?
Karl Münter, 96 ans, déjà jugé pour sa présence lors du massacre d’Ascq, avait témoigné dans une vidéo récemment, qui a fait grand bruit. Il n’exprimait aucun regret. S’il ne peut plus être poursuivi pour le massacre, en France, il s’expose à des sanctions pour les propos négationnistes qu’il a tenu lors de ce reportage.
En avril 1944, 86 civils sont tués à Ascq par les SS. Dans la nuit du 1er au 2, alors que la France est encore occupée, un groupe de résistant fait dérailler un train avec à son bord 400 soldats allemands de la 12e division Panzer SS « Hitlerjugend« . Il n’y aura aucun blessé mais les nazis n’attendront pas pour mener des représailles aveugles. 86 hommes de 15 à 76 ans sont raflés et fusillés dans les rues. C’est l’un des pires massacres de civils en France, durant la Seconde guerre mondiale.
Condamné à mort par contumace en 1949, l’ex-SS arrive à fuir la France et ne peut être rejuger a posteriori pour ces mêmes faits. Une question de droit complexe à comprendre, mais pour ce groupe antifasciste, il n’y a pas de prescription.
L’homme présenté dans le reportage Panorama récent, signe des autographes à des néo-nazis et nie l’holocauste… Pour tous ces propos, il sera poursuivi.