- Anna Cabana
- Hervé Gattegno
Philippe Val n’était plus le directeur de Charlie quand les sinistres frères Kouachi ont surgi pour venger le dieu qu’il prétendaient servir. Mais il était de ceux qui, dix ans plus tôt, avaient choisi de publier les caricatures que les islamistes jugeaient impies. Tel Salman Rushdie, condamné il y a trente ans à vivre caché pour avoir moqué un mollah, son crime est d’avoir poursuivi depuis lors le combat pour les mots, les dessins, le rire, tout ce qui forge la liberté d’expression. La dérision contre la déraison. La fermeté contre la fermeture. L’esprit des Lumières contre la folie de l’obscurantisme.
Tout ce qu’il dit n’est pas parole d’Évangile mais il a le droit de le dire sans être voué à l’enfer, et sans risquer sa peau. Philippe Val ne veut pas se faire plaindre, il veut nous alerter. Son témoignage place sous nos yeux la lâche acceptation de ce qui est inacceptable ; c’est pourquoi il est glaçant. Il nous rappelle aussi qu’à travers le monde et jusque dans les rues de France, la haine des autres gagne chaque jour du terrain ; c’est pourquoi il est brûlant. »…