Les insultes sont violentes : « Sale sioniste de merde », « bâtard », « grosse merde », « nique ta mère »… Le philosophe Alain Finkielkraut, pris à partie ce samedi après-midi par des Gilets jaunes à Paris, raconte avoir été ciblé en raison de ses positions vis-à-vis d’Israël mais dit ne pas avoir entendu l’insulte de « sale Juif ». Il a notamment reçu un appel de soutien d’Emmanuel Macron.
Quelles sont les insultes que vous avez entendues ?
J’entendais très mal mais il y avait des cris de haine, comme « Finkie jette-toi dans le canal », « sale sioniste », ou des insultes en lien avec la Palestine. J’ai eu droit à des gens qui me disaient « taisez-vous », rappelant ce que j’avais crié dans une émission. Je n’ai pas entendu « sale Juif » [Contrairement à d’autres, à l’instar de Benjamin Griveaux, qui semblent avoir entendu cette insulte et la rapportent sur les réseaux sociaux, NDLR].
Pour quelles raisons avez-vous été ciblé, d’après vous ?
Il y a chez eux un sentiment d’hostilité très fort à l’égard des Juifs et je paie ma notoriété. Ils visaient avant tout mes liens et mes positions sur Israël [le philosophe a plusieurs fois dit partager l’attachement à Israël de tous les Juifs, même s’il critique Benjamin Netanyahou, NDLR].
Qui étaient-ils, d’après vous ?
C’est un groupe de gens politiquement difficilement situables, me semble-t-il un mélange de gens des banlieues, de l’extrême gauche et peut-être aussi des soraliens [fans du polémiste Alain Soral NDLR]. Ça m’étonnerait que ce soient des Gilets jaunes d’origine car je suis un des seuls intellectuels à avoir soutenu le mouvement à ses débuts, en pointant qu’il y avait une grande incompréhension par rapport à cette France des méprisés. Je pense que je n’aurais pas subi ce même genre d’insultes sur les ronds-points. J’ai été obligé de fuir de peur qu’ils me cassent la gueule et je pense que ça aurait pu mal tourner mais je n’ai pas été traumatisé, car un cordon de police s’est vite interposé.
De nombreuses personnalités, dont le chef de l’Etat, ont réagi. Cela vous étonne-t-il ?
Je ne pouvais pas imaginer que cela provoquerait autant de réactions. En plus, je ne pensais pas que c’était filmé et que ça allait être diffusé. J’ai été inondé de coups de fil de soutien et des personnalités m’ont contacté. Emmanuel Macron m’a appelé pour me soutenir et me dire son soutien. Je ne le connais pas bien, j’étais très étonné car il m’est arrivé de le critiquer, mais j’ai été touché. Les ministres Jean-Michel Blanquer et Christophe Castaner m’ont aussi téléphoné.
Allez-vous porter plainte ?
Non je ne vais pas porter plainte, ça pourrait en valoir la peine mais ce ne sera sans doute pas la dernière fois que cela m’arrive. Il ne faut pas trop en faire non plus, j’ai l’impression que beaucoup de gens ont été plus traumatisés que moi et que les images leur ont fait plus peur qu’à moi. Encore une fois, je n’entendais pas bien les insultes et ça s’est passé très vite.