Les rapports sur les activités des forces spéciales israéliennes dans la région jettent une lumière sur les efforts de l’État juif pour contrecarrer les ambitions expansionnistes et nucléaires de Téhéran, mais dans quelle mesure cela est-il réellement vrai?
Les forces spéciales israéliennes utiliseraient une base militaire américaine en Afghanistan pour surveiller et collecter des informations sur les activités iraniennes dans le golfe Persique. C’est ce que dit une agence de presse iranienne. Les troupes opéreraient avec l’approbation de Kaboul depuis une installation de l’US Air Force dans l’ouest de l’Afghanistan, située à environ 45 milles (72 km 500) de la frontière iranienne.
Un expert israélien de la défense cité par l’agence de presse russe Spoutnik, affirme que Jérusalem coopère également avec des pays d’Asie centrale tels que le Kazakhstan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan, afin de contrecarrer l’expansionnisme de l’Iran.
Cette révélation a eu lieu un jour après que les médias britanniques ont annoncé que les agences d’espionnage israéliennes, américaines et britanniques avaient coopéré à l’exfiltration d’un scientifique nucléaire iranien de Téhéran, qui avait ensuite obtenu l’asile en Amérique, en échange de précisions sur le programme nucléaire iranien.
L’homme non identifié aurait d’abord été introduit clandestinement en Turquie par le Mossad israélien, avant de se rendre par la mer à Londres, dans l’obscurité, aux côtés de 12 migrants iraniens au début de l’année. Une fois sur place, le scientifique a fourni des informations sur les progrès nucléaires des mollahs depuis la signature de l’accord sur l’énergie nucléaire en 2015 avec les puissances mondiales et a pris son vol vers les États-Unis.
Il est notoire que les forces de défense israéliennes ont mené des milliers de frappes contre des atouts iraniens en Syrie, mais l’armée intervient également dans d’autres pays pour empêcher le régime iranien de créer un corridor terrestre s’étendant de Téhéran à Beyrouth permettant de faire passer en contrebande des armes et des équipements ou créer des avant-postes opérationnels. L’une des principales raisons de l’entraînement à l’étranger est de simuler les conditions difficiles qui règnent dans le sud du Liban, par exemple, où des soldats israéliens sont susceptibles de se déployer en cas de guerre future avec le Hezbollah.
“Il est difficile de croire tous les détails dans les rapports sur le scientifique iranien, étant donné qu’il aurait été emmené en Grande-Bretagne par bateau avec d’autres réfugiés alors que la CIA dispose de plus d’avions que de nombreux transporteurs nationaux. En ce qui concerne l’Afghanistan, l’histoire semble également embellie”, a déclaré l’ancien agent du Mossad, Gad Shimron, au Media Line. “Cela dit, tout est possible, mais l’avantage d’être journaliste est que vous pouvez publier n’importe quoi sur les espions israéliens et que personne ne le niera.”
En effet, certains soutiennent que les reportages font partie d’une campagne de désinformation visant à nuire ou à dissuader Israël, qui, selon l’estimation de Shimron, est aggravée par une couverture médiatique disproportionnée sur Jérusalem, car il est “sexy” d’attribuer la responsabilité d’une opération à l’État juif.
“Tout le monde civilisé est engagé dans cette guerre clandestine, car la crainte de voir l’ayatollah toucher le bouton” rouge (nucléaire) “est largement répandue. Mais comparé à la CIA et au MI6, Israël ne fait pas grand-chose en Iran. Néanmoins, ajoute-t-il, le Mossad effectue souvent des missions comme celle de l’année dernière qui a permis de récupérer le trésor de documents nucléaires iraniens.
D’autres encore postulent que les derniers rapports contiennent des éléments valables, certains affirmant que certains récits pourraient même avoir été divulgués par Israël et ses alliés en guise d’avertissement à la République islamique.
“Habituellement, les comptes-rendus ont une base factuelle, mais ils divergent ensuite car chaque correspondant n’a que des détails limités et en fait ce qu’il en détermine”, a déclaré Mishka Ben-David, un autre ancien agent du Mossad. “Il y a des avantages et des inconvénients à cela. D’un côté, il y a l’impact positif de démontrer les capacités d’Israël, cependant, en même temps, le faire savoir au grand jour en fait prendre conscience à ses ennemis.
“Selon la plupart des évaluations”, a-t-il déclaré, “le Mossad est très impliqué dans le sabotage de l’Iran et a réussi à retarder son projet nucléaire de dix ans, sans toutefois le prévenir indéfiniment“.
Si les rapports contiennent un minimum de vérité, ils ouvrent une petite fenêtre sur la «guerre entre guerres» opposant la République islamique à l’État juif, ce dernier ayant été impliqué dans les assassinats d’au moins quatre scientifiques nucléaires iraniens. Conjointement avec Washington, on croit qu’il a développé le virus informatique Stuxnet qui a entravé considérablement le programme atomique de Téhéran au début de la décennie.
De leur côté, les supplétifs iraniens dans la bande de Gaza (Hamas et Jihad islamique) et au Liban (Hezbollah) continuent de représenter une menace importante pour Israël, les Iraniens cherchant à établir une présence militaire permanente en Syrie à partir de laquelle ils pourraient ouvrir un troisième front en Israël, lors du prochain conflit.
Tout cela, dans l’intervalle, s’inscrit dans le contexte de l’abandon par Jérusalem de sa politique de longue date consistant à ne ni confirmer ni infirmer les opérations militaires à l’étranger, en particulier celles dirigées contre l’Iran en Syrie.
Il se peut donc que les institutions politiques et de défense israéliennes prennent des mesures progressives pour sortir les dossiers du placard, pour ainsi dire, afin de bien faire comprendre à Téhéran les efforts que l’État juif déploiera pour assurer sa pérennité. Et que l’Iran ferait mieux de ne jamais menacer son existence.
Article écrit par Charles Bybelezer.
Adaptation : Marc Brzusowski